Si tout le monde a entendu parler du langage des fleurs désormais un peu oublié, Air normand veut diffuser largement Le langage des nez, une méthode d'identification des odeurs mise au point avec la société Osmanthe. Les odeurs sont depuis longtemps une préoccupation de cette association agréée de surveillance de la qualité de l'air (Aasqa) qui a réalisé pendant un an en 1989-1990 une première étude d'envergure sur la gêne olfactive avec 400 habitants bénévoles riverains de sites industriels. En 1997, Air normand utilise un premier référentiel à la demande de la commune de Grand-Couronne (Seine-Maritime) interpellée par ses habitants sur les odeurs émanant d'une usine de trituration de colza. La résolution du conflit par la formation d'un réseau de nez, puis l'installation par l'industriel d'un biofiltre fait boule de neige. Air normand contribue alors à la multiplication de réseaux de nez qui s'affrontent même lors d'une compétition annuelle Les nez d'or. Un nouveau référentiel plus adaptéAprès plusieurs années d'utilisation, l'Aasqa audite la méthode utilisée auprès des partenaires locaux notamment industriels. « Si l'efficacité de la méthode est reconnue, la lourdeur de l'apprentissage, 72 heures, est vraiment pointée du doigt », résume Céline Léger, chargée d'études à Air normand. C'est pourquoi, l'Aasqa passe commande à la PME qui avait élaboré le premier référentiel, une nouvelle version plus légère capitalisant les connaissances acquises. C'est ainsi qu'est né Le langage des nez. « À partir des 70 profils olfactifs d'usines déjà réalisés, c'est-à-dire le paysage olfactif de la zone industrialo-portuaire, nous avons construit un socle odorant de base composé de 24 référents olfactifs. Il peut être complété par des zooms sectoriels selon la nature des industries implantées. Nous en avons développé trois, sur la chimie et pétrochimie, l'agroalimentaire et les eaux usées et traitement des déchets », explique la chargée d'études. Former des formateursLa volonté d'Air normand est de diffuser largement ce référentiel et de le mettre à la disposition du plus grand nombre à travers la France, des habitants, des associations, des bureaux d'études et des entreprises. « Notre objectif est de former en 2016 environ 60 à 70 nez, mais nous souhaitons surtout construire un réseau de formateurs. Nous espérons en former six cette année. Le protocole d'apprentissage et le contrat de licence de marque sont en cours de rédaction. Si la licence est gratuite, nous souhaitons encadrer l'utilisation et la promotion du référentiel », précise Céline Léger. L'existence d'un référentiel solide et éprouvé suscite l'intérêt des autres associations de surveillance de la qualité de l'air qui ne manquent pas d'idée. Ainsi, Atmo Picardie a développé l'application Odo avec une version grand public et une autre pour les réseaux de nez. Elle permet de signaler en temps réel une odeur à partir d'un ordinateur ou d'un smartphone. Ce signalement alerte le réseau de nez concerné qui va faire une olfaction, entrer à son tour ses données qui, une fois croisées avec la météo, va permettre d'identifier la source d'émission de l'odeur.DB