La demande de ré-homologation du glyphosate fait toujours débat, et pour cause ses potentiels effets sanitaires et environnementaux. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) démarreront le 24 septembre les consultations publiques sur le rapport d’évaluation de renouvellement (RAR) et le rapport de classification et d’étiquetage harmonisé (CLP) du glyphosate. Mais l’association Générations Futures dénonce déjà un couac dans ce processus d’examen : « le dossier de l’industrie ignore plus de la moitié des études universitaires publiées les 10 dernières années précédant sa demande », précise-t-elle dans un communiqué.
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Résultat : 58,88 % des études de toxicité/écotoxicité du glyphosate trouvées dans la base de données scientifiques PubMed ont été ignorées par les industriels du Glyphosate Renewal Group (GRG). « Alors que notre recherche sur PubMed nous retourne 985 études de toxicité/écotoxicité pour la période concernée, la liste d’études du GRG n’en présente que 405, soit 41,12 % ! », précise l’association.

Un manque de pertinence
Cette différence entre les études référencées dans PubMed et celles soumises par le groupe GRG, s’expliquerait selon Générations Futures par les critères de pertinence retenus par le groupe d’industriels. « L’industrie retire en masse des résultats de toxicité concernant le glyphosate au nom d’un supposé manque de pertinence », peut-on lire.
Cette pratique a pourtant fait l’objet d’une publication par l’Efsa qui a déclaré dans un guide que « Pour éviter de manquer des études pertinentes, les critères de pertinence ne doivent pas être trop restrictifs. Seulement les études clairement non pertinentes doivent être exclues d’un dossier ».
Des risques potentiellement ignorés
La restriction analysée par l’association a pour conséquences de retirer du dossier une majorité des études universitaires publiées pendant la dizaine d’années précédent la demande « et ces études ne seront donc pas prise en compte pour l’évaluation scientifique pendant le processus d’évaluation et homologation officiel ».
Face à cette situation, Générations Futures réclame que l’ensemble de la littérature universitaire publiée soit inclue dans le dossier pour son évaluation par les Agences européennes compétentes, « qui pourront alors les trier selon leur pertinence, leur fiabilité et leur qualité scientifique de manière transparente et indépendante de l’industrie ».
« Le processus d’évaluation ne peut pas être conduit sur des bases scientifiquement saines et des risques réels peuvent être totalement ignorés. [...] Ce n’est pas à l’industrie, à la fois juge et partie, d’opérer ce tri ! Tant que le dossier du glyphosate ne contient pas toutes les données disponibles les États membres rapporteurs et la Commission européenne ne devraient pas accepter le dossier du GRG en l’état et devront le rejeter », conclut François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.