Si la filière annonce un taux de recyclage et de valorisation des DEEE de 88 % conforme aux directives européennes, c'est vite oublier que ce chiffre est calculé sur la base des volumes de DEEE collectés, et non sur ceux générés réellement par les ménages. En réalité, presque dix ans après la création de la filière de recyclage des DEEE ménagers, le taux de collecte des équipements usagés atteint péniblement 38 %, ce qui bride naturellement le recyclage réel », déplore l'UFC-Que Choisir dans son étude intitulée « Équipements électriques et électroniques : déchets trop encombrants pour la distribution ». En examinant de plus près le fonctionnement des deux acteurs principaux de la collecte, les déchèteries et la distribution, les auteurs de l'enquête visent en particulier les enseignes et magasins qui ne jouent pas assez le jeu de la reprise gratuite « 1 pour 1 » et encore moins la reprise « 1 pour 0 », même si les obligations réglementaires existent depuis 2002 pour la première (2002/96/CEE) et 2012 pour la seconde (2012/19/UE). Alors que les points de collecte en magasin ont augmenté de 24 % entre 2010 et 2014 pour atteindre 24 000 points, les volumes récupérés auraient baissé de 3,6 %, déclare l'organisme des consommateurs. UFC-Que Choisir s'en prend concrètement au manque d'information auprès de la clientèle. Seulement 67 % des ménages (53 % en cas d'achat sur internet) ayant acquis du GEM se sont vu proposer une reprise de leur ancien appareil, contre 27 % ayant acheté du PAM (4 % via internet). Une enquête menée en septembre 2015 sur la détention d'équipements électroniques montre que les ménages interrogés conservent en moyenne 8 appareils dont ils n'ont plus l'usage. Cette tendance s'amplifie pour les foyers en maison individuelle disposant de plus d'espace. Résultat selon UFC-Que Choisir : un gisement potentiel à collecter d'au moins 207 millions de produits, soit presque la moitié des équipements mis sur le marché en une année.
Informations contradictoires
La distribution n'est pas le seul acteur dans le collimateur de l'étude de consommateurs. Une défaillance a été notée également au niveau des éco-organismes Eco-systèmes et Ecologic, qui présentent des informations contradictoires sur les modalités de collecte, telles que la reprise avec ou sans achat de PAM. De la même façon, ce gisement est négligé par les magasins en ligne qui ne mentionnent pas les points de collecte des petits DEEE. À la lumière de cette étude, UFC-Que Choisir a demandé au ministère de l'Environnement de simplifier le dispositif de reprise 1 pour 0 des PAM et souhaite l'installation d'un meuble de collecte dans l'ensemble des magasins ayant une surface de vente minimale de 400 m2 et non pas supérieure à 400 m2. À ce titre, l'UFC-Que Choisir a saisi la DGPR pour renforcer les contrôles des distributeurs qui ne respecteraient pas cette obligation de collecte et pour rendre publiques ces campagnes de contrôles. C.M.