Alors que, pour tenter d’endiguer la propagation du Covid-19, le gouvernement a ordonné un deuxième reconfinement, comment les collectivités locales et les entreprises des secteurs de l’environnement traversent-elles cette nouvelle épreuve ? Quelles leçons ont-elles tirées du premier confinement ? Comment envisagent-elles l’avenir désormais ? Environnement-magazine.fr donne aujourd’hui la parole à François Excoffier, le tout nouveau président de la Fédération des entreprises du recyclage (Fédérec).
Comment avez-vous vécu l’annonce du second confinement ?
Je l’ai vécue depuis la Haute-Savoie, d’où je suis originaire. Je dirige, avec mon frère, depuis 2002, l’entreprise familiale Excoffier Recyclage. Le deuxième confinement est arrivé quelques jours après mon élection à la présidence de Fédérec. L’équipe de permanents, dirigée par Manuel Burnand, a prouvé durant le premier confinement tout son professionnalisme et sa capacité à agir et à mettre en place une cellule de crise qui a permis, et qui permet aujourd’hui encore, un accompagnement de grande qualité.
La Fédération s’est mobilisée dès les premiers jours du confinement et a déployé une stratégie de communication basée sur une information constante des mesures à mettre en œuvre, par le biais de "Flash-infos" quotidiens les plus didactiques possibles. Enfin, avec le bureau exécutif et le conseil d’administration, nous sommes et restons à l’écoute de nos adhérents afin de les aider à faire face aux nombreux défis qui s’annoncent. Nous sommes actuellement en pleine reconstruction économique et nous devons travailler activement sur le plan de relance.
Quelles leçons avez-vous tirées du premier confinement ?
Nous en avons tiré des leçons très positives. Notre profession a été reconnue comme étant un service essentiel à la Nation et a su s’adapter et faire face. Les professionnels du recyclage ont assuré les prestations pour l’agroalimentaire, la pharmacie, la logistique, etc. Ils ont participé activement au maintien des services essentiels. De plus, un fort lien s’est tissé entre les différentes parties prenantes et a permis une étroite collaboration avec les autorités sanitaires, les différents ministères et autres organisations professionnelles. Ce qui prouve que dans la tempête, les femmes et les hommes savent s’unir, collaborer et trouver des solutions ensemble.
Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez ?
Ce deuxième confinement du mois de novembre nous apporte des signaux positifs sur la possibilité de continuer une activité économique tout en adoptant des mesures sanitaires renforcées. Les entreprises du recyclage sont au cœur de la construction d’une stratégie industrielle qui allie performance économique et bénéfices environnementaux. Nous sommes pleinement mobilisés pour investir dans l’innovation et ainsi renforcer la souveraineté économique de la France et de l’Union européenne.
Comment la crise impacte-t-elle votre activité professionnelle ?
Les entreprises du recyclage sont toutes impactées avec une intensité différente selon les filières. Les filières de recyclage dont l’activité est intimement liée à des industries qui se sont arrêtées de fonctionner lors du premier confinement sont naturellement les plus touchées. En revanche, cette crise a plus que jamais mis en lumière leur rôle essentiel pour la continuité de la vie du pays et nous pouvons en être collectivement très fiers.
On a beaucoup parlé de "l’après-Covid". Comment envisagez-vous l’avenir désormais ?
Ma priorité est d’ancrer les entreprises du recyclage comme les pierres angulaires de l’industrie de demain. L’heure est à la croissance verte et à la souveraineté économique de la France et de l’Union européenne. Nos entreprises ont un rôle immense à jouer pour atteindre ces ambitions. Le gouvernement doit voir dans les entreprises du recyclage des partenaires de confiance pour renforcer l’indépendance de la France en matière première mais aussi son indépendance énergétique et agronomique.
Les sujets que je porterai en priorité seront donc l’incorporation de toutes les matières premières issues du recyclage, du développement de nouveaux débouchés à la pérennité de leur demande ; la compétitivité de nos entreprises, de leur environnement réglementaire et fiscal à l’équilibre de leurs relations avec les éco-organismes ; ainsi que le développement de la filière combustibles solides de récupération (CSR). Notre filière s’inscrit dans toujours plus d’innovation mais elle reste composée d’hommes et de femmes qui font sa richesse. J’aurai ainsi à cœur de développer l’accompagnement de nos métiers par une forte action tournée vers la formation.