Sur le marché de Sevran, en Seine-Saint-Denis, la collecte des biodéchets est réglée comme du papier à musique. Moulinot compost et biogaz, la PME qui a remporté le marché il y a trois ans, est fière du trajet parcouru. « La ville de Sevran collectait déjà les biodéchets du marché, qui a lieu trois fois par semaine. Mais quand nous sommes arrivés, il y avait 8 bacs, contre 27 aujourd'hui », illustre Stéphan Martinez, président de Moulinot.Pour parvenir à ce résultat, Stéphan Martinez a misé sur l'accompagnement des 70 commerçants du marché. « Il fallait expliquer le pourquoi et le comment pour que les commerçants s'approprient le geste de tri. Indiquer que ces déchets vont retourner au champ les motive », argumente l'entrepreneur. Car c'est bien aux commerçants de déposer leurs biodéchets dans la zone technique. Si les déchets végétaux sont déposés en vrac dans le bac, les déchets d'origine animale sont quant à eux ensachés dans un sac transparent. En cas de problème, l'agent de collecte prend une photo, ce qui permet au commercial de rappeler les règles de tri.Moulinot a choisi des bacs à fond sphérique pour une meilleure hygiène, les angles étant connus pour être des « nids à bactéries ». En outre, cette géométrie facilite le nettoyage par le personnel, et la bascule du contenu dans le camion est plus homogène. Leur volume, 120 ou 240 litres, est limité pour permettre son déplacement par une personne – un litre de biodéchets pèse environ 800 grammes. Les consignes ont bien été intégrées par les commerçants. « Nous ne comptons que 3 % d'indésirables, en général des emballages », se félicite Stéphan Martinez. Les déchets sont ensuite envoyés sur le site de méthanisation d'Etampes, dans l'Essonne, distant de 70 km environ. « Bientôt les biodéchets pourront aller sur le site de la Semardel, à Vert-le-Grand, pour être transformés en compost haute couture », avance Stéphan Martinez.Un compost haute couture ? Il s'agit en fait d'un procédé de lombricompostage, testé sur les biodéchets collectés lors de la Cop21 par Moulinot. Douze tonnes de biodéchets, dont deux tonnes de vers de terre très gourmands, ont permis d'obtenir un compost de très bonne qualité pour le retour au sol. L'agrément sanitaire pour accueillir des déchets de sous-produits animaux devrait être délivré en octobre.Albane Canto