Olivier de Montlivault, CEO de SOS Accessoire. Crédits : DR
Olivier de Montlivault, directeur général de SOS Accessoire spécialisée dans le diagnostic, réparation et entretien des électroménagers, évoque le marché de la seconde main, son développement ces derniers années dans différents secteurs et son impact environnemental.
Depuis le 1er janvier 2021, nous voyons apparaître sur un certain nombre de produits une mention concernant l’indice de réparabilité (notamment les smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs…). Cette mesure s’inscrit dans la loi anti-gaspillage AGEC et vise à sensibiliser les consommateurs ainsi que les fabricants. Pilier de l’économie circulaire, le reconditionnement définit les produits d’occasion qui ont été testés et réparés avec des pièces d’origine ou compatibles. Ce marché attire de plus en plus d’acteurs et séduit les utilisateurs : selon un sondage Ifop réalisée en 2020, 60 % des Français ont acheté ou ont l’intention d’acheter un smartphone reconditionné, soit +7 points par rapport à 2019. L’engouement pour le reconditionnement : véritable tendance de fond ou mode passagère ?
La seconde jeunesse d’un marché pas si jeune ?
Nettoyer un appareil, le tester et en réparer les pièces défectueuses, c’est un peu la raison d’être de structures comme Emmaüs ou Envie. Certes, mais depuis quelques années, la démarche s’est considérablement démocratisée, jusqu’à gagner des géants de la téléphonie mobile. Si l’ordinateur et le téléphone portable sont les objets reconditionnés les plus plébiscités, les appareils électroménagers ne sont pas en reste. Plus novateur, nous voyons arriver sur le marché des jeans ou des sacs à main reconditionnés, des voitures, ou même des outillages industriels. L’idée même de la seconde main fait son chemin dans l’esprit des Français, et accompagne leurs questionnements écologiques et responsables.
La nécessité de changer en profondeur les habitudes de consommation
Le développement du marché des produits reconditionnés suppose un virage important dans les habitudes d’achat des consommateurs. La crise sanitaire aura fait prendre conscience aux Français que leurs modes de vie pouvaient avoir un effet délétère sur l’environnement, en plus d’avoir réduit les budgets des ménages. La surconsommation a fait son temps. Et pourtant, en 2019, 30 millions de smartphones inutilisés dormaient encore dans les tiroirs, pour seulement 4 millions d’appareils reconditionnés et vendus.
Les Français auraient-ils du mal à passer à l’acte en matière de consommation responsable ? Peut-être, mais l’envie de mieux consommer est réelle chez les jeunes générations, plus rassurées que leurs ainés par les produits reconditionnés. Le 100 % neuf est en train de perdre de son aura. Mais 43 % des Français hésitent encore car ils ont peur que le produit reconditionné soit moins fiable que le neuf, ou qu’il ait une autonomie moindre. Il reste aux reconditionneurs de rassurer leur clientèle aux moyens d’arguments fondés et parlants : le prix certes, mais aussi des informations qualitatives et des garanties, permettant au client final de bien comprendre qu’il est face à un objet reconditionné et non pas à un produit d’occasion.
Un marché qui ne s’adresse pas qu’aux particuliers
Avec le développement soudain et forcé du télétravail, les entreprises n’ont pas eu d’autres choix que d’équiper en urgence leurs collaborateurs pour travailler à domicile. Les budgets ne sont pas extensibles et certains arbitrages ont dû être faits, parfois au détriment de la performance des outils et de leur sécurité. Or, les produits de seconde main permettent des économies d’échelle importantes. Si les particuliers sont désormais plus enclins à investir dans des produits électroniques reconditionnés, les professionnels semblent encore un peu réticents. A tort, car de nombreux acteurs proposent désormais des offres spécifiques et fiables pour les entreprises, comme du mobilier de bureau reconditionnés.
Parallèlement, les sujets autour de la collecte et du recyclage des déchets électriques et électroniques ont pris de l’importance au sein du débat public. Les objets reconditionnés, avec leur empreinte carbone réduite, s’inscrivent dans cette démarche éco-responsable souvent en ligne avec les politiques RSE des entreprises. Pour ces dernières aussi, le reconditionné s’affirme comme une alternative crédible au neuf.
Le seul frein au déploiement à grande échelle des produits reconditionnés est dans l’esprit des consommateurs. Il est temps de changer de paradigme et de reconnaître les bienfaits de cette démarche. Il ne suffit plus d’y être favorable, il devient urgent de passer à l’acte sans attendre la prochaine crise sanitaire ou les prochaines catastrophes environnementales. Les ressources ne sont pas inépuisables : chacun doit participer à la construction de ce cercle vertueux qui ralentira concrètement l’impact écologique et social de nos consommations. Oui, les produits de seconde main, réparés et réhabilités, peuvent devenir la norme. Il ne tient qu’à nous de nous inscrire dans ce comportement écologique, responsable et citoyen !