Grenelle de l'environnement et transition énergétique obligent, l'écoconstruction fait sa place dans l'offre de formation en France. C'est d'ailleurs sous l'impulsion du premier qu'est né, en 2010, le mastère spécialisé « Écomatériaux et construction durable » de l'ESITC (École supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction) de Caen. « Les entreprises partenaires de notre école nous ont signalé leur besoin grandissant d'experts sur les ouvrages économes en énergie et sur les matériaux bio-sourcés, retrace Marie Bagieu, responsable des études à l'ESITC. Or, nous avons justement un laboratoire de recherche spécialisé sur la valorisation des déchets ou de différents matériaux bio-sourcés dans la construction, ce qui nous offrait les compétences pour mettre en place une formation sur ces sujets. » L'écoconstruction étant déjà abordée au sein du cursus d'ingénieur de l'école, celle-ci opte pour la création d'un mastère spécialisé à destination des ingénieurs ou architectes issus d'autres formations initiales, ou dans le cadre de la formation continue.
Accrédité par la Conférence des grandes écoles (CGE), le mastère se déroule en un an, dont six mois à l'école et six mois en entreprise dans le cadre d'une thèse professionnelle.
Ses points forts ? D'une part, les liens avec le monde de l'entreprise, grâce aux enseignements dispensés pour moitié par des professionnels et, d'autre part, le choix d'une pédagogie par projet. Les élèves se penchent en effet sur deux cas concrets au cours de leurs six mois d'études à l'école. D'abord, un appel d'offres réel auquel ils doivent répondre en travaillant par petits groupes tout au long des six mois de cours, avant de présenter leurs résultats devant un jury de professionnels. Ensuite, un workshop de quatre semaines, durant lequel les étudiants participent à un projet de conception de bâtiment, sous la supervision des partenaires professionnels. « Ce workshop se déroule en anglais, comme la moitié de nos enseignements d'ailleurs, ce qui nous permet d'accueillir des étudiants étrangers », souligne la responsable des études. Ces deux volets constituent le module « gestion de projets » du cursus, complété par six autres modules : écoconception, matériaux de la construction durable, éco-construction, économie de la construction, lean management (gestion du gaspillage) et BIM (building information modeling). C'est d'ailleurs pour donner une place plus importante à ce dernier que le mastère a changé de nom en mai 2015, devenant le mastère spécialisé « Écomatériaux et construction numérique ». « Lors de sa création, le mastère comprenait beaucoup d'enseignements sur les matériaux et sur leur mise en œuvre, explique Marie Bagieu. Progressivement, nous avons augmenté la part de cours consacrés au BIM, c'est-à-dire à la maquette numérique, qui devient indispensable. »
La combinaison de ces enseignements et de la thèse professionnelle, « véritable tremplin vers l'emploi », souligne Marie Bagieu, permet aux étudiants d'être opérationnels dès la fin de leur formation, et donc de trouver facilement un emploi. Ceux-ci deviennent assistants à maî-trise d'ouvrage, experts en cycle de vie des ouvrages ou des matériaux, respon-sables qualité environnementale, chargés de projet, ingénieurs d'affaires, etc. Ils intègrent aussi bien des petites structures que des grands groupes et, dans la grande majorité des cas, l'entreprise où ils ont fait leur thèse. « Notre objectif est de réussir à placer tous nos diplômés et c'est pourquoi nous nous concentrons sur de petites promotions, d'une dizaine d'étudiants environ », conclut la responsable des études. l