Son congrès à peine clos, l’Association des maires de France s’est empressée de communiquer sur l’abandon de la consigne des bouteilles en plastique. Sans s’attarder sur les zones d’ombre laissées par les discours d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe.
En deux temps, l’exécutif a fait marche arrière sur le projet de consigne sur les bouteilles en plastique porté par la secrétaire d’Etat Brune Poirson, l’éco-organisme Citeo et le Collectif boissons. « Sur ce sujet particulièrement sensible (…), rien ne se fera sans l’accord des maires », a déclaré le président de la République le 19 novembre, à l’ouverture du congrès des maires. Le jour-même, la commission des finances de l’Assemblée nationale examinait le projet de loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire. Et restaurait le principe de la consigne des bouteilles en plastique en vue de leur recyclage, supprimé fin septembre par le Sénat qui la réservait à la réutilisation et au réemploi. Les commentaires sont un temps allés bon train sur la bouteille consignée, à moitié vide ou pleine.
Toutes les associations sont contre
En clôture du congrès, le 21 novembre, le Premier ministre a relayé le message présidentiel sur cette nouvelle voie de collecte par la grande distribution, contre une rétribution d’une quinzaine de centimes : « Nous ne la mettrons pas en œuvre sans l’accord des associations d’élus », a-t-il assuré, tout en appelant à « une obligation de résultat ».
Fin des conjectures, selon l’Association des maires de France : « Toutes les associations d’élus, sans exception, se sont prononcées contre la consigne », tranche le président de la commission déchets, Nicolas Soret, soulagé que « le dossier soit derrière nous » et que soit reconnue « l’expertise des collectivités ». Passant peut-être un peu vite sur les ambigüités des discours d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe : le premier a évoqué la poursuite du « dialogue au Parlement » et « l’indispensable concertation » ; le second a souligné que la consigne a fait ses preuves « dans d’autres pays » et invité à continuer « à travailler ensemble ».
Une gratification en nature, dans les équipements publics
Pour Nicolas Soret, la concertation servira à « démontrer que les collectivités seront au rendez-vous européen (la directive de 2018 fixe un objectif de 90 % de collecte en 2029, NDLR), sans la consigne mais avec le déploiement du tri de tous les emballages sur l’ensemble du pays, que traiteront des centres de tri modernisés. Même si le débat sur la consigne a retardé de six mois les investissements sur certains territoires, que retenait l’incertitude sur les tonnages attendus ».
L’AMF propose que les gares, aéroports et autres lieux de vie collectent les déchets d’emballages comme partenaires de Citeo, dont ils percevraient des soutiens dans les mêmes conditions que les collectivités. Le président de la communauté de communes du Jovinien (Yonne) se dit prêt à étudier diverses formes de « gratification » des trieurs « hors foyer ». Par exemple sous forme d’entrée dans les équipements publics locaux (théâtre, cinéma, piscine).