Capsules de café, emballages souples complexes, sachets de thé, brosses à dents, gourdes de compotes, stylos, mégots etc., presque plus aucun déchet ne résiste à la volonté de TerraCycle. Cette société fondée en 2001 pour promouvoir à l'origine le lombricompostage a fait beaucoup de chemin dans le monde du recyclage. Pour permettre une collecte et un traitement de ces gisements hors des sentiers battus, TerraCycle sollicite les producteurs industriels qui financent les programmes de collecte aux Etats-Unis et en Europe.Si les procédés de recyclage sont imaginés et testés en laboratoire au sein de la division R&D de la maison-mère américaine de Trenton, les opérations se déroulent localement. Dans chaque pays, où TerraCycle est implanté, des partenariats sont noués avec des recycleurs capables de satisfaire le cahier des charges de l'entreprise. TerraCycle est présente en Europe depuis 2009 dans une douzaine de pays. En France, l'entreprise dispose d'un entrepôt en Lozère chez Astralor (entreprise adaptée) où sont regroupés l'ensemble des gisements collectés sur le territoire. Bientôt un second site dans le Nord va servir à stocker des flux provenant du Benelux. Le principe est le même partout : chaque lot de déchets provenant d'un point de collecte ou acheminé par la poste est identifié et pesé. Un premier tri manuel des déchets par matériau est réalisé dans l'entrepôt. Une fois massifiés, ces flux sont dirigés vers des filières de recyclage locales (l'entreprise Environnement48 en France) ou européennes.Chez son partenaire en Lozère, on s'occupe en particulier des dosettes de café usagées. Le marc est composté tandis que l’aluminium est séparé de la matière plastique qui est refondue pour fabriquer de nouveaux produits tels que des arrosoirs. « Comme nous sommes amenés à traiter de nombreux flux de déchets, nous travaillons avec plusieurs partenaires en France, mais aussi en Belgique, en Allemagne et en Angleterre. Le choix dépend principalement des lieux où l’on collecte le plus. C'est par exemple le cas pour les capsules de café en France ou les plastiques souples en Angleterre » évoque Julien Tremblin, directeur communication et service client pour TerraCycle France. TerraCycle dispose en Europe de trois hubs, en France, au Royaume-Uni et en Belgique :  « Notre objectif est de créer des filières pionnières comme pour les stylos en 2009, les capsules de café ou les mégots ». Les applications dans le recyclage sont multiples : le plastique, broyé, extrudé repart dans des produits de jardinerie, ou le mobilier urbain. Certains emballages conçus en matières complexes aluminium plastifié (type sachet de café ou gourde de compote) sont « upcyclées » ; ils gardent leur aspect d'origine mais convertis en autre objet sans transformation de matière. L'expertise technique et scientifique de TerraCycle accompagne en permanence les actions de collecte et de traitement. Après plusieurs mois de R&D dans le laboratoire américain, TerraCycle a mis au point un procédé de recyclage innovant des filtres plastiques issus des mégots de cigarettes. Le produit obtenu va servir au final à fabriquer des plaques pour la construction et l'aménagement d'espaces extérieurs (aires de jeux). « Nous sollicitons à la fois les industriels  qui financent les programmes de collecte et de traitement, et les consommateurs qui jouent le jeu en rapportant leurs déchets sur les points de vente ou en les expédiant dans des enveloppes pré-affranchies ». Les marques y voient un intérêt marketing non négligeable ; les consommateurs sont récompensés par leur geste en recevant des bons d'achat ou des points cumulables. La garantie d'une matière recycléeTerraCycle ne se limite pas à collecter les déchets du grand public. De plus en plus de sociétés de la grande distribution ou du tertiaire sollicitent l'entreprise pour valoriser les déchets qui n'entrent pas dans les filières traditionnelles. « Notre cœur de métier est de traiter le non-recyclable, insiste Julien Tremblin. Il va de soi que nous ne cherchons pas à concurrencer les entreprises de recyclage classiques et il est extrêmement rare que nous récupérions des déchets traditionnellement recyclables. A contrario, nous n’acceptons jamais de déchets que nous ne pouvons pas recycler, et qui finirait enfoui ou incinéré ». Sur le plan économique, TerraCycle applique une prestation de traitement qui varie fortement en fonction du type et du volume de déchets récupérés. « Plus généralement, nous basons notre activité sur l’équation suivante : coûts de transport et de logistique + coût du recyclage - valeur de la matière obtenue, ce qui nous permet de calculer les coûts de chaque prestation » explique Julien Tremblin. Une fois la matière traitée, et en fonction de ce qui est négocié avec le recycleur, la matière devient propriétaire de TerraCycle ou du recycleur. « cette négociation n’est pas seulement basée sur les coûts mais sur les solutions de fin de vie du plastique. Nous n’accepterons jamais qu’un recycleur soit propriétaire de la matière s'il ne peut pas nous fournir les documents nécessaires prouvant que la matière sera bien recyclée ».