Ecologic améliore l’ergonomie du site dédié aux entreprises, pour y stimuler le tri des déchets d’équipements électriques et électroniques. La moitié du gisement, d’origine professionnelle et ménagère, ne revient pas vers les filières légales, constate l’éco-organisme. Ce qui compromet l’atteinte des objectifs réglementaires de collecte.
Un enlèvement bouclé en quelques clics : la version rénovée du site e-dechet.com, créé en 2011 par Ecologic, doit faciliter la bonne orientation des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) des entreprises. Du conditionnement des produits usagés à la fourniture du bordereau de suivi des déchets, le site planifie l’ensemble des opérations. La « déchèterie virtuelle » de l’éco-organisme délivre aussi des informations sur la réglementation sur les DEEE, que méconnaît plus d’une entreprise sur deux, selon le baromètre 2017 de l’Alliance Green IT. Plus de 80% des entreprises ignorent la quantité de DEEE produite en interne et leur destination, relève aussi l’association.
Près de 50 % de déperdition
Les éco-organismes ont collecté en 2017 environ 700.000 tonnes de DEEE, d’origine professionnelle et domestique, valorisés à 80% sous forme de matière et de 5 à 10% sous forme d’énergie. Soit un taux de collecte de 52%, conforme à l’objectif réglementaire mais signifiant qu’une petite moitié du gisement1 échappe à la filière légale. Entre 5 et 15% des DEEE partent encore avec les déchets ménagers, selon l’Ademe. Le stockage explique une autre petite partie de la déperdition : « Il concerne surtout les portables, soit de faibles tonnages », observe René-Louis Perrier, président d’Ecologic. Seuls 15% des téléphones mobiles sont valorisés et 100 millions d’appareils usagés reposeraient dans des tiroirs, signalait en 2016 le rapport de la sénatrice Marie-Christine Blandin. Quatre réfrigérateurs en fin de vie sur dix sont récupérés par les éco-organismes. « Une bonne partie doit être broyée, sans dépollution, avec les véhicules hors d’usage », présume René-Louis Perrier.
Une étude de 2016 des Amis de la terre2 estime, a minima, à 15 % la part des DEEE exportée et à 20 % celle captée par la filière « complémentaire », c’est-à-dire par les acteurs historiques du recyclage des ferrailles, dont l’activité est contrariée par l’apparition des éco-organismes. Ces derniers évaluent en outre entre 20 et 25% la part du gros électroménager qui serait pillée en déchèterie. D’importants tonnages, « vraisemblablement à forte valeur ajoutée (cuivre notamment), suivent des chemins pas tout à fait légaux », commente sobrement René-Louis Perrier. L’affinage sur cette fuite de matière nécessitera de « travailler avec les Douanes ».
Un objectif compromis
Difficile, dans ces conditions, d’atteindre l’objectif de collecte fixé aux éco- organismes, soit 65%3 en 2020. « Un taux établi sur la base d’hypothèses et pouvant s’avérer inaccessible au vu de raisons objectives, souligne René-Louis Perrier. Il conviendra d’en tenir compte pour le prochain agrément » (2020-2025). La Feuille de route pour l’économie circulaire d’avril 2018 prévoit des sanctions financières pour les éco-organismes sous-performants. Le document doit être transposé dans une loi en 2019. Dès cette année, Ecologic n’écarte pas un résultat en-deçà du seuil réglementaire de 59% de collecte.
1. : Le gisement est estimé entre 17 et 23 kg/an/hab. par l’Ademe 2. : Les dessous du recyclage : 10 ans de suivi de la filière des déchets électriques et électroniques en France 3. : 65 % du poids moyen des EEE professionnels et ménagers mis sur le marché sur les trois dernières années.