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Démantèlement nucléaire : faux départ pour la filière !

PUBLIÉ LE 25 AVRIL 2017
LA RÉDACTION
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On est en 2013. La France, pays du nucléaire, se convainc qu’elle a aussi une belle carte à jouer dans le démantèlement des centrales et autres installations. Au plus haut niveau, la filière s’organise avec l’objectif de conquérir des marchés à l’export. Dans l’Hexagone, une trentaine d’installations nucléaires sont déjà arrêtées ou en cours de démantèlement. EDF a neuf réacteurs du parc de première génération à l’arrêt. Auxquels s’ajoutent plusieurs réacteurs de recherche, des laboratoires et ateliers du CEA, et d’autres installations, comme l’usine d’extraction du plutonium de Marcoule d’Areva et des sous-marins nucléaires…Mais à l’exception d’un réacteur de recherche du CEA à Grenoble, aucun chantier n’est terminé. Or, d’autres installations seront mises à l’arrêt prochainement : la durée d’exploitation initiale du parc de deuxième génération d’EDF, qui compte 58 réacteurs, est fixée à quarante ou cinquante ans. Les arrêts devraient donc s’échelonner entre 2018 et 2042. EDF doit par ailleurs présenter sa stratégie pour se conformer à la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui prévoit, en application de la loi sur la transition énergétique, de passer la part du nucléaire dans le mix électrique de 75 % aujourd’hui à 50 % d’ici à 2025 – et par conséquent de fermer un certain nombre de réacteurs. Ce qui n’empêche pas l’électricien de préparer son grand carénage, soumis au feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), pour prolonger la durée d’exploitation de certaines centrales jusqu’à soixante ans.Au plan mondial, 140 réacteurs sont arrêtés, dont 29 en Grande-Bretagne et 27 en Allemagne. Autant de perspectives pour les entreprises sous-traitantes qui réalisent environ 80 % des tâches de maintenance et de surveillance des centrales d’EDF. « En matière de démantèlement, même s’il est difficile d’obtenir des statistiques précises, l’externalisation semble prédominer », indique un rapport de l’Assemblée nationale1.Pour se concerter, les acteurs du nucléaire se sont regroupés, en 2013, au sein du Comité stratégique de la filière nucléaire (CSFN), coprésidé par les ministères de l’Économie et de l’Environnement et dont la vice-présidence opérationnelle est confiée au P-DG d’EDF. Il compte un groupe de travail sur le démantèlement, notamment pour aider les entreprises sur les marchés de l’export. Quatre ans plus tard, il ne s’est pas passé grand-chose. « La dynamique n’est pas à la hauteur de ce qui avait été espéré », constate Laurence Piketty, directrice adjointe du démantèlement des centres civils du CEA.En fait, la filière n’a pas démarré, car les exploitants sont en retard dans leur calendrier. Très en retard ! EDF a ainsi modifié sa stratégie sur ses six réacteurs dits UNGG.Après quinze ans d’études et un chantier « tête de pont », l’électricien a annoncé à l’ASN, en mars 2016, que le démantèlement ne se ferait plus sous eau, mais sous air. Et de décaler la fin des chantiers de 2044 à... après 2100 ! Qu’en pense l’ASN ? « Nous avons trop peu d’éléments techniques, notamment sur la chronologie et la nature des opérations, pour estimer la faisabilité de la stratégie d’EDF. C’est un vrai problème, il nous est difficile de nous prononcer », précisait Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN, lors d’une audition par les députés, en février 2017. Areva et le CEA ont également transmis la mise à jour de leur stratégie fin 2016. « Ces dossiers sont en cours d’instruction », explique Christophe Kassiotis, directeur déchets, installations de recherche et du cycle à l’ASN."La dynamique n’est pas à la hauteur de ce qui avait été espéré." Laurence Piketty, directrice adjointe du démantèlement des centres civils du CEALe CEA, quant à lui, a complètement revu son approche. En la matière, l’établissement public bénéficie d’un budget annuel de 740 millions d’euros par an (pour un montant total estimé à 22 milliards) – sans pouvoir en dépenser plus, ni provisionner les excédents. Première étape : admettre la complexité. Trente-six installations, sur sept sites, comprenant plusieurs technologies… Chaque cas est unique. Deuxième étape : reconnaître la méconnaissance de l’état initial des installations – une constante dans tous les projets –, qui retarde les chantiers. « Nous avons fait le choix de commencer par les cas les plus simples. Par conséquent, l’extrapolation financière et technique est impossible », avertit Vincent Gorgues, maître d’ouvrage assainissement et démantèlement au CEA. En fait, dans le démantèlement nucléaire, le raisonnement des ingénieurs, qui partent du laboratoire pour faire une montée en échelle jusqu’à l’étape industrielle, ne marche