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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Tribune | « Quand le plastique revient au centre de la table dans la restauration rapide »

PUBLIÉ LE 26 JUIN 2023
DAVID SCHISLER, MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA EUROPEAN PAPER PACKAGING ALLIANCE
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Tribune | « Quand le plastique revient au centre de la table dans la restauration rapide »
David Schisler, membre du conseil d’administration de la European Paper Packaging Alliance. Crédit : DR
Pour réduire drastiquement la production de déchets plastiques, « il est primordial de soutenir des alternatives durables au plastique et de les placer au cœur de la transition énergétique », souligne David Schisler, membre du conseil d’administration de la European Paper Packaging Alliance (EPPA).

C’est en France que s’est tenu le sommet international visant à lutter contre la pollution plastique. Terminé il y a quelques  jours, l’objectif était de donner de l’élan aux négociations visant l’établissement d’un traité juridiquement contraignant pour réduire drastiquement la production de déchets plastiques. Pour rendre possible une telle ambition, il est primordial de soutenir des alternatives durables au plastique et de les placer au cœur de la transition énergétique.  

La lutte contre le plastique a été un fer de lance de la France et de l’UE ces dernières années. De la Directive SUP sur le plastique à usage unique, au Pacte national sur le plastique et à la Loi AGEC relative à la lutte contre le  gaspillage et à l’économie circulaire, de nombreux textes ont été adoptés pour éliminer  progressivement les produits en plastique du continent. Et les premiers résultats ont été  encourageants. Plus de coton-tiges, de pailles ou de sacs en plastique à usage unique. En  2020, la consommation de plastique a reculé de 11 % en France et de 5,1 % dans toute l’Europe.  

La recherche de substitutions au plastique a entraîné des investissements significatifs dans  l’industrie, et de nouveaux produits ont été développés, notamment en papier carton. Les consommateurs eux aussi ont adapté leurs comportements et se sont tournés vers ces  alternatives. Ces efforts sont pour autant menacés aujourd’hui et un retour inattendu du plastique se profile.  En bannissant les emballages en papier, certes à usage unique, mais recyclables et renouvelables, la porte a été laissée ouverte au retour du plastique. Voilà l’écueil principal de la Loi AGEC entrée en vigueur en janvier dernier, qui a remplacé dans la restauration rapide  la vaisselle à usage unique en papier par de la vaisselle réemployable, majoritairement en plastique. Concrètement, gobelets, sachets de frites, coupes à glace composés entièrement de plastique  ont remplacé la vaisselle en papier, entraînant une augmentation vertigineuse de la quantité  de plastique sur le marché, à l’encontre de tous les efforts déployés pour éliminer ce matériau. 

Au-delà du fait que cette substitution va augmenter nos émissions de CO2 de 50% et  quintupler notre consommation d’eau potable, ces nouveaux objets issus de ressources  fossiles deviendront également des déchets à terme. Comment sera gérée la fin de vie d’un 
emballage réemployable composé de plastique non recyclable? En raison des flux importants  de vaisselle de la restauration rapide, ces contenants réemployables présentés comme zéro  déchet auront une durée d’utilisation de quelques jours, avant de devenir eux aussi des  déchets. Sans filière de recyclage. 

Quatre fois plus de déchets d’emballages plastiques

Zéro déchet ne signifie pas zéro impact environnemental. Chaque réemploi signifie un  lavage, un rinçage et un séchage (parfois complexe dans le cas du plastique qui sèche plus  difficilement que la céramique par exemple), tandis que la vaisselle à usage unique en papier  est directement envoyée en centre de tri puis en papeterie pour être recyclée. Plusieurs  observations montrent que les nouveaux articles réemployables sont en fait très peu  réemployés, quand ce n’est pas une seule fois. Compte tenu du risque que cette vaisselle  finisse dans la nature comme de nombreux autres produits en plastique, n’est-il pas mieux de  favoriser des produits fabriqués à partir de matières renouvelables, facilement recyclés et  transformés en ressource secondaire de qualité ? Le papier carton est devenu un matériau  banni alors qu’il s’inscrit parfaitement dans les solutions visant à réduire nos déchets. 

Au niveau européen, une telle mesure aurait des conséquences désastreuses : selon un  rapport du cabinet Kearney, la mise en place de vaisselle réemployable en Europe entraînerait  la production de quatre fois plus de déchets d’emballages plastiques pour la restauration sur  place et seize fois plus pour la vente à emporter. L’impact environnemental est tout aussi préoccupant. Une Analyse de Cycle de Vie (ACV) comparant la vaisselle à usage unique à  base de papier carton et la vaisselle en plastique réemployée (au moins 100 fois) a révélé que  le passage à cette vaisselle réemployable équivaudrait à ajouter chaque année un million de  voitures à essence sur les routes de l’Union européenne et à prélever l’équivalent des besoins  annuels en eau douce d’une ville de 750 000 habitants. 

Les choses peuvent changer. Des produits écologiques alternatifs au plastique existent déjà. Les emballages en papier sont à usage unique il est vrai, mais leurs fibres peuvent être  réutilisées grâce au recyclage! Fabriqué à partir d’un matériau naturel et renouvelable, le  papier carton est recyclable et effectivement recyclé: il dispose d’une filière de recyclage très  efficace en France et en Europe, qui permet de réutiliser plus de 25 fois les fibres afin de les  transformer en nouveaux emballages, comme des boîtes d’œufs par exemple. Et de fait, il  reste moins polluant que le plastique : ce ne sont pas les emballages en papier que l’on  retrouve dans la mer ou sur les plages… La dernière étude de l’organisation Surfrider sur les déchets retrouvés sur les plages européennes en atteste.  

Les emballages papier, renouvelables et recyclables, devraient être mis en avant par nos  dirigeants, d’autant qu’ils proviennent d’une filière intégralement européenne. La quantité de déchets en plastique déversée dans nos océans va continuer à croître sans mesure drastique  adoptée au niveau français et européen. Le papier carton est une solution. Il ne devrait pas  être perçu en opposition avec les politiques de réduction des déchets d’emballages, au contraire. C’est une solution complémentaire au réemploi et dans certains cas, la meilleure option en termes de performance environnementale. Soutenons cette alternative durable. 
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