Depuis l'incendie qui s'est produit en 2002, les experts se relaient sur le cas du site de Stocamine, à 550 mètres de profondeur dans une ancienne mine de sel. Autorisé pour le stockage de 320 000 tonnes de déchets dangereux, il n'a réceptionné que 44 000 tonnes de déchets, dont 2 200 tonnes de déchets contenant du mercure. Face au risque de contamination de la nappe phréatique d'Alsace, il a été décidé de fermer le site. Restait à trancher la question des déchets : faut-il les remonter à la surface ou les laisser sur place ?C'est ce que vient de décider le préfet du Haut-Rhin, en autorisant la prolongation, pour une durée illimitée, du stockage des déchets. Mais cette décision est assortie de « quatre lignes de défense. Avec, en premier lieu, le retrait des substances les plus polluantes, contenant du mercure et le zirame (un fongicide). Après un premier scénario, en 2012, qui proposait de retirer 56 % du mercure enfoui, c'est finalement le scénario de 2014 qui a été retenu, et donc l'extraction de 93 % des déchets mercuriels. Car les galeries creusées il y a vingt ans se réduisent rapidement sous l'effet de la pression du sol. Certaines sont déjà inaccessibles, et dangereuses pour les mineurs qui y travaillent. « Les études ont déterminé que la proportion de 93 % des déchets de mercure est l’objectif maximum qu’il est matériellement possible d’atteindre et d’extraire, sans mettre en danger la vie des mineurs », précise la préfecture.Ensuite, pour retarder et réduire les débits d'eau venus de la nappe, ainsi que la venue de saumure, plusieurs moyens techniques devront être mis en œuvre pour protéger la mine et les déchets stockés. En tout, 19 barrages devront être construits pour « retarder de plus de 1000 ans la sortie des saumures polluées », indique le collectif Stocamine. Les eaux d'ennoyage devront être déviées et évacuées, et un système de surveillance mis en place.A ce jour, 49 % du mercure a été déstocké, indique la préfecture, qui précise que l'objectif de 93 % « sera probablement atteint en 2018 ». Cette décision a été prise après consultation de plusieurs experts, l'avis de l'Autorité environnementale du CGEDD, du Coderst et du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques, et après enquête publique. Elle est toutefois contestée par Eric Straumann, député du Haut-Rhin, qui regrette que le gouvernement « n'estime pas nécessaire de débloquer 50 millions d'euros supplémentaires pour l'assainissement total du site ». Selon le collectif Stocamine, l'extraction des déchets et la mise en sécurité du site devrait coûter environ environ 170 millions d'euros à l’État.Albane Canto