Le 24 février 1992, Charles Ceyrac, président fondateur de l'association « Notre Village » tirait la sonnette d'alarme : « Trop c'est trop nos 32 000 villages agonisent et vont mourir ! »
A cette époque, 80 % des Français habitaient déjà sur 20 % du territoire et les villages se sentaient disparaître, privés des moyens indispensables à leur développement ou au maintien de services à la population. Fallait-il alors regarder les écoles fermer, les services publics baisser leur rideau, les agriculteurs, les artisans et les commerçants disparaître ? « C'était la disparition de la vie et trop c'était trop... Il était largement temps pour les 32 000 maires de nos villages chargés de gérer 80 % du territoire de relayer ce cri d'alarme mais aussi d'espoir, peut-on lire sur le site de l'association. Oui d'espoir car, grâce au progrès, nos villages ont bénéficié du développement des nouvelles techniques d'information et de communication. »
La réaction ne se fit pas attendre et les élus développèrent des politiques d'accueil qui, en quelques années inversèrent la tendance : autour des années 2000 le solde migratoire global des zones rurales est devenu positif, même si dans certaines régions, la désertification se poursuit. « Nos villages sont des terres d'avenir sur lesquelles, s'il est important de maintenir la vie, il est surtout primordial de préserver le cadre de vie et de sauvegarder la qualité de vie. » Ainsi, parmi les nombreuses actions mises en place l'association est né le label « Notre Village Terre d'Avenir ».
Le label : comment ça marche ?
Le label « Notre Village Terre d'Avenir » a été élaboré afin de promouvoir et maintenir la qualité de de la vie dans les communes qui souhaitent s'engager sur la voie du développement durable, par la mise en oeuvre de l'Agenda 21 local, baptisés Agenda 21 local « Notre Village Terre d'Avenir ». Les villes, disposant de moyens plus importants, se sont déjà engagées sur cette voie. Les collectivités rurales qui sont des espaces souvent préservées, ont compris très rapidement tout l'intérêt de suivre ce mouvement.
L'Association accompagne les collectivités rurales dans leur démarche de développement durable, depuis la réalisation du diagnostic jusqu'à l'évaluation. L'agenda 21 local « Notre Village Terre d'Avenir » est un programme d'actions définissant les objectifs et les moyens de mise en oeuvre du développement durable à l'échelle du territoire concerné. Au niveau des collectivités, l'Agenda 21 local doit être une réponse pratique, de terrain, adaptée aux spécificités locales (moyens humains, financiers et matériels) et reposer sur les trois piliers du développement durable : environnement, économie et social.
Toutes les communes rurales de moins de 3 500 habitants et les communautés de communes rurales peuvent obtenir le label, à condition d'adhérer à l'Association et de s'engager dans la démarche de développement durable en respectant tous les aspects légaux de la réglementation en vigueur au jour de la labellisation. Le label est décerné pour trois ans par le comité national de labellisation et d'évaluation et, depuis 2006, 71 collectivités ont été labellisées ou ont vu leur label renouvelé.
Parmi les 26 communes labellisées
La commune d'Auriac (Corrèze - 222 hab.) par exemple, a été récompensée car elle souhaite, à travers son Agenda 21 local, « préserver son patrimoine naturel et architectural afin de laisser aux générations futures une commune dynamique avec un patrimoine préservé ». Pour ce faire, le maire, Nicole Bardi et son équipe ont mis en place différentes actions :
isolation thermique et phonique de la cantine,
station d'épuration du bourg à filtre avec des roseaux,
école numérique rurale,
aménagement d'un potager pour les enfants de l'école,
plan communal de sauvegarde,
Engagement dans la Charte Zéo pesticides...
