Les ferrailles, les déchets de métaux non ferreux, les vieux papiers-cartons, mais aussi les déchets plastiques composent ce qu'on appelle dans la profession, les matières premières issues du recyclage. Alors qu'en 1999, la France a exporté 8,3 millions de tonnes (MT) de ces matières, en 2014, les flux sont passés à 14,5 millions de tonnes, soit en moyenne une croissance de 4 % par an. Sur la même période, les importations ont reculé de 1 % par an. L'observation et statistiques de l'environnement met en lumière la domination sur le marché international des ferrailles (3,7 MT en 1999 à 6,3 MT en 2014) et des papiers-cartons (de 0,9 à 2,6 MT). Ces matières ont bénéficié d'une conjoncture jusque-là favorable mais, comme le dé-
montrent également les statistiques des douanes, sont aussi soumises de la même façon aux aléas économiques des marchés mondiaux (crise de 2008 en particulier).
Sur le plan financier, ces exportations ont représenté 4,6 milliards d'euros et les importations se sont élevées à 1,8 milliard d'euros, soit un solde de 2,8 milliards d'euros, multiplié par 8 en quinze ans. Autre constat, la France a exporté sur cette période des déchets ayant plus de valeur ajoutée (321 euros/tonne en moyenne) que les déchets importés (286 euros/tonne). Cet écart est principalement lié au commerce des non-ferreux. Parmi les autres États de l'UE dégageant le plus fort excédent commercial dans le secteur des déchets, citons le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation des exportations. Parmi eux, figure la plus grande disponibilité de la ressource que le territoire français à lui tout seul ne peut entièrement absorber. Ainsi en 2012, 18 millions de tonnes de déchets ont été consommées par l'industrie, le reste (environ 5,5 millions de tonnes) a été exporté vers des pays européens et émer-gents tels que la Chine, l'Inde et la Turquie.
Les métaux convoités
Les dispositifs de collecte et de tri se sont fortement améliorés. La mise en œuvre de plusieurs filières REP a aussi contribué à gonfler les gisements de déchets valorisables. Pourtant en parallèle, l'industrie française a régressé ce qui tend à faire basculer les flux en dehors des frontières. Les matières les plus convoitées sont les métaux non ferreux employés par les industries de haute technologie. Autre observation, relative à la spécialisation des mouvements : l'Espagne et la Belgique privilégient les déchets de fonte et d'acier, alors que l'Allemagne importe davantage de métaux non ferreux, et les Pays-Bas des quantités importantes de papiers-cartons. En 2014, le solde des échanges a été excédentaire pour les ferrailles de 4 MT, de 2 MT pour les papiers-cartons et de plus d'un million de tonnes pour les scories, cendres et laitiers. L'ensemble de ces données sont bien évidemment à replacer, depuis 2015, dans un contexte où les marchés des matières premières recyclées sont très chahutés par le cours très faible du pétrole et de certains minerais. D'où l'idée pour le Commissariat général au développement durable de prendre ces statistiques comme un outil de réflexion sur la pertinence d'utiliser les ressources à l'échelle locale. Même si la profession du recyclage insiste aussi sur le fait que ce qui est exporté est bien souvent le gisement qui ne peut être consommé sur le territoire. C.M.