La crise est encore là. C'est l'impression que donne d'emblée la photographie réalisée par Federec en 2015 des entreprises du recyclage. « Une année noire ? », s'interroge Jean-Philippe Carpentier, son président. Les signaux défavorables sont là pour en témoigner : surcapacités chinoises de production d'acier, prix du baril toujours bas au même titre que le charbon et le minerai de fer. Pourtant, la profession espère encore réagir face à ses contraintes.Premier constat : le marché des métaux ferreux s'effondre tandis que la filière BTP prend son envol. Au global, Federec annonce pour 2015, près de 100 millions de tonnes de matières collectées en très forte hausse par rapport à 2014 qui comptabilisait environ 78 millions de tonnes collectées. Malgré des données économiques défavorables, les entreprises se sont adaptées et ont maintenu leur niveau d'investissements dans le renouvellement de machines et de véhicules. Pourtant, la rentabilité n'est pas au rendez-vous. Le chiffre d'affaires s'affiche à 8,3 milliards d'euros en baisse de 6,6 % par rapport à 2014, pour 1300 entreprises (2250 établissements). A cela s'ajoute une réduction des effectifs de 1,4 % avec plus de 26 000 emplois directs. Seule consolation, la proportion féminine est passée de 21 à 22,6 % des effectifs totaux. Les régions aux premières logesParallèlement à l'enquête nationale, Federec mise désormais sur des statistiques régionales. C'est une première dans l'histoire de la fédération, ce qui implique une rigueur et une approche précise des filières sur le plan territorial. Depuis deux ans, un travail de collaboration intense a été réalisé avec les syndicats régionaux de la fédération et des réajustements au niveau des données collectées on dû être effectués dans les départements. Au final, une carte de l'industrie française du recyclage plus précise, même si encore incomplète à certains égards et des spécificités régionales qui ressortent.Dans la famille du recyclage, il y a donc les secteurs qui vont bien, ceux qui sont stables pour le moment et ceux qui décrochent. Au premier rang des bien portants, les déchets du bâtiment représentent 39 millions de tonnes de matériaux collectés, en hausse de 2,5 %, pour un chiffre d'affaires stable de 1,7 milliard d'euros. Son président, Ewan Le Meur, les perspectives 2016 sont satisfaisantes en volumes mais restent incertaines au niveau des prix. Les gros volumes sont également observés dans la filière des déchets organiques avec 30 millions de tonnes collectées. Le chiffre d'affaires passe toutefois de 180 à 135 millions d'euros. Parmi les filières en panne, les ferrailles enregistrent un nouvelle dégradation, marquée par une baisse du tonnage de 10,4 % et un chiffre d'affaires en recul de 31 %. L'année 2016 ne devrait pas changer la donne. Même tendance sur les non ferreux soumis à la faiblesse des prix. La collecte s'élève à 1,7 million de tonnes (-9,3%) pour un CA de près de 3 milliards d'euros (-7,1%). Le marché du papier-carton est déséquilibré par la baisse des papiers graphiques, malgré la croissance du carton. Le tonnage collecté recule de 2,3 % avec néanmoins, une hausse de 5,3 % du CA. Le secteur de l'emballage soutient toujours la filière en 2016.Sur les autres filières, Federec annonce une année compliquée pour les ventes dans le secteur du bois et palettes, avance des enjeux importants sur le traitement du verre plat, et prévoit des prix encore très bas sur les plastiques, liés au prix du pétrole.Le monde du recyclage n'est plus un monde refermé sur lui-même. La fédération souhaite avant tout participer à une réflexion collective sur le ressources, l'impact du CO2, le réchauffement climatique et l'avenir des régions. C'est l'occasion ou jamais de se faire entendre.