Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Recyclage > Eco-organismes : guerre feutrée dans la filière emballages
RECYCLAGE

Eco-organismes : guerre feutrée dans la filière emballages

PUBLIÉ LE 20 JUIN 2016
LA RÉDACTION
Archiver cet article
Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Une chose est sûre : il y aura bien plusieurs candidats à l'agrément de la filière REP historique sur les emballages ménagers. A côté d’Eco-Emballages et de sa filiale Adelphe, les nouveaux entrants, Valorie et ERP Landbell, affûtent leurs projets depuis plusieurs mois. La concurrence, une nouveauté ? « La concurrence est possible depuis la création de la filière. Eco-Emballages est accusé de détenir un monopole, mais c'est un monopole de fait. La concurrence va faire bouger les lignes, nous faire nous remettre en cause  », assure Philippe-Loïc Jacob, président d'Eco-Emballages. De fait, à ses débuts, la filière comptait plusieurs acteurs : Eco-Emballages, bien sûr, mais aussi Adelphe pour le verre des spiritueux et Cyclamed, pour les emballages des médicaments. « La concurrence existe aussi dans la filière des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), ainsi que dans les piles et accumulateurs, et les pneus », souligne Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce.Tous louent le retour de la concurrence pour les emballages, soulignant que les metteurs en marché auront le choix de l'organisme qui collectera leur contribution, et une stimulation à l'innovation et à la performance. « Le monopole compte plus d'inconvénients que d'avantages », assure Natacha Kaniewski, responsable du projet Emballages/Papiers pour ERP/Landbell. « La concurrence est source d'efficacité et d'innovation », ajoute Pascal Gislais, président de Valorie. Mais peut-on vraiment parler de concurrence quand les sociétés agréées ne peuvent pas faire de profit ? Quand elles ne peuvent pas fixer librement les soutiens versés aux collectivités, et doivent leur appliquer un contrat-type  ?Tout dans le cahier des charges limite les ambitions des candidats. Le barème amont pourra être librement fixé par les éco-organismes, « mais avec des contraintes importantes sur les matériaux et les unités de ventes, l'encadrement des bonus pour l'éco-modulation », énumère Christèle Chancrin, dirigeante E³ Conseil, experte en éco-contributions. Quant au barème aval, il sera identique pour tous. « La concurrence peut porter sur deux éléments », décrypte Philippe-Loïc Jacob. « La matière collectée, et la trésorerie des entreprises, qui versent 700 millions d'euros par an à Eco-Emballages. En Allemagne, la concurrence a fait baisser les contributions des entreprises, les actions de communication mais aussi la qualité de la matière collectée ».Mais des arrangements pourraient être possibles… Par exemple, pour baisser leurs contributions, les entreprises pourraient faire passer une part des emballages vendus aux consommateurs dans la case « hors foyer », qui ne contribue pas. Eco-Emballages assure contrôler strictement ces déclarations, glissant qu'il est possible d'être plus souple… « Nous espérons ne pas aller vers une REP low cost », avertit Philippe-Loïc Jacob. « Les éco-organismes peuvent peut-être faire aussi bien avec un budget moins élevé, en réduisant les frais de communication et de lobbying », suggère de son côté Nicolas Garnier, chez Amorce.Les candidats explorent d'autres pistes, au-delà de l'aspect financier. Aider les collectivité à augmenter leurs performances, mettre en œuvre le tri de tous les plastiques via la modernisation des centres de tri, l'harmonisation des consignes… ERP/Landbell réfléchit à un guichet unique, à la fois pour les metteurs en marché et les collectivités. Tout comme il serait candidat à la fois à la filière emballage et papier, dont les calendriers sont identiques.L'idée fait également son chemin chez Eco-Emballages et Ecofolio : les deux éco-organismes ont amorcé leur rapprochement, sans préciser, pour l'instant, la forme qu'il pourrait prendre. « Aujourd'hui, le papier est un sixième flux, à côté des cinq flux des emballages. Un point de contact unique pour les deux filières permettra ainsi de proposer des solutions mutualisées et plus adaptées aux attentes des acteurs tout en maîtrisant les coûts », soutient Natacha Kaniewski. Déjà présent dans plusieurs pays européen, sur des filières opérationnelles ou financières, l'entreprise vante son expertise et sa capacité à déployer un système informatique commun, plus simple à l'usage pour les entreprises et les collectivités. ERP Landbell et Valorie mettent surtout en avant leur volonté de co-construire la filière, en opposition selon eux, à un Eco-Emballages isolé. « Nous proposerons des comités opérationnels thématiques avec toutes les parties prenantes afin de permettre un échange constructif sur des sujets tels que le barème et modalités déclaratives, l'éco-conception, la R&D ou encore la communication alors qu’aujourd’hui, le dialogue semble être rompu entre les différents