L’entreprise de production de litière végétale pour chats, Rettenmaier France, publie une étude sur les bénéfices des litières organiques en comparaison avec les litières minérales, parmi lesquels, la réduction du poids et du volume de la production de déchets et la valorisation organique.
La France compte 14 millions de chats domestiques, qui ont généré 612.000 tonnes de déchets de litière en 2019. Face à ce constat, l’entreprise de production de litière végétale à base de sciure de bois, Rettenmaier France, a voulu démontrer les bénéfices de l’utilisation de litière végétale, en comparaison avec la litière minérale, à base d’argile. En France, seuls deux sites produisent de la litière végétale, dont celui de Rettenmaier France situé à La Roche en Brénil (Bourgogne), qui produit environ 20.000 tonnes par an. 33.000 tonnes de litière végétale sont vendues chaque année en France, soit 8% des ventes de litière.
« Les litières représentent 3,5% du total des déchets en France », indique le directeur commercial de Rettenmaier France, Nicolas Dubois. « Et l’agglomération de Châteauneuf-sur-Loire dans le Loiret, a démontré, en se basant sur la méthodologie Modecom de l’Ademe, que cette part pouvait atteindre 7% dans les endroits les plus urbanisés », ajoute-t-il. Pour son étude, l’entreprise a fait appel à un laboratoire ainsi qu’aux cabinets de conseil AConsult et Méthaconsult. Il en ressort qu’un utilisateur de litière végétale produit 64 kg de déchets par an contre 270 kg pour les litières minérales à base d’argile. « Si toutes les litières minérales étaient remplacées par des litières végétales, un gain annuel de 210 tonnes d’ordures ménagères serait possible, ce qui représente un camion de déchets en moins par mois et une économie de 50.000 euros par an pour une collectivité de 100.000 habitants », souligne Nicolas Dubois.
Et si les litières végétales obtenaient le statut de biodéchet ?
Un gain alléchant pour les collectivités qui sont pourtant peu nombreuses à valoriser les litières animales. Le rapport rappelle une étude de l’Ademe menée en 2018 sur la mise en place du tri à la source des biodéchets dans 125 communes. « 32% du parc analysé accepte les litières animales uniquement sous forme végétale. La majorité des collectivités n’accepte pas ces déchets par soucis de simplification de la communication », peut-on lire dans l’étude de Rettenmaier France. « Si la litière végétale était reconnue comme biodéchet et était collectée comme tel, cela lui ouvrirait des filières de valorisation industrielle », explique Nicolas Dubois, en soulignant que l’entreprise est d’ores-et-déjà en discussion avec les pouvoirs publics dans le cadre de la loi antigaspillage pour une économie circulaire. Cette étude vient donc multiplier les arguments de Rettenmaier France afin d’obtenir le statut de biodéchet pour les litières végétales, et in fine, d’inciter collectivités et citoyens à les privilégier par rapport aux litières minérales.
A la recherche de la meilleure valorisation
Car au-delà d’une économie réalisée sur la collecte des déchets, l’étude met en avant les différentes possibilités de valorisation des déchets de litières végétales, alors que 65% des ordures ménagères résiduelles collectées en France sont incinérées. « Valorisation énergétique par la méthanisation, compostage, valorisation calorifique », énumère le directeur commercial. Le rapport précise qu’aussi bien les litières organiques que minérales peuvent être collectées avec les biodéchets ménagers. « Elles n’induisent pas de problèmes biologiques ni mécaniques particuliers au niveau du traitement par méthanisation ou compostage », explique Hélène Futeau, du cabinet Méthaconsult. Mais elle remarque que « la litière organique présente l’avantage en méthanisation de participer à la production d’énergie, d’équilibrer un rapport carbone/azote quand elle est mélangée à des déchets alimentaires et de fournir un précurseur d’acides humides dans le cadre de la valorisation agricole du digestat ». Le pouvoir méthanogène de la litière végétale n’est cependant pas significatif et reste théorique. Il « mériterait désormais d’être expérimenté », estime l’auteur du rapport d’étude, Emmanuel Adler.
Ce dernier affirme l’intérêt de la litière végétale pour le compostage à échelle industrielle. « Les risques hygiéniques et de toxoplasmose sont éliminés par le procédé d’hygiénisation du compostage industriel français, qui consiste à faire chauffer la matière à 70°C pendant une heure », rappelle-t-il. L’étude nous apprend en effet que le parasite Toxoplasma gondii, vecteur de la toxoplasmose, est inactif après avoir passé une à deux minutes à une température comprise entre 55 et 60 degrés. A échelle individuelle, Emmanuel Adler estime néanmoins que « la solution la plus intelligente est la mise à l’égout ». Selon lui, cette solution serait même bénéfique pour les stations d’épuration car « la sciure de bois permet de participer à la déshydratation des boues ».
Pour aller plus loin dans la connaissance des bénéfices de l’utilisation des litières végétales, « il serait opportun de mener une expérimentation dans des cabinets ou écoles vétérinaires », suggère Emmanuel Adler.