Le spécialiste du recyclage automobile, Indra Automobile Recycling, voit son activité croître régulièrement depuis une dizaine d’années, rationalisation de ses process industriels oblige. Alors que la dernière prime à la conversion a boosté le nombre de véhicules hors d’usage (VHU) qu’il a traité en 2018, le recycleur loir-et-chérien est dans les starting-blocks pour l’arrivée des voitures électriques en fin de vie.
Avec le démontage et la dépollution de plus de 500.000 véhicules – essentiellement thermiques – par an, l’entreprise Indra Automobile Recycling (58,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018), accompagnée de son réseau de 370 concessionnaires agréés, se présente comme « le premier acteur du recyclage automobile en France ». Depuis son site de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), où elle a organisé, le 25 mars dernier, une journée « portes ouvertes » à laquelle ont participé près de 300 personnes, l’entreprise solognote cherche à créer une filière de recyclage automobile digne de ce nom dans l’Hexagone. « Notre usine de Romorantin est un site-pilote pour la déconstruction des véhicules hors d’usage (VHU). En seulement 2 heures, nos équipes sont capables de démonter l’intégralité d’un véhicule selon un process semi-industriel », indique Olivier Gaudau, directeur de l’ingénierie d’Indra Automobile Recycling.
Pour ce faire, l’entreprise, dirigée aujourd’hui par Loïc Bey-Rozet, a décidé, à la fin des années 2000, de rationaliser ses lignes de démontage pour extraire toujours plus de pièces (une trentaine par véhicule en moyenne) et de matières (polypropylène, cuivre, pneus, pare-brise, etc.) des « carcasses » des 5.500 VHU entrant sur son site chaque année. Résultats ? « Le taux moyen de valorisation des voitures que nous et notre réseau traitons atteint plus de 95 %, c’est-à-dire qu’il dépasse le taux imposé par le droit européen de l’environnement », tient à faire savoir le directeur général d’Indra Automobile Recycling. A Romorantin-Lanthenay, sur le site même où était située, quelques années auparavant, une usine du groupe Matra Automobile, une partie de l’équipe d’Indra est dédiée à la R&D. Ses objectifs ? Accroître davantage le taux de valorisation des VHU, tout en optimisant les process de démontage – en mettant au point des robots ergonomiques sur-mesure, par exemple.
« La problématique du recyclage n’est plus technique, elle est économique »
« La problématique du recyclage n’est plus technique, elle est économique », résume Olivier Gaudau. Si le cuivre ou le polypropylène font partie des matériaux extraits préférentiellement par le recycleur, certains plastiques et la mousse d’assise des sièges ne sont pas valorisés, faute de rentabilité. « La voiture électrique, qui constituera une part de plus en plus importante de notre gisement dans les années à venir, n’offre pas nécessairement de meilleures opportunités de valorisation », avance le directeur de l’ingénierie. Avant de préciser : « Cela dit, le recyclage des batteries de traction, tout comme leur seconde vie via le stockage stationnaire de l’électricité, n’est plus un problème. Les filières existent ! » Et Olivier Gaudau de citer les entreprises spécialisées Snam (groupe Floridienne), dans l’Aveyron, et Euro Dieuze Industrie (groupe Veolia), en Moselle.
Lors de la journée « portes ouvertes » d’Indra Automobile Recycling, un atelier technique était spécialement consacré à la déconstruction et à la dépollution des véhicules électriques. Des process qui demeurent complexes car risqués et qui, pour être diffusés dans le réseau d’Indra et au-delà, devront encore faire appel à l’expérience et aux compétences de l’équipe R&D de l’entreprise ainsi qu’à son centre de formation « unique dans la filière des VHU ». « Pour dépolluer le moteur d’une voiture thermique, il faut une vingtaine de minutes à une seule personne, alors qu’il faut 2 h environ à 2 personnes pour traiter la batterie d’un véhicule électrique », illustre Nicolas Paquet, responsable méthodes et centre de formation d’Indra. Si le chemin du recyclage intégral – et rentable – des voitures électriques est encore sinueux, l’éco-conception des véhicules de demain peut s’avérer une « voie de secours » vertueuse. « Nous y travaillons, notamment avec le groupe Renault, pour lequel nous étudions quelques-uns des prototypes d’un point de vue environnemental... », confie Loïc Bey-Rozet.