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POLLUTIONS

Les émissions mondiales de CO2 continuent d’augmenter en 2018

PUBLIÉ LE 5 DÉCEMBRE 2018
EVA GOMEZ
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Les émissions mondiales de CO2 continuent d’augmenter en 2018
Ce mercredi 5 décembre, le consortium scientifique Global Carbon Project publie ses prévisions concernant les émissions globale de carbone. En 2018, les émissions mondiales devraient augmenter de 2,7 % par rapport à 2017. Après trois années de stagnation, il s’agit de la seconde année consécutive de hausse.

Alors que la COP 24 a débuté le dimanche 2 décembre dernier à Katowice en Pologne, le Global Carbon Project publie ce mercredi 5 décembre les résultats annuels du Global Carbon Budget. Selon les prévisions de ce rapport, les émissions mondiales de CO2 vont augmenter de 2,7 % en 2018, avec un total de 37,1 gigatonnes de CO2 (GtCO2), contre 36,2 GtCO2 en 2017. « Entre 1990 et 2017, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 63 % », rappelle Philippe Ciais, directeur de recherche au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. Entre 2016 et 2017, les émissions avaient augmenté de 1,6 %.

Les émissions chinoises et américaines continuent de s’envoler

En cause de cette hausse : l’augmentation des émissions chinoises (+4,7 % environ en 2018), en majorité due à la forte consommation de charbon qui va de pair avec la croissance économique du pays. « Depuis 2013, les émissions chinoises stagnaient, et celles dues au charbon en particulier étaient en diminution », précise Corinne Le Quéré, climatologue et contributrice du Global Carbon Project. Les Etats-Unis voient également leurs émissions ré-augmenter après une légère baisse en 2017 : +2,5 % en 2018. Une augmentation « probablement liée à un hiver 2017-2018 rigoureux et à un été 2018 très chaud », soulignent les auteurs du rapport. L’Europe dans son ensemble reste en troisième place des plus gros émetteurs mondiaux. Mais ses émissions sont en constante baisse depuis plusieurs années. En 2018, elles devraient diminuer d’environ 0,7 %, notamment grâce à la baisse continuelle des émissions liées au charbon et à la tendance à la hausse des énergies renouvelables. « Depuis 2005, les émissions dues au charbon ont diminué de 30 % en Europe », rappelle Philippe Ciais. Concernant la France, « les émissions avaient diminué entre 2000 et 2007 mais elles ont augmenté de 2 % entre 2016 et 2017 ». Les chiffres par pays pour l’année 2018 devraient être annoncés prochainement.

Augmentation de l’utilisation de gaz et des émissions dues au pétrole

Par ailleurs, la consommation d’énergie basée sur le gaz naturel a augmenté de 8,4 % par an entre 2000 et 2017 en Chine, et de 2 % par an au niveau mondial. « Cette croissance rapide du gaz naturel en Chine est probablement liée à des politiques nationales de réduction de la pollution atmosphérique », estiment les auteurs. Cependant, après la transition du charbon au gaz, « il faudra très vite opérer une transition entre le gaz et les énergies renouvelables », remarque Philippe Ciais. Mais le rapport souligne une tendance à la hausse « plus surprenante » du pétrole : +1,4 % entre 2013 et 2017, « alors que le pic de consommation semblait atteint ». Cette augmentation est principalement liée à une croissance du transport. A noter également qu’en 2017, « les puits de carbone naturels mondiaux semblent avoir récupéré après une forte atténuation lors du phénomène El Niño de 2015-2016 ». Philippe Ciais rappelle à ce sujet que « les puits naturels absorbent environ la moitié des émissions globales ».

Toujours pas de pic de stagnation ?

« Pour ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique prévus dans l’Accord de Paris, il faut que les émissions atteignent un pic, puis qu’elles décroissent », explique Philippe Ciais. Après la stagnation des émissions constatée entre 2013 et 2016, « la forte croissance prévue en 2018 n’est pas un retour aux pics des années 2000, mais il est peu probable qu’il s’agisse du pic de stabilisation », souligne le directeur de recherche. Il ajoute cependant que « si les émissions sont toujours à la hausse, elles sont tout de même plus ou moins alignées avec les engagements des pays pour l’Accord de Paris ». Selon lui « on s’éloigne clairement des pires scénarios de +4 à 6°C établis dans les années 2000, mais on serait actuellement sur une trajectoire de +3°C à l’horizon 2100 ». Le chercheur souligne également que l’Union européenne a diminué ses émissions de 25 % entre 1990 et 2017 : « il reste beaucoup de chemin à faire pour atteindre l’objectif des - 45 % à l’horizon 2030. »
Flickr / DR
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