Elle n’a que six mois d’existence, mais Coturnix revendique déjà un retour d’expérience de taille : des tests sur 12?000 m2 de bâtiments du groupe Bouygues Énergies & Services. Fondée à l’été 2016, la jeune pousse est incubée au Bourget-du-Lac, sur le site de Savoie Technolac, un pôle d’innovation spécialisé dans l’énergie et le numérique. Le métier auquel Coturnix se destine fait appel à des méthodes statistiques et à des algorithmes. La start-up veut en effet modéliser les consommations d’énergie des bâtiments et les anticiper. Pour ses premiers pas, les tests menés chez Bouygues auraient ainsi permis de prédire les consommations avec une précision de 95 %.La technologie qu’elle développe exploite une grande quantité de données telles que les coûts de l’énergie, la météo, des informations sur l’activité du site, mais aussi l’historique des mesures depuis que le bâtiment est instrumenté. L’idée n’est pas seulement de prédire le besoin, les algorithmes devraient également in fine délivrer des plannings d’optimisation. « Nous pensons pouvoir faire diminuer les consommations de 10 à 15 % », évalue Michel Meunier, président de la start-up. Par exemple, en anticipant la baisse du chauffage quand les rayons du soleil s’apprêtent à frapper et donc à chauffer le bâtiment.Pour se développer, Coturnix lorgne plusieurs tendances du marché. D’abord, les engagements de performance énergétique liés aux travaux de rénovation. « L’enjeu est considérable », jauge le dirigeant de Coturnix, chiffres à l’appui. « Environ 50 milliards de mètres carrés de bâtiments tertiaires dans le monde consomment plus de 300 kWh/m². Dont 7 milliards en Europe. » Seulement, avec un coût de rénovation de 200 dollars par mètre carré, estime-t-il, « on n’arrivera jamais à relever le défi climatique en rénovant les bâtiments un par un ». Aussi la start-up se positionne-t-elle également sur la gestion des flux d’énergie à l’heure des villes intelligentes. Sa solution pourrait accompagner le développement de l’électricité renouvelable et de l’autoconsommation. Coturnix s’imagine par exemple conseiller à des supermarchés quand utiliser leur production photovoltaïque pour baisser la température de leurs réfrigérateurs. Un moyen de stocker l’électricité sous forme de froid.Thomas Blosseville