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Accueil > Actualités > Recyclage > Collecte des pneumatiques : peut encore mieux faire !
RECYCLAGE

Collecte des pneumatiques : peut encore mieux faire !

PUBLIÉ LE 20 JUIN 2016
LA RÉDACTION
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La filière, c’est son originalité, est née d'une initiative privée, ce qui génère avantages et inconvénients. Du côté de la récupération de la ressource, un chiffre est très encourageant : 93 %, soit le taux de collecte mesuré en 2014 par l’Observatoire des pneumatiques usagés piloté par l’Ademe, soit un total de 422 745 tonnes. Le chiffre exprime le rapport entre les volumes récupérés et les mises sur le marché de l’année précédente. Celui de 2015 est en cours de consolidation, mais l’Ademe s’attend à un résultat analogue. « Le taux a progressé de 9 points en quatre ans », note l’Observatoire. Dans ce secteur, deux principaux organismes se partagent le marché en métropole : Aliapur (créé en 2002 sous forme de SA) à 85 %, et le GIE France Recyclage Pneumatiques, né sur l'initiative de Veolia et des importateurs. A eux deux, ils représentent la collecte de 9 pneus sur dix. Pour 2015, Aliapur vient d'annoncer dans son dernier rapport d'activité, plus de 320 000 tonnes de pneus usagés (75 % de pneus de tourisme et 25 % de pneus PL) collectés. Soit une augmentation de plus de 5000 tonnes par rapport aux volumes de 2014. Aliapur explique cette évolution par deux phénomènes : une hausse des ventes de pneus neufs en 2014 et la vigilance renforcée des pouvoirs publics à l'égard des metteurs en marché non déclarants. Avec pour conséquence une collecte supérieure aux tonnages déclarés, selon son président Serge Bonnel, ce qui porte à 102 %, le taux de prise en charge par Aliapur en 2015. L'organisme regroupe 344 clients dont les principaux manufacturiers, une vingtaine de sites Internet et des distributeurs producteurs. A ce jour, une trentaine de collecteurs travaillent pour Aliapur : des spécialistes du pneu mais aussi des recycleurs multi-matériaux. De son côté, France Recyclage Pneumatiques note pour 2015, un recul de sa collecte de 9 %. « Les volumes moindres viennent de la baisse des importations dans le contexte de l’euro fort, et à la crise des travaux publics », analyse son président François Dewerdt. Avec un total (tous types de pneus confondus) de 63100 tonnes collectées, cette réduction de volumes s'observe dans toutes les catégories de pneus. Dans le détail, FRP enregistre toutefois une progression de 4 % des collectes en centres agréés VHU. Concernant les modes de traitement, la part de valorisation sous forme de matériau drainant Draingom augmente à 40 % contre 24 % en 2014. Sans doute selon le GIE grâce à un repositionnement commercial du produit vers le secteur du bâtiment (par exemple utilisé dans les murs de soutènement et les bassins de rétention sous bâtiment). La valorisation en combustible de substitution est passée de 60 % en 2014 à 49 % en 2015. Enfin, selon FRP, la filière de production de granulats et de poudrettes est en forte baisse en France et dans la plupart des pays européens.Même si Aliapur affiche une collecte qui dépasse les 102 %, l'ensemble des pneus usagés générés sur le territoire est loin d'être pris en charge en totalité. Il faut compter avec la filière illégale des VHU (véhicules hors d’usage), qui échappe aux opérateurs agréés et est évaluée entre 25 et 35 % du gisement d’une année à l’autre.  Les pneus agricoles d’ensilage ou ceux de motocross sont également mal quantifiés. Parmi les autres sources de déperdition, figurent les pneus du particulier qui stocke au fond de son garage, de certains garagistes et concessionnaires, ou bien de l’agriculteur qui utilise les pneus pour les bâches de protection. S'ajoutent à cela les non-déclarations, même si le ministère de l’Ecologie devient  plus ferme, en témoigne les premières sanctions tombées début 2016 pour des importateurs qui n’avaient pas payé l’éco-contribution.  (RR)La fraude pourrait s'élever selon Aliapur à 20 000 tonnes et porte entre autres sur des sites de vente à distance basés dans d'autres pays européens qui ne déclarent pas leur mise en marché en France.Néanmoins, toute déclaration n’est pas forcément fiable, en raison des failles du système déclaratif « Syderep » créé en 2012 par l'Ademe. Ce dispositif permet en principe la remontée de données précises sur les volumes de pneumatiques collectés, leur nature et leur localisation. Les constructeurs automobiles estiment obsolète le poids moyen  fixé à 7,5 kilos et ils trouvent le questionnaire trop détaillé, « au risque de transmettre des informations au doigt mouillé…  parce qu’il faut bien remplir la grille. Comment voulez-vous trouver les informations pour déterminer le recyclage exact d’une voiture fabriquée à l’autre bout du monde ? », interroge Constantin Voluntaru, responsable VHU de Volkswagen France. L’Ademe, qui gère Syderep, a conscience des améliorations à apporter. « Oui, le dispositif a connu sa période de rodage. Mais le comité pneus qui réunira la filière en juin se consacrera à un travail  de fiabilisation des informations et de meilleur traçage des flux entrepris avec les collecteurs et les installations de traitement. Fin 2016, un arrêté  indiquera clairement qui doit déclarer et quelles données », annonce Karine Filmon, ingénieur déchets automobiles et pneus usagés à l’agence. Un  sujet longtemps problématique s’apprête à se régler, en revanche : les « stocks historiques » des pneumatiques qui ont encombré les décharges sauvages pendant des décennies. Selon Recyvalor, le GIE créé à cet effet en 2004 pour évacuer et faire traiter ces flux, il pourrait tomber à zéro en 2017. Recyvalor dispose pour la période 2015-2017, d'un budget global de 3,2 millions d'euros soutenu par l’État mais aussi par Aliapur à hauteur de 325 000 euros en 2015. Le plus gros gisement restant, en cours de traitement depuis 2012, se trouve à Souillac dans le Lot et représente 25 000 tonnes de pneus. En 2015, une nouvelle tranche de 3137 tonnes a été évacuée. Cette opération devrait se terminer d'ici à 2017. Mais pour permettre à Recyvalor de remplir parfaitement ses objectifs de traitement, sa mission a été prolongée jusqu'en début d'année 2018.Autre sujet de préoccupation, la performance de collecte des déclarants individuels. Dans l’organisation de la filière pneus, le terme désigne les acteurs qui  remettent les pneus usagés directement aux collecteurs, rechapeurs ou transformateurs. Ces déclarants individuels ne collectent que les deux-tiers de leur potentiel, selon l’Observatoire.  Ils se recrutent parmi les adhérents du groupe Mobivia (Norauto, Midas…) et parmi les petits garagistes et c’est dans ce dernier cas que le bât blesse. L’ensemble des  individuels  représentaient 18 % des pneus mis en marché en 2014, mais seulement 10 % des pneus usagés traités.REP de plein droit en 2020Ce modèle français pose tout de même question: « A l’heure où Internet et les multiples réseaux d’occasion ont complètement fait exploser les canaux de vente de pneus, jusqu’à pouvoir en commander aux quatre coins du monde (les importations de pneus ont représenté plus de 40 % des mises sur le marché en 2014, NDLR), un tel dispositif fondé sur le quasi-monopole d’un organisme qui a droit de vie ou de mort sur les PME de la filière est complètement dépassé, et pour tout dire inadmissible !  