Skytech a présenté, ce jeudi 27 juin à Bonnières-sur-Seine (78), sa ligne de séparation des plastiques issus du traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques ainsi que des véhicules hors d’usage.
« Le démarrage de notre activité industrielle s’appuie sur une histoire riche de promesses, avec en toile de fond le développement de l’économie circulaire », avance Philippe Caron, président de Skytech. L’histoire commence par le travail de recherche et développement de la société APR2, qui a mis au point un procédé breveté de séparation de polymères plastiques par triboélectricité. En s’appuyant sur le savoir-faire d’APR2, « la création de Skytech repose sur la volonté de donner une identité à ce travail », explique Philippe Caron.
Le procédé de Skytech permet de séparer, sans solvant, des granulats de plastiques issus du broyage de déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) ainsi que des véhicules hors d’usage (VHU) que les techniques de tri traditionnelles ne parviennent pas à isoler, car ils présentent les mêmes caractéristiques techniques. La triboélectricité parvient à les séparer en se basant sur leur capacité à acquérir des charges positives ou négatives lorsque ces broyats se frottent les uns aux autres sous l’action d’un champ électrique intense (de l’ordre de 70 000 volts).
Objectif 100 % pur
Résultat, l’entreprise est capable de fournir des granulats d’ABS (acrylonitrile butadiène styrène), de PS (polystyrène) et de PP (polypropylène) (et d’isoler le PA) à une pureté comprise entre 97 et 99 %. « Notre objectif est d’atteindre les 100 % », avance Hervé Garest, responsable de production de Skytech. Ces taux de séparation sont contrôlés dans le laboratoire intégré de l’entreprise. Cinq paramètres techniques y sont vérifiés pour répondre aux cahiers des charges des plasturgistes (dureté, mesure de l’indice de fluidité, couleur, traction et flexion).
Une fois triés, les granulés sont utilisables dans la fabrication de produits neufs. La capacité de la ligne de production est actuellement de 250 t par mois, et Skytech ambitionne de produire à l’horizon 2025, 10 000 tonnes par an et par ligne de séparation de plastiques recyclés. « Nous nous sommes installés sur un marché de niche où il existe peu de concurrence. En effet, lorsque la qualité est au rendez-vous, un prix de marché existe », justifie le président, même si le recyclé n’a pas encore totalement séduit les plasturgistes.
« Un business profitable »
« L’acceptation est en cours et la proportion de recyclé progresse, notamment pour tenir compte de la demande des consommateurs », constate Philippe Caron. « Les cours des matériaux en plastique recyclé et les résines vierges commencent à être décorrélés. Un marché de la matière recyclée se crée, et c’est une bonne nouvelle », se réjouit-il. « Nous souhaitons, d’ici à la fin de l’année, nous équiper d’une extrudeuse pour livrer des granules à plus haute valeur ajoutée aux plasturgistes. Mais ces machines nécessitent des financements qui ne sont pas là à ce jour », constate Philippe Caron. Gageons que ces fonds ne tarderont pas à venir pour cette PME qui fonctionne comme une star-up.