Pourquoi avoir proposé une mission sur les circuits courts et la relocalisation des filières alimentaires ?
Les circuits courts alimen taires font partie des combats que je mène parce qu'ils sont un moyen de protec tion des terres agricoles. Or on observe aujourd'hui un véritable engouement des territoires ruraux, et même urbains, pour la relocali sation de l'alimentation. Et c'est normal, car les bénéfices des circuits courts alimentaires sont nom breux. D'abord, au niveau de la restauration du lien social entre produc teurs, consomma teurs, associations et élus, puisqu'ils portent ensemble le projet. Ensuite, au plan environnemental, pour la bonne raison que, dès qu'on se préoccupe d'ali mentation, on s'intéresse aux modes de production et les cahiers des charges évoluent. Enfin, bien sûr, en matière d'emploi, car les circuits courts per mettent de maintenir ou de créer des emplois non délocalisables. Les territoires sont conscients de tous ces avantages, mais leur volonté se heurte à des obstacles pour concrétiser la démarche. Mettre en place une organi sation de la production pour l'alimentation locale, en par ticulier pour la restauration collective, reste compliqué.
Comment va se dérouler votre mission ?
Nous allons nous appuyer sur les retours d'expérience des collectivités déjà engagées : là où des circuits courts ont été créés, repérer les facteurs de réussite et, à l'inverse, là où les projets n'ont pas abouti, identifier les blocages respon sables. Les auditions ont commencé en février et la mis sion va durer six mois, avec l'ob jectif de rendre le rapp or t en juin. L'idée est qu'il sorte de ce travail des proposi tions législatives quand c'est judi cieux et, par ail leurs, de trouver des solutions de bon sens pour lever les dif ficultés r e n co n trées sur le terrain.
Quels sont les freins déjà identifiés ?
Il y a d'abord, bien sûr, des dispositions réglementaires à faire évoluer sur les mar chés publics. Le ministère de l'Agriculture a envoyé fin décembre à toutes les collec tivités un guide pratique sur la façon de développer les circuits courts alimentaires pour la restauration en fonc tion du Code des marchés publics actuel. Mais notre objectif est d'aller plus loin et de proposer des améliorations du Code luimême. Se pose également la question de l'ani mation de ces circuits courts : quels sont les moyens néces saires, qui doit les porter… ? Ce sont des points pour les quels les collectivités n'ont pas de réponse aujourd'hui. Enfin, pour davantage de circuits courts, une volonté politique des élus est impérative, car il est difficile pour des produc teurs ou des associations de se lancer seuls. Il faut donc mettre les élus devant leurs responsabilités et leur mon trer que les choses ne vont pas se faire spontanément.