En Haute-Corse, c'est la commune de Barrettali (159 hab.) dont les actions ont été saluées. « Des nombreuses réunions du comité de pilotage a émergé la prise de conscience, par une majorité des habitants, de la nécessité de préserver la biodiversité, d'économiser les ressources naturelles et énergétiques et de promouvoir des modes de consommation responsables », explique le maire, Antony Hottier. Concrètement cet engagement s'est traduit par :
la mise en place d'une unité de production d'électricité photovoltaïque,
le développement d'un transport collectif,
la création d'un sentier de promenade,
la fondation de l'association « Da mare a monte » Natura è Omi,
la création d'une maison d'accueil familiale pour les aînés,
le développement d'un verger communal,
la réintroduction de plantations de cédrats dans la commune...
Dans la commune de Beauregard de Terrasson (Dordogne - 749 hab.), « le comité de pilotage, dans le cadre d'une démarche participative, concertée et formalisée, a proposé diverses actions favorisant un peu plus le respect de l'environnement et le développement des liens sociaux pour le bien-être de tous les habitants », souligne le maire Lionel Armaghanian. Parmi les actions mises en place :
utilisation d'un nouveau carburant moins polluant pour le tracteur agricole communal,
mise en place d'un atlas collaboratif de la biodiversité,
réhabilitation d'une citerne et mise en place d'un système d'irrigation goutte à goutte programmé,
sensibilisation des scolaires au développement durable et à la protection du milieu aquatique,
amélioration de l'insertion paysagère des bâtiments publics,
choix des produits issus de l'agriculture biologique et des circuits courts pour la restauration scolaire...
Autre labellisée, la commune de Rosnoën (Finistère - 977 hab.). « La commune a très vite pris conscience de la fragilité de ses espaces naturels, de son cadre de vie et a voulu, dans le même temps, favoriser le maintien de ses habitants sur son territoire élargi au Pays de Brst, notamment autour de sa rade. C'est ainsi qu'elle s'est engagée vers la mise au point d'un Agenda 21 », explique le maire Gérard Viard. Plusieurs actions ont vu le jour :
choix d'une source d'énergie renouvelable durable pour les bâtiments communaux,
création d'un chemin de découverte de la flore et des essences locales,
préservation du bocage communal,
accès au haut débit sur tout le territoire de la commune,
promotion de la « Route des Saveurs »...
Parmi les communes « renouvelées »
Symbolisé par des « hirondelles », le niveau d'engagement de collectivités dans le développement durable peut se voir récompensé par l'attribution d'une ou plusieurs « hirondelles » supplémentaires.
Initié en 2007, l'Agenda 21 de la commune de Beyssenac (Corrèze - 385 hab.) a permis de sensibiliser la population, les élus et les associations à la démarche du développement durable. « Les communes comme Beyssenac constituent l'échelon idéal pour mettre en oeuvre ces actions qui sont mieux comprises par la population qui y est associée et proche de leur réalisation », souligne le maire Francis Comby qui a oeuvré pour que les actions suivantes voient le jour :
étude pour la mise en place de panneaux photovoltaïques sur un bâtiment communal,
réception d'accueil des nouveaux habitants,
mise en valeur du patrimoine communal,
engagement dans la Charte Zéro pesticide...
La commune de Mellé (Ille-et-Vilaine - 670 hab.) a reçu deux « hirondelles » supplémentaires pour son engagement conduit par le maire Claude Duval. « Voilà presque quatre ans que la commune a été labellisée. La commune a souhaité réitérer son engagement et a cette fois insisté sur trois enjeux qui portent sur l'éducation, la formation et la communication autour de l'Agenda 21 ; l'expérimentation sur le renouvellement des coeurs de bourg ; la contractualisation avec l'Agenda 21 communautaire pour une meilleure cohérence territoriale. » Au programme de cette évolution :
fonctionnement du tracteur de la commune à l'huile de Colza,
fauchage tardif des bords de routes,
remise en état d'une zone humide,
accueil d'étudiants sur la politique de développement durable de la commune,
expérimentation sur le renouvellement rural des coeurs de bourgs,
création d'un livret-guide touristique...