Alors que le compostage des boues de stations d’épuration en mélange avec des déchets verts constitue le premier débouché pour ces déchets organiques, les associations d’élus et les professionnels de l’assainissement et de la valorisation organique tirent la sonnette d’alarme, les mesures contenues dans le volet agricole de la Frec pouvant condamner la filière.
Chaque année, 3 millions de tonnes de boues de stations d’épuration urbaines (Step) retournent au sol sous forme de compost après un mélange avec des déchets verts. Présenté lors du dernier Salon de l’agriculture, fin février, le volet agricole de la Feuille de route sur l’économie circulaire (Frec) prévoit un traitement séparé des flux de déchets organiques. Avec pour conséquence éventuelle, l’interdiction de mélanger boues de Step et déchets verts, « condamnant la filière du compostage », alertent les associations d’élus et les professionnels de l’assainissement et de la valorisation dans un communiqué commun, diffusé ce 12 mars.
L’Association des maires de France (AMF), Amorce, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade), la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E), le Réseau interprofessionnel des sous-produits organiques (Rispo) et le Syndicat des professionnels du recuclage en agriculture (Syprea) « demandent à ce que cette filière, qui produit des matières fertilisantes de qualité (normalisées, hygiénisées), soit au contraire encouragée ».
Ils rappelent que « chaque année, le retour au sol des boues d’épuration se substitue à la production de 40 000 tonnes d’azote et de 40 000 tonnes de phosphore », soit autant de ressources non renouvelables ou fossiles produites hors Europe, évitant « l’émission de 225 000 tonnes de CO2 », des « bénéfices [qui] sont reconnus au travers de la marque Fertilisant durable », mettent-ils en avant.
Pourtant, « la filière répond aux exigences de qualité et de traçabilité », argumentent-ils, « puisque les composts de boues respectent sans difficultés les mêmes critères de qualité que ceux applicables aux composts de biodéchets » et « la traçabilité réclamée par le volet agricole de la Frec s’applique déjà de longue date ».
« Interdire de façon dogmatique le mélange des déchets organiques reviendrait donc à condamner le compostage des boues, voire le principe même de leur retour au sol. La seule alternative serait alors de les incinérer ce qui aurait un impact significatif sur le prix des services d’eau, réduisant le pouvoir d’achat des Français », avertissent les signataires. Et de conclure : « Dans ces conditions, un des objectifs majeurs du volet agricole de la Frec, qui consiste à augmenter la part des fertilisants issus de ressources renouvelables, ne pourra être atteint ».