Et comment le garagiste peut-il faire la distinction entre les pneus d’adhérents  d’Aliapur et les autres ? », tempête un ancien transformateur… qui  tient quand même à conserver l’anonymat. Là encore, les pouvoirs publics assurent avoir conscience des imperfections. L’Ademe indique œuvrer à faciliter une concurrence de la collecte collective dans la perspective de 2020 : c’est l’échéance que la France s’est fixée pour créer un ou plusieurs éco-organismes de plein droit. Ce qui n’est pas le cas des « organismes collecteurs » actuellement. Le décret d’août 2015 prépare le terrain à cette nouvelle donne. Il modifie le décret de décembre 2002 fondateur de la filière, sans en bouleverser les principes d’organisation (voir encadré). Il précise les objectifs de couverture territoriale pour la collecte et de valorisation,  il officialise le régime des sanctions en cas de non remise à un collecteur agréé, il réaffirme la hiérarchie  réutilisation (rechapage, revente en occasion)  – recyclage matière – valorisation énergétique,  également inscrit dans la directive 2008/98/CE de l’Union européenne. Mais la perspective de créer des éco-organismes agréés au sein d'une filière REP a été « mal vécue » par la profession. François Dewerdt (FRP) y voit une posture « dogmatique » alors que « nous sommes une filière REP qui fonctionne bien dans son organisation actuelle, avec une collecte qui frise les 100 % ».  Rajouter les obligations d’un cahier des charges (dépenses de communication, etc.) risquerait de faire notamment remonter le montant de l’éco-contribution, estime-t-il. Or depuis 2004, la filière est parvenue à réduire progressivement son montant, passant de 2,20 euros en 2004 à 1,25 euro en 2015 et 2016. Et ce après une période de stabilité de trois ans à 1,35 euro. Ce tarif concerne la catégorie A (pneu tourisme) qui représente les deux tiers des volumes collectés chaque année par Aliapur. L'éco-contribution pour le pneu poids-lourd a évolué de 9,70 à 9,10 euros.  L'autre enjeu porte sur la transparence relative à cette éco-contribution. Sans attendre la mise en œuvre d'un agrément, Aliapur comme FRP souhaitent rapidement qu'une ligne de facture séparée soit rendue visible pour la partie éco-contribution, au même titre que les DEEE et le mobilier usagé. Même si dans les faits, le producteur peut désormais faire figurer cette information sur la facture. Reste aux pouvoirs publics à donner leur feu vert pour systématiser cette pratique. Franchir la barre des 50 % de valorisation matièreDu côté de la transformation aussi, du chemin reste à parcourir vers un scénario  vertueux. La valorisation énergétique  est repartie à la hausse ces dernières années pour représenter  54 % des volumes en 2014. Le décret d’août dernier fixe l’objectif de la plafonner à 50 %. « Cela passe par un effort en amont. Dans ce but, les collecteurs agréés suivent des formations pour déterminer le degré de qualité de la matière et ainsi l’envoyer vers la filière la plus adéquate selon leur état,  notamment pour ne pas manquer l’opportunité d’un rechapage », souligne Karine Filmon. Toutefois, sans faire beaucoup d'efforts, Aliapur a vu basculer une partie de sa valorisation énergétique en 2015 vers de la valorisation matière depuis qu'une fraction traitée en cimenterie est désormais considérée comme du recyclage. Résultat : la valorisation énergétique de 53,8 % enregistrée en 2014 est passée à 43 % et le taux de valorisation matière s'affiche à 40 % en 2015, contre 30 % en 2014. Cette nouvelle donnée va contribuer à renforcer notre objectif de franchir les 50 %, se réjouit Hervé Domas, directeur général d'Aliapur, mais cela ne suffira pas. L'organisme poursuit ses développements de R&D et a consacré 1,2 % de son CA l'an dernier (soit 640 000 euros) à des actions de valorisation matière. Parmi les chantiers en cours, figurent le secteur de la construction (fabrication d'isolants phoniques à partir de granulats) ou l'aménagement de terrains sportifs avec le déploiement de gazons synthétiques pour professionnels. La filière semble désormais s’engager résolument dans la recherche de nouvelles voies et procédés, complémentaires aux revêtements d’aires de jeux, gazons synthétiques ou roues de mobilier urbain. Alpha Recyclage (porté par FRP) a bouclé les tests de sa vapo-thermolyse, une technique  de  valorisation de broyats qui permet la séparation sans combustion entre les hydrocarbures, les métaux et le noir de carbone, récupéré à hauteur de 35 % du poids du pneu usagé. La société prépare la mise en route d’une unité de transformation de 16 000 tonnes/an près de Dole (Jura).  