Comment en êtes-vous venu à imaginer un label pour l'économie circulaire ?Les déchets, ce n'est pas un sujet technique, mais un vrai projet de territoire. La communauté urbaine de Dunkerque (CUD) a toujours été en avance en matière de gestion des déchets, nous avons une certaine expérience à mettre en valeur. Ailleurs, d'autres collectivités mènent aussi des expérimentations locales. Il manquait donc un cadre global. C'est en partant de cette conviction que nous avons proposé, dans le cadre de notre candidature à l'appel à projets du ministère de l'Environnement sur les territoires Zéro déchet zéro gaspillage, de développer un label avec l'Ademe pour valoriser les actions sur l'économie circulaire. Et nous avons été retenus.Les déchets sont un sujet central pour la CUD ?Mais oui ! Je rappelle que nous avons mis en place le tri sélectif dès 1989 - avant la création d'Eco-Emballages – pour les 90 000 foyers du territoire. Et il y a plus de dix ans, nous avons mené une large concertation pour associer la société civile et les partenaires (entreprises...) à nos réflexions. Cela a débouché sur un livre blanc, concrétisé par une charte sur les déchets, adoptée à l'unanimité par les élus de la communauté urbaine. Cette charte a été adaptée à l'évolution des enjeux. Dans sa deuxième version, nous avons travaillé sur la continuité du geste du citoyen, afin qu'il trie sur son lieu de travail comme à la maison. Nous en sommes à sa troisième version, axée désormais sur l'économie circulaire. Tout cela pour dire que nous avons vraiment la certitude qu'il est impossible de gérer au mieux les déchets sans associer les citoyens.A quoi va ressembler ce label ?Nous y avons réfléchi, tout au long de l'année 2016, dans un groupe de travail piloté par l'Ademe, avec d'autres collectivités : Bordeaux Métropole, Chambéry Métropole, le Grand Lyon, Rennes Métropole, et le syndicat mixte de Sarrebourg, le Smicval et le Symevad. Nous avons travaillé sur les grandes orientations : son utilité, ce sur quoi il porte, en quoi c'est un outil de management… Ce label doit être la reconnaissance officielle d'une démarche de progrès. Il doit également fournir une feuille de route, mobiliser l'administration et les partenaires, pour aller plus loin et être plus performants. Un peu comme le label Cit'ergie, qui a fait ses preuves dans la valorisation de la politique énergétique durable des territoires.Comment sera-t-il structuré ?Cinq orientations se dégagent. Trois sont thématiques : l'intégration de la politique déchet dans la stratégie territoriale globale, des objectifs en matière de gestion des déchets (baisse du volume, valorisation), et le financement et la tarification comme outils pour favoriser la prévention et la valorisation des déchets. Et deux axes transversaux, sur les actions d'économie circulaire et la mobilisation et les engagements du territoire. A la CUD, nous travaillons déjà sur ces cinq axes. Nous n'attendons pas que le label soit définitivement fixé pour avancer !Avec-vous des exemples concrets ?Nous avons plusieurs exemples sur notre territoire. Ainsi, le centre de valorisation énergétique des déchets valorise déjà l'énergie produite sous forme d'électricité, et sera prochainement raccordé au réseau de chaleur. Par ailleurs, nous valorisons les encombrants grâce à un réseau de ressourceries en lien avec les déchèteries. En effet, 60 % des encombrants peuvent avoir une seconde vie ! Sur les déchets, nous avons aussi développé avec les Eco-Maires un site internet où les particuliers peuvent donner ou vendre, à proximité, des restes de peinture après un chantier, par exemple. Nous allons aussi former et sensibiliser les éboueurs pour qu'ils soient de véritables ambassadeurs de proximité. Nous travaillons aussi sur les indicateurs de suivi des actions. Des objectifs chiffrés doivent être fixés, car il est important de mesurer l'efficacité des actions menées. Nous travaillons actuellement sur ces objectifs. Comment mesurer une politique d'éducation sur les déchets ? Comment accompagner les différents acteurs ?Le label est-il finalisé ?Non, pas encore. Nous élargissons actuellement les membres du comité de pilotage aux grands réseaux. France Urbaine nous a déjà rejoint, et nous discutons avec Amorce, l'Association des régions de France, l'Association des communautés de France et l'Institut de l'économie circulaire. Une assistance à maîtrise d’ouvrage va être lancée avec l’Ademe pour travailler sur le référentiel, proposer un catalogue d'actions, définir les indicateurs et construire le processus d’organisation et de test de la labellisation. Le Copil suivra la première phase de test, sur six à sept collectivités, dont la CUD, et lancera le label au niveau national en 2018 – j'espère qu'il pourra être présenté aux Assises de l'énergie 2018, qui se tiendront à Dunkerque !Propos recueillis par Albane Canto