L'étude prospective publiée par la Direction générale des entreprises de Bercy pèse lourd. Et ce ne sont pas seulement ses 640 pages qui en font le poids mais surtout les milliards d'euros que représentent les marchés visés. Publiée tous les cinq ans, elle se veut un guide opérationnel pour les entreprises. « Technologies 2020 identifie les opportunités et les acteurs clés de nos écosystèmes d’innovation et formule des recommandations pour favoriser le déploiement de ces technologies, tout particulièrement au sein des PME », résume Emmanuel Macron dans la préface.  Et pour qu'en effet, le document soit lisible et utile, chaque technologie est présentée sous la même forme. « Notre démarche nous a conduit dans un premier temps à identifier et à comprendre les besoins des nouveaux usages et les nouveaux marchés pour, dans un deuxième temps, sélectionner les technologies nécessaires à leur comblement. L’ensemble des fiches relatives aux technologies clés mettent en avant les principaux acteurs français et comportent également un volet synthétisant les forces, faiblesses, opportunités et menaces en regard de la concurrence internationale. Elles se concluent par un jeu de recommandations opérationnelles », explique Philippe Varin, le président du Comité stratégique mis en place pour mener à bien l'étude. Les obstacles techniques du recyclage des métaux critiquesLa technologie Recyclage des métaux critiques et terres rares, la France est jugée en position de leadership sur un marché émergent encore mal évalué mais qui laisse présager une montée en puissance des activités de recyclage à l'horizon 2020. L'étude identifie plusieurs verrous sur le plan technique. D'abord en amont, la dispersion des gisements freinent la mise en place de filières de collecte structurées. Au niveau du tri, la mesure de la teneur en matériaux critiques reste un enjeu de taille, et lors du traitement, la complexité des mélanges est une vraie difficulté. Autre point important : le déficit de compétences. Il n'y a pas en effet en France de formation sur les terres rares. Et si il existe bien des unités de recyclage des métaux critiques sur le territoire et des entreprises de premier plan au niveau mondial, les obstacles au développement sont bien réels. D'où la recommandation aux pouvoirs publics de soutenir la structuration de filières de recyclage et de renforcer les soutiens à la R&D, et aux entreprises « d'engager une réflexion coût-bénéfice pour identifier les métaux à haut potentiel de marché ».Les défis technologiques de la gestion intelligente de l'eauLa gestion intelligente de l'eau est identifiée comme un marché mondial en forte progression sur lequel la France dispose d'atouts solides comme l'implantation internationale de ses grands groupes mais les acteur hexagonaux sont pourtant classés dans la moyenne dans la compétition mondiale. Les défis technologies sont nombreux comme l'amélioration de la collecte du traitement des données. Ainsi « si la mesure de la quantification de l'eau est globalement maîtrisée, celles des paramètres liés à sa qualification est encore en voie de perfectionnement ». L'étude pointe aussi la non compatibilité des solutions : « les systèmes d'informatique décisionnelle ne sont pas toujours compatibles avec les équipements de mesure/contrôle utilisés directement sur le terrain ». Elle relève aussi l'enjeu croissant de la sécurisation des données. Elle engage donc les  pouvoirs publics à engager une réflexion sur les verrous réglementaires du Big Data, et les entreprises à valoriser des références solides fondées sur des analyses coûts/avantages pour convaincre les investisseurs publics et privés.Le marché prometteur de la dépollution des solsEnfin le traitement des sols pollués est un marché jugé en croissance dans le monde sur lequel la France s'inscrit parmi les leaders tant par son tissu d'entreprises spécialisées que par ses structures de recherche. Le marché français devrait continuer à progresser de 4 à 7 % par an entre 2015 et 2020 grâce à la loi Alur mais aussi grâce au marché prometteur de la gestion des boues de curage et de dragage. Parmi les défis à relever : le perfectionnement des techniques de diagnostic et la diminution de l'impact environnemental des traitements qu'il s'agisse de la maîtrise des consommations d'énergie ou de la réutilisation des terres traitées. L'étude identifie des opportunités intéressantes à l'international en particulier. Elle recommande aux pouvoirs publics de soutenir les technologies de dépollution émergentes comme la phytoremédiation par exemple, et aux entreprises de réfléchir à des voies de diversification comme l'a fait Veolia sur le traitement des déchets radioactifs.