Sortir du déni et de la confusion. C'est un des objectifs de la note, encore provisoire, que publie la Fabrique Écologique sur le concept, souvent mal compris et appréhendé, de l'adaptation au changement climatique. Le « think-tank » emmené par Géraud Guibert organisait ce 8 décembre un débat collaboratif sur le thème au sein de Solutions COP21.
« L'atténuation, c'est à dire la limitation des émissions, occupe toutes les conversations. Le thème de l'adaptation, élever des digues, placer des brise-vent dans les champs, varier davantage les essences en forêts, etc ., est lui ignoré. Il est plus que temps de sortir du déni et de rattraper notre grave retard », enjoint avec ferveur Maximilien Rouer, fondateur de la société BeCitizen, qui regrette, à titre personnel, qu'au niveau mondial, tous les rapports sur le sujet évacuent dès le préambule la question, pourtant cruciale et reconnue comme telle, des migrations environnementales. L'entrepreneur a présidé le groupe de travail qui a planché sur cette note intitulée « La roue de l'adaptation au changement climatique » et dont la version définitive sera publiée en avril 2016.
Cette publication, qui envisage la question sous l'angle économique, s'appuie en effet sur la construction d'une « roue », inspirée de celle de Deming bien connue des étudiants en école de commerce et utilisées par les entreprises pour favoriser un processus d'amélioration continue. « L'idée est de recourir à un outil connu pour qu'il soit utilisé en masse. L'administration gagnerait notamment beaucoup à se saisir de ce genre de principe », estime Martin Guespereau, l'ancien directeur général de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, aujourd'hui chargé de mission auprès du secrétaire général du ministère de l’Écologie.
De cette roue, qui part de la prise de conscience pour aboutir à l’action en passant par l’évaluation et la décision, les auteurs dégagent trois orientations. Tout d'abord, « faire un grand saut qualitatif sur les données et les outils de prise de décision pour mettre les décideurs en situation d’agir, notamment à l’aide d’une refonte de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) ».
Organiser ensuite, « le secteur financier et les filières économiques pour répartir et absorber les risques ». « Nos voisins britanniques et hollandais ont déjà identifié leurs territoires vulnérables et désigné ceux qui seront abandonnés et ceux qui seront défendus. En France, fidèles à nos traditions, nous allons laisser pourrir la situation jusqu'au jour où il y aura des morts », secoue Maximilien Rouer qui rappelle que l'adaptation nécessite de lourds investissements.
La note appelle enfin à « un effort de pédagogie et d’éducation pour convertir les structures existantes à l’adaptation », précisant que, pour l’eau, « cette évolution pourrait être portée par les comités de bassin ». Pour le grand public, mais aussi pour les décideurs la notion d'adaptation est en effet encore floue. Les auteurs ont pu le constater tout au long de leur travail. La rédaction d'Environnement Magazine, aussi, en travaillant sur le dossier d'une trentaine de pages qu'elle consacre au sujet dans son numéro de décembre.
FTLa note provisoire sur le site de la Fabrique Écologique