L’ONG environnementale Générations Futures a rendu public un rapport répertoriant la présence de pesticides perturbateurs endocriniens d’origine agricole dans les eaux de surface en France. Si les disparités entre les régions sont grandes, aucun département français n’est épargné.
Désireuse d’informer la population des risques qu’elle encourt, l’ONG Générations Futures vient de publier plusieurs cartes de France des eaux de surface (ruisseaux, rivières, fleuves, lacs, étangs, etc.) suspectées d’être polluées par des pesticides perturbateurs endocriniens. Ce nouveau rapport complète les études précédentes menées par l’association environnementale concernant la présence de ces produits chimiques dans l’eau du robinet, les aliments et l’organisme. Pour établir cette nouvelle étude, l’association a compilé les données répertoriées dans les bases des Agences de l’eau (bases de données « Naïades ») et analysé les produits chimiques recensés officiellement comme perturbateurs endocriniens dans la base américaine TEDX. Au total, le rapport « a nécessité de travailler plusieurs millions de résultats d’analyses », précise l’ONG.
Les principales conclusions du rapport ? « Un total de 232 substances actives de pesticides ou de métabolites perturbateurs endocriniens suspectés ont été trouvés au moins une fois dans chacun des départements français », indique François Veillerette, directeur de Générations Futures. Et d’ajouter : « Le nombre de substances actives de pesticides ou métabolites supposés perturbateurs endocriniens quantifiés est très variable selon les départements : de 4 pour la Corse-du-Sud à 90 pour le Calvados. »
Par ailleurs, « Les trois principales substances que l’on retrouve le plus dans les eaux de surface françaises sont le glyphosate (dans 37 départements), l’atrazine-déséthyl (30 départements) et le métolachlor (15 départements), ces deux dernières substances étant interdites dans l’Union Européenne (UE) depuis au moins 10 ans », fait savoir le porte-parole de l’ONG. Sans surprise, ce sont les régions de grandes cultures agricoles (le sud-ouest, le nord, le nord-est, etc.) qui sont les plus touchées, à la différence des régions montagneuses.
« La chimie agricole menace la biodiversité aquatique »
Pour François Veillerette, « ces données, montrant l’existence d’importants cocktails de pesticides perturbateurs endocriniens dans les eaux de surface de nombreux départements français, sont inquiétantes. Elles montrent que la chimie agricole menace la biodiversité aquatique. » Et le responsable associatif de poursuivre : « Ces résultats sont également à interpréter comme l’indicateur d’une contamination importante de l’environnement dans lequel vivent les humains. » Et de conclure : « Pour ces raisons, ils doivent pousser les responsables à mettre en œuvre d’urgence une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens qui visent réellement à leur interdiction totale. »
Le 8 février dernier, s’est achevée la consultation publique organisée par le gouvernement en vue d’une deuxième Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE), qui doit faire suite à la précédente adoptée en avril 2014. Générations Futures, qui y a pris une part active, dit « regretter la frilosité des représentants politiques censés impulsés le changement sur ces dossiers. » « Il est pourtant plus que temps d’agir ! », rappelle-t-elle. Et l’ONG de proposer quatre actions : travailler pour que l’UE garantisse une « réelle protection » des citoyens et de leur environnement aux dangers de ces polluants ; adopter une SNPE 2 « réellement ambitieuse » ; exclure de la mise sur le marché les pesticides perturbateurs endocriniens avérés et suspectés, et interdire les épandages de pesticides à proximité des lieux de vie et « de tous les points d’eau – fossés, cours et plans d’eau, collecteurs d’eau pluviale, bassins de rétention, puits, forages, caniveaux, avaloirs, bouches d’égout, même à sec –, et donc réviser l’arrêté du 4 mai 2017 sur l’utilisation des pesticides. »