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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Tribune : | « Le tri à la source des biodéchets, une source d'interrogation pour les professionnels du tourisme »

PUBLIÉ LE 19 FÉVRIER 2024
AVA MODDABBER, COUNTRY MANAGER FRANCE POUR ECO-ONE
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Tribune : | « Le tri à la source des biodéchets, une source d'interrogation  pour les professionnels du tourisme »
Ava Moddabber, country Manager France pour ECO-ONE.
Le défi est lancé ! Depuis le 1er janvier, le tri des biodéchets à la source concerne tous les Français, particuliers comme professionnels. Et quand on sait qu’en 2023 seuls 20% des hôtels-restaurants et des hôtels haut de gamme, déjà contraints par la réglementation, se préoccupaient du tri de leurs déchets alimentaires, la marge de progression reste grande, estime Ava Moddabber, country manager France pour Eco-One.
  
Le milieu de l’hôtellerie produit de nombreux résidus, tous déchets confondus : 44 tonnes par an pour un hôtel sans restaurant, 64 tonnes pour un hôtel avec restaurant et jusqu’à 200 tonnes pour les hôtels haut de gamme. Une gestion non sans frais puisque le prix moyen de la collecte et du traitement de ces déchets pour un établissement touristique haut de gamme avoisine les 44 000 € par an, plus de 14 000 € pour un hôtel avec restaurant et 7 700 € sans restaurant.
 
L’évolution de la loi AGEC, bien que nécessaire, vient donc complexifier  la situation des professionnels du secteur, déjà soumis à de fortes contraintes.

Cette ambitieuse réglementation n’est pas simple à appréhender, notamment pour les plus petits établissements qui manquent de moyens financiers et humains pour assurer la gestion du tri et de la collecte de ces déchets. De plus, la France qui compte parmi les leaders mondiaux en termes d’établissements touristiques, en recense de nombreux en milieu urbain. Ces derniers n’ont donc pas toujours l’espace nécessaire pour disposer d’un bac de compostage.
Alors comment stocker sainement les résidus alimentaires pour un hôtel urbain ? Comment accompagner les lieux de réception dans la mise en place d’une collecte efficiente ? Comment minimiser l’impact économique de ces dépenses, pour des établissements déjà peu épargnés par les récentes crises traversées ?
 
Certes, outre le traditionnel bac de compostage, il existe des alternatives à l’instar des machines qui transforment les biodéchets en poudre. Mais s’équiper est un investissement non négligeable. La mise en place de bennes spéciales en extérieur nécessite quant à elles de la place. On peut également penser au don des excédents alimentaires à des associations pour minimiser le poids de la collecte, et ainsi son coût. Mais les contraintes sanitaires sont ici encore, et à juste titre nombreuses et cette démarche nécessite des ressources humaines supplémentaires.
 
La nécessité d’un accompagnement sur-mesure
 
Faute d’accompagnement approprié, nous risquons l’inertie de professionnels démunis, qui souhaitent pourtant bien faire.
Les collectivités avaient plus de trois ans pour accompagner les hôteliers, en les sensibilisant notamment aux futures obligations. Combien d’entre elles les ont également orientées vers des solutions viables ? En effet, les professionnels déjà fortement sollicités au quotidien sur les nombreuses autres tâches qui leur sont incombées doivent être épaulés par les pouvoirs publics faute d’être correctement formés sur la bonne gestion des déchets.

Pour espérer une mise en application rapide et durable de cette nouvelle loi par les établissements touristiques, il est essentiel qu’un accompagnement - qu’il émane de structures privées ou publiques - se fasse afin de conseiller et accompagner les dirigeants des hôtels dans la mise en œuvre des solutions. Ce sont ces derniers qui, une fois la formation dispensée, pourront correctement guider l’ensemble de leurs équipes vers les meilleures pratiques de tri.

Enfin, l’aspect financier est aussi clé dans ces démarches. À savoir que l’État verse pour l’ensemble du pays et des actions à réaliser à travers l’Ademe seulement 100 millions par an pour faciliter le tri à la source des biodéchets, alors que le coût d’une gestion optimale avoisinerait les 700 millions d’euros.
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