Le syndicat demande que les collectivités soient associées au pilotage de la généralisation du tri à tous les emballages en plastique.
Il est venu avec une bouteille de lait, pour dénoncer le matériau « diabolique » qui la compose. Le PET opaque, particulièrement léger et étanche, « a un seul défaut : il n’est pas recyclable », pointe Michel Lorenzo, lors de la conférence nationale sur les déchets ménagers, tenue le 13 décembre à Paris. Sa dilution parmi le PET coloré n’est pas une solution viable : il vient alors « polluer des flux qui se recyclent », poursuit le directeur général des services du Syctom de l’agglomération parisienne (85 communes, 6 M d’hab.).
Selon Pierre Hirtzberger, directeur général des services techniques, 40 % des bouteilles de lait mises sur le marché sont en PET opaque. Plus globalement, « a-t-on vraiment d’une cinquantaine de résines au service de l’emballage, de l’automobile, du bâtiment et des équipements électriques et électroniques ? »
Carabistouille
Le syndicat émet des réserves sur l’extension des consignes de tri, qui concerne aujourd’hui la moitié de sa population. « On ne pourra raconter de carabistouille à l’usager : un bon nombre de résines qu’il place dans le bac jaune ne disposent pas de filière de valorisation, souligne Pierre Hirtzberger. On triait auparavant un nombre restreint de résines, pour lesquelles existent des débouchés. Des nouvelles résines entrant en centre de tri, on ne tire pas grand-chose. Pour le service public, l’extension des consignes coûtera plus cher demain. » François Pigaux, directeur général du bureau d’étude Setec, relève que, « si l’on parle beaucoup de partage de la chaîne de valeur, il n’est pas sûr qu’il se fasse à l’avantage des collectivités ».
L’ouverture « tous azimuts » de l’éventail des produits inclus dans la collecte sélective voue en effet les centres de tri à « l’obsolescence programmée », estime-il. Le Syctom doit déjà réinvestir sur des centres qu’il a adaptés il y a quelques années à l’extension des consignes, note Jacques Gautier. Le président du syndicat s’inquiète en outre de l’éventuel déploiement de la consigne pour les bouteilles en plastique, « le flux que l’on capte le mieux » sur ce matériau. « Il convient de s’interroger sur l’intérêt et les coûts d’une telle option. »
Bisbilles
Sur la généralisation du tri à toutes les matières plastiques, Citeo admet qu’« on ne sait pas tout recycler, il faudra des ruptures technologiques », selon Carlos de Los Llanos. Le directeur scientifique de l’éco-organisme justifie toutefois « la collecte de tous les plastiques, qui permet de recycler ceux qui sont recyclables et de construire des filières pour ceux qui ne le sont pas encore. Le plastique est une urgence au plan mondial, évitons de le réduire à de petites bisbilles ».
Vu l’ampleur du sujet, le président du Syctom souhaite que les collectivités collaborent plus étroitement avec l’éco-organisme sur le pilotage de l’extension des consignes. Jacques Gautier rappelle que l’usager « ne s’adresse pas à Citeo mais au maire, qui doit aujourd’hui répondre de décisions à l’élaboration desquelles il n’a pas été associé ».