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TERRITOIRES

De la contrainte à « l’ardente obligation »

PUBLIÉ LE 7 DÉCEMBRE 2015
LA RÉDACTION
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Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Le débat est ouvert sur le caractère « contraignant » de l’accord que la COP 21 doit produire. Le concept d’agenda des solutions apporte une réponse. La vraie question est comment faire pour parvenir à cet objectif de 2° maximum ? En travaillant ensemble, en s’organisant pour échanger, et instaurer une vaste coopération entre les nations. C’est une sorte de plan, comme chez nous à la belle époque, qu’il faut instituer à l’échelle mondiale, pour faire converger les énergies et les bonnes idées. Pas pour « sauver la planète », version défensive et fondée sur la peur, mais pour ouvrir des perspectives, approche offensive et fondée sur l’espoir. Un plan dont De Gaulle disait qu’il constitue une « ardente obligation ». Une mobilisation générale pour une Terre accueillante et féconde. Une grande ambition, mais ambition et contrainte ne vont guère ensemble. Un vocabulaire démobilisateur Le mot même de contraignant est contre-productif. La lutte contre le réchauffement climatique serait une pénitence, un « fardeau » à se partager par devoir. Nous avons fauté, il faut payer ! Conception dramatique, peu mobilisatrice, et renvoyant dans les faits aux responsabilités du passé. Celles-ci existent, bien sûr, mais elles sont complexes à démêler, et détournent de ce qui nous intéresse, le futur. C’est ce que « l’agenda des solutions »  amorce. Il n’y a pas besoin de contrainte si l’objectif est partagé et les moyens mutualisés pour respecter cette « ardente obligation ». L’idée même de contrainte renforce l’illusion qu’il suffise d’une pression sur les chefs d’Etat pour changer le monde. Comme si c’étaient eux qui décidaient de tout. Ils ont évidemment un rôle important à tenir, ils peuvent susciter des évolutions, donner des signaux, provoquer des prises de conscience, mais ne substituent pas aux acteurs. Pour qu’un État s’engage, il faut qu’il sache comment maîtriser les modes de production et de consommation de son pays. Même dans un pays totalitaire, ça ne se fait pas tout seul. La lutte contre le réchauffement climatique impose des changements dans les modes de vie, et nous savons que ça ne se fera pas par décret. C’est l’adhésion des acteurs, citoyens, consommateurs, élus, entreprises, qu’il faut obtenir. Croire que la pression sur les chefs d’Etat est un bon raccourci pour y parvenir est une erreur, et peut même dissuader les esprits libres, qui y voient une forme de néocolonialisme sous couvert de protection de la planète. La contrainte s’avère par ailleurs inopérante. Les 2/3 des pays qui l’ont ratifié le protocole de Kyoto ne l’ont pas respecté. Le champion dans ce domaine était le Canada, qui non seulement dérapait sans contrôle par rapport à ses engagements, et qui en plus dévastait une région entière de son territoire, l’Alberta, pour en extraire le pétrole des schistes bitumineux. A-t-on envoyé la redoutable armée des Nations-Unies pour faire entendre raison aux Canadiens, les a-t-on soumis à un blocus ? A-t-on boycotté leurs jeux olympiques pour les punir du réchauffement dont ils sont responsables ? Plus les acteurs sont puissants, moins on peut les sanctionner. L’impunité des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre étant assurée, à quoi bon des accords « contraignants » ? N’est-ce pas là une manière redoutablement efficace de tuer dans l’œuf toute chance d’accord ? Ce ne serait pas la première fois que la bonne volonté des acteurs les plus engagés serait exploitée contre leurs objectifs. L’enthousiasme conduit parfois à une forme de naïveté coupable. Cap sur les opportunités Une autre attitude est possible, comme « un autre monde ». Une attitude résolument offensive, et tournée vers l’avenir. Il ne s’agit plus de payer sous la contrainte les dettes contractées hier, mais d’investir sur l’avenir. Plus de contraintes, mais un partenariat. Il y a des opportunités à saisir dans le monde nouveau, rapprochons-nous pour les faire émerger dans les meilleurs conditions possibles. Tous les pays ne se ressemblent pas, chacun a ses particularités, sa culture, son potentiel économique en ressources naturelles, en potentiel humain, etc. C’est un obstacle pour se partager des dettes, mais c’est un atout pour défricher des futurs autour de projets partagés. L’annonce de la création de l’Alliance internationale pour l’énergie solaire illustre cette convergence d’intérêts. Abandonnons donc la contrainte, pour nous lancer dans la recherche effrénée d’opportunités. Cette voie gêne les intérêts liés à l’économie actuelle, et aux institutions économiques et sociales qu’elle a engendrées. Combien de brevets orientés vers l’économie nouvelle ont été achetés par les tenants de l’économie d’hier, pour les enterrer et empêcher tout autre modèle économique de se développer ? Le vieux monde résiste, jusqu’au jour où il trouvera son intérêt à basculer vers le nouveau. Voilà un beau challenge. Comment faire pour que les majors du pétrole trouvent plus d’intérêt à investir dans les énergies renouvelables que dans la recherche de nouvelles ressources de pétrole ou de gaz ? Nous les avons vu s’offrir quelques « danseuses », solaires ou éoliennes, pour faire chic et moderne, mais nous savons bien que leur cœur est ailleurs. Comme disait Keynes, « La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes ». C’est le moment de changer de centre de gravité, ou du moins d’engager une évolution tournée vers l’avenir et non accrochée au passé. La pression de nouvelles forces économiques, comme les techniques de l’information, peut sans doute être mise à profit pour cela. Là est la vraie contrainte, non décrétée mais imposée par les faits. Il n’est pas nécessaire de l’inscrire dans des traités. Abandonnons les objectifs contraignants, et concoctons un plan du développement d’un nouveau genre, économique, social et environnemental, volontaire et ambitieux, auquel chaque pays tiendra à participer spontanément. Une « ardente obligation ».   A lire : Le développement durable, une affaire d’entrepreneursÉditions PC, 2015.246 pages, 20 euros.Dominique BidouLe Blog de Dominique Bidou
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