L'écopôle Altriom a été inauguré au début de l'été 2014, au Puy-en-Velay dans la Haute-Loire, avec l'ambitieuse promesse de trier les ordures ménagères résiduelles pour en valoriser 90 %. Une ambition qui interpelle alors, qu'en France, 38,4 % des déchets finissent encore en centre d'enfouissement et 28,7 % en valorisation énergétique1.« Nous avons attendu d'avoir plus de deux ans de fonctionnement avant de communiquer. C'est vraiment un procédé révolutionnaire », lance Fabien Charreyre, directeur général d'Altriom. En effet, Altriom est la seule usine en France qui trie les ordures ménagères résiduelles. Le procédé développé par la société 3Wayste en cours de déploiement commercial, repose sur un ouvre-sac breveté, capable de traiter 20 tonnes par heure sans écraser les déchets, et permet de valoriser plusieurs flux : matière organique (compostée), emballages plastiques et métalliques, papier-carton. Des combustibles solides de récupération sont fabriqués à partir des refus. Ne reste que 10 % de déchets ultimes, envoyés en enfouissement. « En comparaison, le système de collecte sélective en porte-à-porte ne permet de trier que 16 % des poubelles ménagères. Il est inefficace et coûteux de faire progresser le taux de valorisation des déchets en multipliant les collectes sélectives », assène Fabien Charreyre. Avec en germe, l'idée de supprimer cette opération en centre-ville...Sur une unité d'une capacité de 120 000 tonnes par an, le coût de traitement s'élève entre 60 et 100 euros la tonne, donc compétitif avec l'enfouissement ou la valorisation énergétique. Mais Fabien Charreyre élargit le débat. « Un investisseur préférera toujours investir sur une technique qui traite l'ensemble des volumes, donc les OMR, plutôt qu'une petite fraction comme celle qui relève de la collecte sélective. De fait, seuls les incinérateurs ou les centres d'enfouissement sont rentables, le recyclage est soutenu financièrement par les pouvoirs publics. Il faut savoir sortir des dogmes », analyse le directeur général.Depuis plusieurs mois, les visites se succèdent dans l'usine. Élus, entreprises, Français comme étrangers sont intéressés par le tri sur OMR. Même Suez se penche dessus. « Je ne crois pas à une filière unique pour le traitement des déchets. Il faut s'adapter à chaque territoire, et regarder le coût global », convient Philippe Maillard, directeur général de l'activité recyclage et valorisation de Suez. Après des années de développement, le groupe Vacher est désormais impatient d'exporter sa technologie. La levée de fonds bouclée en octobre lui en donne les moyens. Albane Canto1. Données Ademe 2012.