Eco-systèmes annonce avoir collecté et traité plus de 10 kg de DEEE par habitant en 2016, soit 517 000 tonnes. Plus de la moitié est issue des collectivités, soit 303 000 tonnes (hors collectes de proximité). L’éco-organisme doit encore progresser de 4 kg, pour atteindre l’objectif réglementaire de 65 % en taux de collecte d’ici à 2019, toutes catégories de DEEE confondues. L’année 2016 enregistre une progression de 12,3 % des tonnages, en particulier les écrans (+ 16 %) et le gros électroménager hors froid (+ 14,2 %). Aujourd’hui en quasi monopole sur les DEEE ménagers, Eco-systèmes estime sa part de marché à près de 80 % au regard du poids de ses adhérents.Les appareils conservés par les ménages suscitent, dans ce contexte, un intérêt manifeste de l’éco-organisme. Selon une récente étude Ipsos commandée par Eco-systèmes et Ecologic, chaque foyer détient 99 appareils en moyenne, soit 200 kg par habitant (hors lampes et luminaires). Sur le total, cinq à onze équipements paraissent inutilisés, selon l’estimation des habitants. Une majorité des foyers (89 %) possède un téléviseur à écran plat et près d’un tiers (27 %) détient un écran cathodique. Pour connaître les motivations qui poussent les ménages à conserver les appareils, Eco-systèmes a mené une enquête en ligne, sous la supervision méthodologique de Valérie Guillard, docteur en sciences de gestion de l’université Paris-Dauphine. Environ la moitié des répondants avance une raison utilitaire du type « cela peut servir ». Les freins cités au geste de jeter, ou plutôt de trier, varient selon les objets, de l’ordinateur jugé trop lourd ou dangereux, à la machine à pain, lorsque le sondé ne dispose pas de voiture ou de diable pour la transporter.Eco-systèmes envisage plusieurs réponses, dont un marketing personnalisé en fonction des objets. Une campagne massive incitant les citoyens à se défaire de leurs vieux équipements n’est peut-être pas sans arrière pensée. Les ménages pourraient alors être plus enclins à remplacer les DEEE par des appareils neufs, susceptibles d’être mis sur le marché par les adhérents de la société agréée. L’éco-organisme prévoit de poursuivre le déploiement des collectes de quartier, aujourd’hui effectives dans 23 villes et desservant 3,5 millions d’habitants. De plus, « il nous faut maintenir un outil industriel adapté aux gisements plus anciens, comme les écrans cathodiques », relève Christian Brabant, directeur général d’Eco-systèmes. Quant aux écrans plats, « nos premières modélisations évaluaient leur durée de vie à 8 ans. Elle serait plutôt de 12-13 ans. » Encore 1,5 à 2 kg par habitant et par an de DEEE se trouveraient dans les ordures résiduelles. Reste une part du gisement qui échappe à la filière, comme l’a montré un récent rapport parlementaire sur les téléphones portables. Christian Brabant cite, en outre, les sites illégaux recevant les tonnages qui disparaissent des déchèteries ou de la voirie, lorsqu’ils sont en attente d’enlèvement. Ils sont évalués entre 2 et 2,5 kg/an/hab. « La plus grande partie fait l’objet d’un traitement sommaire en France sans dépollution », rappelle Christian Brabant. Une autre part s’achemine à l’export, vers des destinations qui toutes n’opèrent pas un traitement conforme aux exigences européennes et donc françaises.Chrystelle Carroy