« Il n'existe aucune référence sérieuse de bâtiments exploités avec l'aide de la maquette numérique », assure Christophe Moreau, directeur Projet modernisation métiers de Bouygues Construction. Cela devrait bientôt changer. D'une part, parce que, de l’hôpital d'Ajaccio au Palais de justice de Paris, plusieurs projets dits « 100 % BIM » sont sur les rails. D'autre part, et surtout, car le groupe Thalès exploite depuis décembre 2014 son site tertiaire de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) en s'appuyant sur le BIM. Petit, filiale de Vinci Construction, avait construit pour la Foncière des régions les trois bâtiments en utilisant l'outil numérique. Vinci Facilities exploite aujourd'hui le site de 49 000 m² dont la consommation annuelle s’élève à 15 euros du m² (7000 KWh) pour un objectif, à terme, de 14. Le facility manager utilise jusqu'à présent trois outils distincts : le BIM, donc, un système plus classique de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) ainsi qu’une GTB (gestion technique des bâtiments). « Nous avons validé fin juin la connexion de la maquette numérique avec la gestion technique. Et nous devrions avoir réussi la fusion des trois outils début septembre », estime Nicolas Cugier, directeur des services généraux de Thalès.Aujourd'hui, dans les projets BIM, la maquette numérique n'est pas utilisée en phase exploitation malgré son potentiel, notamment en termes d'économie d'énergie. Une fois le bâtiment réceptionné, Thalès et Vinci Facilities ont eu à mener un important travail de mise à jour des Dossier des ouvrages exécutés (DOE) numériques, d'habitude livrés sous forme papier et, ici, attachés à la maquette. « Il faut aller constater la réalité du bâtiment au regard de la maquette pour voir quelles modifications ou compléments sont nécessaires : mise à jour non effectuées par la constructeur, équipements supplémentaires apportés par l'occupant… », détaille le directeur des services généraux. Deux mises à jour ont été opérées : en septembre 2015 et juin 2016. « Le principal enjeu de ces mises à jour réside dans la granulométrie choisie. Il faut être stratège. Faut-il gérer tous les luminaires ou les prises électriques d'un étage en un seul lot, avec un témoin ? Ou plutôt par zone ? Par bâtiment … ? », se demande Nicolas Cugier. Les quatre partenaires (constructeur, propriétaire, occupant et exploitant) ont sollicité le canadien Impararia pour les assister dans cette tâche.L'autre difficulté rencontrée touche à l’interopérabilité : pas évident de persuader les industriels, et d'autant plus quand ils sont en position dominante sur leur marché, d'ouvrir leurs systèmes ou de fournir toutes les informations techniques pour un équipement…Des informations pourtant bien utiles aux techniciens de maintenance. « Le BIM nous invite à repenser l'ensemble du processus de facility management. Celui-ci a été réécrit pour que, non seulement les techniciens, mais aussi les agents de nettoyage ou d’accueil, puissent interagir avec la maquette numérique », indique Nicolas Cugier. Plus fort : grâce aux travaux d'un laboratoire spécialisé du groupe, des typologies de comportement des occupants d'un bâtiment en cas d'incendie vont être intégrés au BIM. Ce nouveau mode de fonctionnement a, par ailleurs, conduit Vinci Facilities a créer un poste de BIM manager, chef d'orchestre de l'administration des données. Thalès va bientôt agrandir son terrain d'expérimentation. « Nous lançons la même démarche à Mérignac au sein de notre nouveau site industriel et tertiaire de 55 000 m², Air'Innov, que nous occuperons à compter d'octobre », indique le directeur des services généraux qui se demande dans quelle mesure il pourra exploiter demain les bâtiments plus anciens du groupe, conçus sur papier, avec le BIM…Cliquez ici pour lire l'intégralité de ce dossier consacré au BIM