Est-ce la plus petite ville intelligente de France ? Saint-Sulpice-la-Forêt va suivre les consommations de ses bâtiments communaux, notamment pour baisser de 25 % leurs besoins en énergie. Avec une superficie de 7 km² et 1?500 habitants, rien ne la prédestinait à s’engager dans l’internet des objets. « Mais l’enjeu était aussi de démontrer que les petites collectivités pouvaient prendre des initiatives sur les questions numériques. Même si nous ne disposons pas des moyens d’une grande ville, nous sommes plus agiles », défend Yann Huaumé, le maire de la commune bretonne.Un vaste universLancé début 2016, le projet Smart Saint Sulpice est entré cet hiver dans sa phase concrète. École, mairie, centre culturel… Six bâtiments ont été équipés de capteurs. Ils relèvent et transmettent par liaison radio LoRa les consommations d’eau, d’électricité et de gaz. D’autres mesurent l’humidité, le bruit, les températures… « Peut-être demain la qualité de l’air, anticipe l’élu. Maintenant que nous avons créé les conditions, un vaste univers s’ouvre à nous. »Un cadre juridiqueTout a commencé en 2014 avec l’élection d’une nouvelle équipe municipale. Dans la foulée, elle a signé la Convention des maires et s’est ainsi engagée à réduire sa consommation d’énergie. « Une énorme fuite d’eau a aussi servi de déclic, ajoute le maire. Nous ne l’avons repérée qu’un an après. Rien n’avait été mis en place pour relever les compteurs. » Il a d’abord été envisagé d’investir dans des équipements classiques de gestion technique des bâtiments. Ils ont été jugés trop chers. « Et trop intrusifs : il aurait fallu câbler tous les édifices. » La solution est venue d’un habitant de Saint-Sulpice, collaborateur de la start-up Wi6labs, spécialiste de l’internet des objets. Elle s’est associée à une autre entreprise locale, la PME Alkante, qui développe des applications pour la gestion des données.Structurer les donnéesIl ne manquait plus qu’un cadre juridique. La métropole de Rennes avait lancer « Rennes St Malo Lab », un service pour les sociétés n’ayant pas les moyens de conduire des expérimentations. Saint-Sulpice en a profité. Avec ce dispositif, elle est devenue un terrain d’essais pour Wi6labs et Alkante. Un travail a aussi été mené avec l’agence locale de l’énergie pour structurer les données de mesure. L’ensemble sera mis à disposition de tous en open data. Au final, le projet coûtera 150?000 euros, dont 20?000 à la charge de la commune pour l’achat du matériel. Le solde est payé par les deux entreprises, qui bénéficient d’une avance remboursable de la métropole. L’essai prendra fin en 2018. Pour pérenniser le service, une commande publique devrait alors être lancée.Thomas Blosseville