pas. « Désormais, je demandesystématiquement un véritable état initial, salle par salle. Selon notre retour d’expérience, cette démarche est la plus efficace. » Car en cas de mauvaise surprise sur un chantier, il faut reprendre les analyses de sûreté, le pire étant la découverte d’amiante. « Il y a un conflit de réglementation entre l’amiante et le nucléaire. En conséquence de quoi, traiter de l’amiante en milieu radioactif nécessite un robot et des opérations téléopérées ou un temps d’intervention du personnel de vingt minutes par journée de travail », détaille Vincent Gorgues.Malgré le retard des donneurs d’ordres, les sous-traitants s’organisent. Ou, plus exactement, commencent à considérer le sujet. Dans les Hauts-de-France, Nuclei a déjà rencontré 300 entreprises de l’ex-Nord-Pas-de-Calais (60 en 2010), et débute la prospection dans l’ex-Picardie. « Nous leur expliquons les opportunités dans le secteur nucléaire, les accompagnons dans leur montée en compétence », décrit Nathalie Braure-Barbry, animatrice du programme lancé en 2010 par la CCI. « Nous nous intéressons au démantèlement depuis 2014. C’est une opportunité de marché, mais c’est encore très amont ». Dans le Sud-Méditerranée, Cyclium regroupe 85 entreprises de la filière nucléaire autour des bonnes pratiques, des retours d’expérience, etc. « Nous sommes des facilitateurs de relations entre les sous-traitants et les donneurs d’ordres », exprime Laurence Sanguinetti-Julien, présidente de l’association fondée il y a six ans. « Il y a une vraie dynamique de structuration. Quelle que soit la taille de l’entreprise, on a tous le même problème, et donc intérêt à se mettre autour de la table pour discuter », poursuit-elle. La structure la plus importante est cependant le Pôle de valorisation des sites industriels (PVSI), créé en 2014 notamment par le CEA et Cyclium. EDF et Areva l’ont depuis rejoint, ainsi que des entreprises étrangères. « Grâce à PVSI, on commence à voir des regroupements de PME et de grands groupes, ce qui favorise le partage de bonnes pratiques », illustre Laurence Piketty.Alors, c’est bien parti ? Pas vraiment. « Nous sommes le pays le plus avancé sur le nucléaire, mais pour déconstruire, nous devons faire appel à des entreprises étrangères », enrage Joël Dujeux, membre du collège des syndicats à la commission locale d’information (CLI) de Chooz A. Il regrette le manque de transparence d’EDF, n’ayant jamais reçu de réponse sur le nom des entreprises exploitantes et le nombre de salariés étrangers sur le chantier. « Le démantèlement représente une potentialité d’emplois considérables, y compris des postes de reconversion pour les salariés d’EDF et ses sous-traitants », argumente-t-il. La coordination de ces différents pôles (aussi Nucleopolis dans l’Ouest, etc.), qui devrait être mise en musique par le CSFN, est également en souffrance. Ce rôle est plutôt rempli par le World Nuclear Exhibition, un salon bisannuel créé en 2014.Avec les retards des exploitants, l’autre obstacle à la construction d’une filière française est le mode contractuel. « Nous fonctionnons en mode projet, avec des contrats au forfait. Or, ce modèle ne convient pas au démantèlement », estime Vincent Gorgues, au CEA. En cause, la méconnaissance de l’état initial, et donc la difficulté corollaire de définir l’état final et les opérations pour y parvenir. Cet empêchement a influé sur le retard d’EDF dans les démantèlements de ses réacteurs UNGG. Aucun prestataire ne savait réaliser le démantèlement sous eau choisi par EDF, l’obligeant à revoir sa copie pour une autre technologie. « Tout imprévu nécessite un avenant au contrat, ce qui allonge les délais », éclaire Christophe Kassiotis, à l’ASN. « Il faudrait trouver un mode contractuel qui satisferait tous les acteurs. C’est un sujet tripartite, entre l’ASN, l’exploitant et les sous-traitants », avance Claude Laruelle, directeur de Nuclear Solutions (Veolia). « Face à des chantiers expérimentaux, l’engagement financier de l’exploitant est impératif. Or, les marchés sont sous-évalués », tranche Joël Dujeux. Il existe cependant des tests, au sein du PVSI, sur des contrats-pilotes avec partage des risques entre donneur d’ordres et sous-traitant. « Le constat est là, mais il manque toujours un plan d’action pour améliorer la situation », indique Laurence Piketty. Absence de visibilité, difficultés techniques et réglementaires… tout se conjugue pour bloquer l’expansion attendue du démantèlement. « Il y a beaucoup d’exemples, mais trop ponctuels pour qu’une filière se structure. On n’est pas encore entré dans le vif du sujet », conclut Jean-Claude Delalonde, président de l’Anccli.Albane Canto1. Rapport d’information relatif à la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires de base, par Barbara Romagnan et Julien Aubert, février 2017. 
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