acteurs », illustre Natacha Kaniewski.Valorie rêvait d'une filière simplifiée, loin des 36 colonnes à remplir pour chaque item d'emballage. A la présentation du cahier des charges provisoire, en mars, Pascal Gislais, son président, a déchanté. « Le cahier des charges proposé est quasiment identique dans ses objectifs et ses moyens à celui de 2010. Pourtant, les objectifs de recyclage n'ont pas été atteints ! », déplore-t-il. Pascal Gislais revendique déjà plus de 600 entreprises prêtes à changer d'éco-organisme, représentant environ 20 % des parts de marché. « Le cahier des charges doit nous laisser la possibilité d'innover, sinon, on restera à 67 % de recyclage. »Sans compter que sur plusieurs points, les éco-organismes agréés devront se concerter. Ainsi, pour faire coïncider les parts de marché en amont et la part de collecte en aval, une organisme coordonnateur sera nécessaire. « Ce sera encore plus simple que dans la filière DEEE, où il faut équilibrer les tonnages financés et collectés. Dans la REP Emballages, il ne s'agit que de flux financiers », rassure Philippe Badou, directeur du développement chez ERP/Landbell, qui propose même que cet organisme coordonne également les déclarations concernant la filière papier. Cela implique cependant la création d'un fichier national des metteurs en marché. Un tel fichier existe déjà… chez Eco-Emballages. Dans quelles conditions peut-il (doit-il ?) le mettre à disposition de ses concurrents, c'est toute la question. Elle n'est pas anecdotique, car il s'agit d'éviter que des entreprises s'abstiennent de contribuer. Les éco-organismes auront bien d'autres occasions de se parler : « Les procédures de contrôle des adhérents devront être élaborées conjointement, tout comme la recherche et l'identification des redevables, pour éviter les non-contributeurs, et le niveau des éco-modulations », explique Christèle Chancrin.A défaut de vraie concurrence, reste à organiser l'équité entre les différents acteurs. Après la publication du cahier des charges, attendue en juin 2016, les candidats auront jusqu'en septembre 2016 pour déposer leur dossier. La publication des agréments est attendue à l'automne. Or, faire de la place aux nouveaux venus demande du temps. Les collectivités, engagées pour toute la période de l'agrément, doivent dénoncer les contrats existants, en signer de nouveaux, informer et former les équipes administratives et techniques… Un délai estimé à 6 mois minimum pour l'Association des maires de France, voire 9 mois. Pour éviter la complication d'une année partielle, l'AMF propose carrément de décaler la mise en œuvre de la nouvelle période d'agrément au 1er janvier 2018, avec la prolongation, pour l'année 2017, des contrats actuels. La même question se pose pour les entreprise, qui peuvent dénoncer leur contrat avec Eco-Emballages jusqu'au 31 octobre 2016 – sans aucune visibilité, à l'heure actuelle, sur les offres d'autres éco-organismes. Il y a fort à parier que si ni les entreprises ni les collectivités n'ont le temps de considérer les offres des nouveaux éco-organismes rien ne changera. Au point que certains se demandent si ce n'est pas là un excellent moyen de torpiller la concurrence. « L'année 2017 sera une année de transition, en attendant que les éco-organismes soient structurellement et financièrement indépendants », analyse Christèle Chancrin.Au final, quel sera l'impact de la multiplication des éco-organismes sur le recyclage des emballages ? Évidemment, tous les candidats ont la même motivation : crever le plafond des 67 % de recyclage, loin de l'objectif de 75 %, qui aurait dû être atteint fin 2016, échéance de l'agrément actuel. « Or la concurrence ne va pas simplifier le système. Au contraire, il va encore se complexifier », diagnostique Christèle Chancrin. On compte déjà une vingtaine de REP et 25 éco-organismes, chacun en relation avec les collectivités, les metteurs en marché (producteurs et distributeurs). Quel est l'efficience de cette organisation ? Les collectivités et les entreprises croulent sous le reporting, et pour l'instant, aucune piste d'amélioration liée à la concurrence n'est à saluer. Une occasion manquée pour les uns, un satisfaisant statu quo pour d'autres. Et les perdants sont les consommateurs, sur lesquels les entreprises répercutent les éco-contributions. Et l'environnement.Albane Canto
PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
Derichebourg Environnement ouvre une nouvelle usine de recyclage de câbles dans le Nord
Derichebourg Environnement ouvre une nouvelle usine de recyclage de câbles dans le Nord
Emmanuel Ladent : « Le recyclage est fondamental »
Emmanuel Ladent : « Le recyclage est fondamental »
Le Salon du vrac et du réemploi s’associe à un acteur européen pour sa 6ème édition
Le Salon du vrac et du réemploi s’associe à un acteur européen pour sa 6ème édition
Deux en un pour Guyot Environnement
Deux en un pour Guyot Environnement
Tous les articles Recyclage
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS