L'éco-organisme Aliapur qui gère 85 % de la collecte des pneumatiques en France (avec FRP qui représente environ 15%) a pris en charge selon son dernier rapport d'activité, plus de 320 000 tonnes de pneus usagés (75 % de pneus de tourisme et 25 % de pneus PL) en 2015. Soit une augmentation de plus de 5000 tonnes par rapport aux volumes de 2014. Cette collecte reste supérieure aux tonnages déclarés, ce qui porte à 102 %, son taux de collecte réalisé l'an dernier.Pour Aliapur, des obstacles doivent encore être levés et une transparence sur les gisements collectés doit être renforcée. La publication d'un nouveau décret en 2015 en prévision de la mise en place d'une filière REP en 2020, contribuera à réguler ce marché d'envergure internationale. En particulier en ce qui concerne les importations de pneus non déclarées. « Aliapur collecte plus qu'il ne devrait le faire à cause d'acteurs non déclarants. La triche pourrait s'élever selon nos estimations à 20 000 tonnes et porte entre autres sur des sites de ventes à distance basés dans d'autres pays européens qui ne déclarent pas leur mise en marché. Les manufacturiers et les distributeurs financent cette collecte et leur traitement, ce qui contribue à un déséquilibre financier, explique le président Serge Bonnel. On a pu réduire l'éco-contribution à 1,25 euro en 2015-2016 contre 2,20 euros par pneu en 2004. Mais difficile d'aller plus loin maintenant, en tenant compte des coûts de transport ».Pour rendre cette filière plus transparente et sans attendre la mise en œuvre d'un agrément, Aliapur souhaite rapidement qu'une ligne de facture séparée soit rendue visible pour la partie éco-contribution, au même titre que les DEEE et le mobilier usagé. Tous les acteurs sont favorables à cette pratique. Reste maintenant aux pouvoirs publics à donner leur feu vert. La valorisation en 2015, hors réutilisation (rechapage et occasion) concerne 270 900 tonnes de pneus. Sur ce flux, Aliapur annonce une valorisation énergétique de 43 % , le reste en valorisation matière. Objectif 60 % de valorisation matièreIl faut savoir que par rapport à 2014, il y a une nouveauté dans la répartition des modes de traitement. En effet, dans la partie consacrée à la valorisation matière, 13 % des flux proviennent du traitement en cimenterie. Ce basculement va contribuer à renforcer notre objectif de 50 % de valorisation matière, se réjouit Hervé Domas, directeur général, mais cela ne suffira pas. Aliapur poursuit ses développements de R&D pour trouver des solutions industrielles et commerciales : « Même si le cours des matières premières au plus bas n'est guère favorable au développement de débouchés, nous visons pour 2016 un objectif de 60 % en valorisation matière et 330 000 tonnes de pneus collectés », annonce-t-il.Parmi les chantiers en cours, figurent le secteur de la construction (fabrication d'isolants phoniques à partir de granulats) ou l'aménagement de terrains sportif avec le déploiement de gazons synthétiques pour professionnels. La part de volumes exportés porte sur près de 127 000 tonnes en 2015 (contre 133 000 tonnes en 2014). Elle concerne des destinations européennes pour près de 50 % ; le reste est envoyé au Maroc en industrie cimentière. S'agissant des stocks historiques, l'association Recyvalor, en charge d'évacuer et traiter ces flux, dispose pour la période 2015-2017, d'un budget global de 3,2 millions d'euros soutenu par l’État mais aussi par Adivalor à hauteur de 325 000 euros en 2015. Ces stocks orphelins sont en voie de disparation. Le plus gros gisement en cours de traitement depuis 2012, se trouve à Souillac dans le Lot et représente 25 000 tonnes de pneus. En 2015, une nouvelle tranche de 3137 tonnes a été évacuée.