Depuis cinq ans, le Cotrep s'est saisi d'un sujet qui perturbe de plus en plus la filière de recyclage des plastiques. L'intégration de bouteilles en PET opaque dans le flux de PET coloré pose plusieurs problèmes techniques et de débouchés. Tout d'abord, les équipements de tri ne parviennent pas à différencier à 100 % le PET opacifié du PET clair, d'où les risques de dégradation de la qualité du rPET transparent au final. Par ailleurs, des tests en laboratoire et en conditions industrielles ont montré l'impact négatif de l'opacifiant sur les propriétés rhéologiques et mécaniques des produits recyclés. Les conséquences pour les recycleurs sont les suivantes : dans le cas des feuilles et du cerclage, le PET opaque n'est pas toléré par le procédé, d'où une élimination pure et simple et une orientation vers les refus (avec un coût de traitement supplémentaire) ; dans le cas d'une application fibre, le taux de PET opaque ne devra pas dépasser les 15 % dans une balle de PET coloré (il atteint en 2014 une moyenne de 10 %) pour maintenir l'intégrité du procédé de recyclage. Pour autant, certains recycleurs rencontrent déjà cette limite. Aujourd'hui, le Cotrep estime que le secteur laitier (lait UHT, lait transformé, crème fraîche) utilise environ 4 000 tonnes de PET opaque blanc par an, remplaçant ainsi le Pehd, plus lourd et plus rigide. Cela a été confirmé à travers les échantillons prélevés sur les balles de PET coloré en 2014, suite aux campagnes de caracté-risation des balles de PET foncé en centres de tri. La part de PET opaque mesurée est de 10 % en 2014, contre 7 % en 2012, soit une crois-sance de 45 % en deux ans.
Mauvais signe pour le Pehd
Cette tendance devrait s'am-plifier car cette matière ne se limite plus au périmètre des emballages de produits laitiers. Les bouteilles de jus de fruit, les flacons de détergents ou les produits cosmétiques ont également adopté le PET opaque, et certaines marques envisagent de substituer le PET au PP actuel pour leurs flacons de produits d'hygiène. Si le basculement s'opérait à plus grande échelle, le taux de PET opaque pourrait franchir rapidement les 40 %. Cette intégration à ce niveau serait, sur le plan technique actuel, ingérable pour les recycleurs. Pour les recycleurs de Pehd, cette progression laisse craindre une forte baisse d'activité. Les atouts du PET opaque pour les metteurs en marché sont nombreux : bouteille plus légère, augmentation des cadences de production, suppression de l'opercule de fermeture en aluminium, aspect brillant, coût de production moindre par rapport à celui d'une bouteille en Pehd, protection contre les UV et la diffusion de gaz.
Début décembre, le Cotrep a publié une nouvelle note sur les perspectives. Des pistes sont envisagées pour le recyclage séparé du PET opaque dans les mousses. Les secteurs de l'énergie, de l'automobile ou du BTP seraient des utilisateurs potentiels. D'où l'idée d'Eco-Emballages d'intégrer la problématique PET opaque, dans son nouvel appel à projets « tri et recyclage des déchets d'emballages plastiques ménagers », clôturé en fin d'année. Le Cotrep mise sur ces partenariats pour trouver de nouveaux débouchés et des solutions de recyclage. Il s'agira alors de se pencher sur l'élaboration d'un nouveau schéma de tri qui tienne compte du flux du PET opaque.