Les industriels du recyclage plastique viennent de se déclarer en péril économique. Ils s’estiment en effet victimes d’une double peine avec l’effondrement des commandes et la chute des cours des plastiques issus du pétrole qui rendent les matières issues du recyclage moins attractives.
Alors que cette situation dramatique pour l’industrie du recyclage du plastique pourrait durer, les industriels appellent, dans un communiqué commun diffusé par Fédération professionnelle des entreprises de recyclage (Federec), à « un renforcement des mesures soutenant l’utilisation des plastiques issus du recyclage ». Alors que cette activité tourne actuellement à 80 % de ses capacités habituelles, les industriels s’inquiètent pour leur pérennité.
Les mesures de confinement ont ainsi entraîné l’arrêt de l’industrie, consommatrice de plastique recyclé, plus particulièrement dans les domaines du BTP, de l’automobile et de l’emballage non alimentaire. Dans le même temps, la chute du prix du baril de brut a mécaniquement entraîné la baisse du prix des résines issues du pétrole, ce qui pourrait inciter les industriels à délaisser la matière première issue du recyclage au profit de résines fossiles devenues moins chères. Un cours de pétrole durablement bas risquerait d’asphyxier économiquement l’industrie du recyclage plastique, dont les prix ne peuvent rivaliser. Bonus-malus et obligations d’incorporation
Alors que le seul gisement épargné est le PET issu des collectes sélectives, grâce à l’obligation d’en incorporer 25 % dans les emballages pour boissons à compter de 2025, la filière appelle le gouvernement à prendre « des mesures incitatives fortes et rapides pour favoriser ou imposer la consommation de matières plastiques issues du recyclage ». Les industriels proposent par exemple de fixer « à des niveaux réellement incitatifs » un bonus-malus dans le cadre de la Responsabilité élargie du producteur (REP) sur les emballages ménagers, mais aussi sur les futures REP concernant le BTP et les déchets d’emballages industriels et commerciaux (DEIC). De même, les membres de Federec souhaitent élargir les obligations d’incorporation de matières plastiques issues du recyclage dans les produits finis, « sur le modèle de l’obligation instaurée pour le PET recyclé dans les emballages pour boisson ».
Ainsi, les industriels adhérents de Federec Plastiques sont favorables à « l’instauration immédiate d’une obligation d’incorporation de PEHD recyclé dans toutes les applications du secteur du bâtiment, telles que les tubes et canalisations ; ou encore une obligation d’incorporation de PP recyclé à hauteur de 15 % dans les emballages industriels non alimentaires et pots horticoles ». Ils souhaitent enfin la réévaluation des normes interdisant l’utilisation de matières recyclées.
Un accord cadre pour faciliter le maintien de l’activité
Par ailleurs, le 14 mai dernier, les quatre organisations syndicales FGMM CFDT, FO, UNSA Industrie et Construction et CFE CGC, ont signé un accord cadre sur la mise en place de l’activité partielle individualisée, autorisée par ordonnance du 22 avril 2020. "Cet engagement des partenaires sociaux permet aux entreprises du recyclage, et notamment les TPE et PME, de bénéficier de dispositions conventionnelles adaptées pour faciliter la gestion de la crise et l’organisation des sites", explique Federec dans un communiqué ce mercredi 20 mai.