Environnement Magazine : Comment se porte le secteur du reconditionné en France ?
Guy Pezaku : Les chiffres varient en fonction des produits. Dans certains secteurs comme celui des smartphones et plus généralement de la technologie, le reconditionné représente près d’un quart des ventes, grâce notamment aux efforts de Back Market au cours de la dernière décennie pour ancrer cette pratique dans les habitudes des Français. En revanche, pour les gros électroménagers, sur lesquels nous travaillons, le chemin à parcourir est encore considérable.
EM : Quels sont les freins à ce secteur ?
Guy Pezaku : C’est un marché vaste, avec environ 210 millions d’appareils à maintenir en France. Cependant, comparé au secteur des smartphones, l’industrie du gros électroménager est en retard pour deux raisons majeures. Tout d’abord, le nombre de techniciens en France est insuffisant, avec seulement entre 3000 et 5000 techniciens pour répondre à une demande croissante. Ensuite, les Français sont peu enclins à faire appel à un professionnel en cas de panne hors garantie. Environ 90 % optent pour l’achat de produits neufs, ce qui entraîne un gaspillage de matériaux. De plus, il n’existe pas encore de processus clairement établi pour récupérer les appareils usagés en vue de leur reconditionnement. Raison pour laquelle nous avons mis en place un service de collecte à domicile.
EM : Quelles sont les solutions que propose Murfy pour remédier à ces problèmes ?
Guy Pezaku : Notre plateforme s’adresse aux particuliers confrontés à des pannes hors garantie. Sur notre plateforme en ligne, ils peuvent réaliser un autodiagnostic de leur appareil et obtenir des instructions étape par étape pour l’auto-réparation. Si l’utilisateur ne peut pas réparer son appareil lui-même, il peut faire appel à l’un de nos professionnels du réseau. Nous proposons un forfait d’intervention fixe, qui couvre tous les déplacements et la main-d’œuvre. Les pièces détachées ne sont pas comprises dans ce forfait, et nécessitent un devis. En cas de refus du devis pour x raisons, Murfy transforme le forfait intégralement en bon d’achat en vue d’acheter un produit reconditionné sur notre boutique en ligne.
Puis on arrive à notre activité de reconditionnement. Nos ateliers sont implantés partout sur le territoire, lorsqu’un client a besoin de se séparer d’un appareil, il peut faire appel à notre service de collecte à domicile. Nous le récupérons gratuitement pour le reconditionner avec une remise en état pour qu’il soit 100% fonctionnel. Si l’appareil ne fonctionne pas, on le démonte en pièces détachées et les proposer lors de nos réparations en pièces détachées reconditionnées, et seulement si rien n’est possible, il part au recyclage.
EM : Les pouvoirs publics accordent-ils suffisamment d’attention au secteur du reconditionné ?
Guy Pezaku : Malheureusement, le gouvernement se concentre davantage sur la réparation que sur le reconditionnement, bien que nous puissions réemployer jusqu’à 40 % des appareils collectés. Cela peut s’expliquer par la visibilité accrue de la filière de recyclage. 97 % des appareils jetés partent directement au recyclage. Nous, reconditionneurs, sommes donc en concurrence directe avec la solution de recyclage, et nous n’arrivons pas à accéder à ce gisement précieux.
Recyclage et réemploi, quelle est la différence ?
Le recyclage et le réemploi sont deux approches distinctes. Le recyclage implique la collecte, le traitement et la transformation des déchets en matières premières ou produits nouveaux, tandis que le réemploi se concentre sur la réutilisation des produits existants. Ce dernier consiste à prolonger la durée de vie d’un produit en le réutilisant tel quel ou après une réparation légère. Cela peut concerner des objets tels que les vêtements, les meubles, les appareils électroniques, etc.
Le recyclage et le réemploi sont deux approches distinctes. Le recyclage implique la collecte, le traitement et la transformation des déchets en matières premières ou produits nouveaux, tandis que le réemploi se concentre sur la réutilisation des produits existants. Ce dernier consiste à prolonger la durée de vie d’un produit en le réutilisant tel quel ou après une réparation légère. Cela peut concerner des objets tels que les vêtements, les meubles, les appareils électroniques, etc.
EM : Quelles sont vos recommandations pour stimuler davantage ce secteur ?
Guy Pezaku : Nous suggérons d’augmenter les objectifs de réemploi fixés aux éco-organismes afin de faciliter l’accès des reconditionneurs à ces appareils au lieu de les envoyer au recyclage. De plus, il est essentiel d’encourager la collecte préservante en rappelant aux consommateurs que ces appareils ne constituent pas des déchets mais des produits qui peuvent encore bénéficier d’une seconde vie. Dans ce cas, nous avons besoin d’un coup de pouce des collectivités pour favoriser la collecte et augmenter le potentiel de réemploi et de réutilisation de ces biens.