En Nouvelle –Calédonie, le département R&D d’Aliapur et le CTTM (Centre de transfert technologique du Mans) ont validé le prototype de granulat de caoutchouc « anti-moustiques » développé par la société Aedes Système pour incorporation dans les gouttières afin de laisser passer les eaux de pluie, mais pas les larves. Enfin, l’organisme public Cerema planche sur le recours à la matière des pneus usagés pour des ouvrages de drainage et stockage des eaux pluviales. Autre piste réactivée : le recyclage en sous-couches de revêtements  routiers. A condition bien sûr que les derniers freins psychologiques soient levés sur ce type d'application. Mais la montée du recyclage matière implique de  créer… ou de reconstituer une filière française de transformation qui a vu, ces dernières années, la disparition de quelques PME prometteuses. En 2014, 46 % des tonnages recyclés l’ont été hors des frontières nationales. C’est  ainsi que dans l’Est de la France, du broyat de pneus repart… à Hambourg. Les flux d'Aliapur exportés portent encore sur près de 127 000 tonnes en 2015 (contre 133 000 tonnes en 2014) : 50 % ont été envoyés en Europe (pour de la granulation, du chauffage urbain, de l'emploi en aciérie et en cimenterie). L'autre moitié a été expédiée au Maroc en industrie cimentière.Des temps durs pour le rechapageChute des prix de la matière vierge et invasion de produits chinois : le caoutchouc recyclé rencontre les mêmes difficultés que de nombreuses matières. « La matière vierge connaît un effondrement des cours  qui n’avait plus été connu depuis 2009/10 », souligne Bruno Muret, directeur Economie du SNCP (Syndicat national du caoutchouc et des polymères). Fin mars dernier,  le cours du caoutchouc naturel stagnait à 1,30 euros le kilo, loin de son pic de 4,60 euros de février 2011. « Le noir de carbone est redescendu sous son indice 100 de janvier 2009, après être monté à 150 au printemps 2012 », ajoute Bruno Muret. L’écart, en proportion, est encore plus marqué une fois la synthèse du caoutchouc effectuée, avec un prix du butadiène qui ne représente plus que le quart de son niveau 2012, à 2 000 euros la tonne : la chute du baril du pétrole exerce immanquablement son impact. Dans ce contexte, la matière recyclée a bien plus de mal à séduire les utilisateurs, le différentiel avec la ressource primaire se réduisant significativement. Le SNCP et les autres acteurs de la filière doivent donc faire œuvre de pédagogie pour expliquer l’intérêt à long terme du choix du recyclé, dans la perspective de la raréfaction des énergies fossiles. La filière caoutchouc fonde de gros espoirs dans le programme « Bioproof », pour laquelle elle investit pas moins de 4,6 millions rien qu’en R&D pendant cinq ans (Déchets & Recyclage - Février-Mars 2016). Comme si cela ne suffisait pas, l’Europe doit faire face à une invasion, d’une ampleur jugée inégalée, de produits chinois, en l’occurrence des pneus poids lourds (très) bon marché. C’est le sujet de préoccupation majeure du moment pour l’association européenne des producteurs de caoutchouc pour pneus, l’ETRMA. « Toute la mécanique d’économie circulaire patiemment mise en place s’en trouve perturbée, la filière européenne du rechapage poids lourds est clairement menacée », souligne Bruno Muret. Plusieurs annonces de manufacturiers montrent que le propos n’est pas que de façade. Entre fin 2015 et mars dernier, Michelin a décidé la fermeture dans les deux ans de ses usines de rechapage poids lourds d’Oranienburg en Allemagne et La Combaude près de Clermont-Ferrand  ainsi que l’abandon de cette activité sur son site italien d’Alessandria. Il y a un an, Goodyear avait annoncé réserver le même sort à l’atelier rechapage de Wolverhampton en Grande-Bretagne. Christian Robischon
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