Ne croyez pas que la consigne est forcément vertueuse. Alors que l'Ademe a clôturé le 22 juillet un appel à candidatures pour accompagner et évaluer la mise en œuvre d'un système de collecte des emballages ménagers de boissons pour réemploi ou réutilisation, comme le prévoyait la loi de transition énergétique, le Conseil national de l'emballage (CNE) publie un panorama des systèmes de réemploi existants. Le CNE constate que « la consigne des emballages pour réemploi est une pratique largement répandue dans la distribution des boissons dans la restauration et qui est très importante dans le domaine des emballages industriels et commerciaux ».Si l'on s'en tient strictement à la définition de la consigne qui prévoit un versement d'argent rendu lors du retour de l'emballage, c'est dans le secteur de la consommation hors domicile (CHD) qu'elle est la plus développée. « Le circuit structuré de reprise et de reconditionnement des emballages en CHD représente plus de 2 milliards de rotations d’emballages par an, et des parcs d’emballages effectivement réemployés de plusieurs millions de tonnes. Ce circuit est centré sur deux types d’emballages re-remplissables - les fûts métalliques et les bouteilles en verre - qui font l’objet d’une consignation auprès des établissements de la CHD et permettent d’économiser l’équivalent de 500?000 tonnes de déchets d’emballages par an », synthétise l'étude. Mais selon qu'il s'agisse de bière, de vin, d'eau ou de boissons sans alcool, la situation est variable et en nette évolution du fait du changement des modes de consommation.Ainsi, la bière consommée en fûts consignés représente 17 % du volume total, contre 30 % dans le passé. Les trois millions d'unités en circulation sont utilisés en moyenne 53,5 fois sur une durée de vie de quinze ans. La bière consommée en bouteilles de verre ne représente que 1,2 % du volume total de bière. Les 200 millions de bouteilles en verre sont réemployables quatre à cinq fois par an et ont une durée de vie de cinq à dix ans. Pour le vin, si la présence de bouteilles consignées est encore significative dans le circuit café-hôtel-restaurant (CHR), elle diminue au profit de caisses-outres. En effet, aujourd'hui, « 47 % des volumes de vin consommé en CHR le sont dans un récipient (verre, pichet, carafe, etc.) qui n’est pas le contenant utilisé pour le conditionnement ». Pour l'eau consommée hors domicile, la bouteille en verre ne représente que 18 % des ventes, très loin derrière les 80 % de PET. Et du fait de la saisonnalité du produit, la rotation n’est que de deux fois par an. Enfin, pour le marché des boissons sans alcool, les volumes vendus en emballages consignés en CHR sont estimés à 65 millions de litres, soit 1,7 % du volume total seulement.À partir de ces exemples, le CNE a listé les conditions du succès de la consigne. D'abord et avant tout, une conception spécifique de l’emballage : il doit être résistant (des bouteilles de verre entre 12 et 40 % plus lourdes selon les boissons) et doit faciliter les dispositifs de retour pour réemploi (standardisation, nettoyage par exemple). Le deuxième point concerne l'organisation : la logistique retour doit être réalisée dans les mêmes emballages que la logistique aller. Il faut prévoir aussi des lieux de stockage et des parcs d’emballages vides conséquents pour répondre, notamment, à la saisonnalité des produits et aux nécessités de nettoyage. Un bon maillage territorial au plus près des lieux de consommation est indispensable pour limiter le kilométrage des rotations. Enfin, le coût de la consigne doit être réglementé comme c'est le cas pour le secteur des boissons : 30 euros pour les fûts de 20 à 50 litres, de 0,15 euro pour les bouteilles de 35 à 70 cl par exemple. Le CNE préconise de réaliser, avant de mettre en œuvre un dispositif de réemploi des emballages, une analyse complète, technique, sociale, environnementale et économique. DB