Même facture, même quadrature des coûts : avec une dépense par habitant comparable à la moyenne du territoire, l’Ile-de-France doit maximiser la valorisation pour ne pas subir la hausse de fiscalité sur l’enfouissement et l’incinération.
L’Ile-de-France – à l’exclusion de Paris – se situe dans la moyenne des coûts de collecte et de traitement des déchets ménagers et assimilés : le coût aidé1 s’y établit à 89,7 euros (hors taxes) par habitant en 2015 à comparer aux 92,5 euros par habitant à l’échelle du pays en 2016, selon les données présentées, le 8 octobre, par l’Observatoire régional des déchets et la délégation régionale de l’Ademe. Abstraction faite de la capitale, l’Ile-de-France affiche des coûts comparables à ceux du Grand Est (91 euros en 2015), supérieurs à ceux d’Auvergne-Rhône-Alpes (88 euros en 2017) mais inférieurs à ceux de la Nouvelle-Aquitaine (95 euros en 2016).
Sur les périmètres francilien et national, les déchets résiduels représentent la majeure partie du tonnage et de la facture (54 % du coût aidé sur la région – hors Paris – et 57 % en France). Les déchets « du quotidien » (résiduels et recyclables, hors déchetteries) comptent pour 78 % du coût aidé en Ile-de-France et 86 % sur l’ensemble du territoire. Les déchèteries ne pèsent que 10 % du coût aidé à l’échelle de la région (qui dispose d’un site pour 69.000 hab.) contre 22 % à celle du pays (un site pour 14.000 hab.).
Sortir le recyclable du bac résiduel
Maîtriser les coûts implique de détourner massivement les valorisables du bac gris, promis à une TGAP qui doit doubler pour l’incinération et être multipliée par 2,7 pour le stockage d’ici 2025. En Ile-de-France, 72 % des emballages et papiers et 41 % du verre finissent à la poubelle. Leur valorisation s’impose d’autant plus que les sites franciliens d’enfouissement sont proches de la saturation. Neuf régions sur treize sont en incapacité de traiter leurs déchets résiduels, selon l’association Amorce.
« Le renchérissement de la TGAP rendra intéressant le captage des biodéchets, dont la directive de 2018 prévoit le tri à la source d’ici fin 2023, observe Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage. Malheureusement, la valorisation de ce flux n’est guère soutenue. » Selon le référentiel publié en juillet par l’Ademe, le coût aidé de la collecte séparée des biodéchets ressort à 18 euros par habitant en 2016. Le Syctom de l’agglomération parisienne, qui en valorisera près de 10.000 tonnes en 2019 dans un cadre expérimental2, vise 184.000 tonnes en 2031.
Relancer la prévention
« Après l’emballement pour les programmes locaux de prévention qui a suivi les lois "Grenelle" de 2009 et 2010, l’action s’essouffle du fait du tarissement des aides et des contraintes budgétaires des collectivités, relève Virginie Lledo, directrice du pôle déchets et économie circulaire du cabinet Espelia. Or, son effet se mesure sur le long terme. » Si les gains pour le service public sont difficiles à évaluer, ceux pour le budget des ménages sont chiffrables : autour de 200 euros par an et par habitant. en buvant l’eau du robinet et en limitant le gaspillage alimentaire, selon Espelia. Grenoble Alpes Métropole estime à 14 % du poids de la poubelle résiduelle les déchets « évitables » (bouteilles d’eau, aliments non consommés, publicités en boîte aux lettres et textiles sanitaires).
1 : soit le coût restant à la charge des collectivités ou coût complet dont sont retranchés les recettes industrielles (donnant le coût technique), les soutiens des éco-organismes (coût partagé) et les aides diverses. 2 : auprès de 12 territoires soit 46 communes, 85 marchés et 328 établissements de restauration collective.