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BIODIVERSITÉ

Ces rivières qui refont surface

PUBLIÉ LE 1er FÉVRIER 2011
LA RÉDACTION
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Toutes les grandes villes ont leur rivière oubliée. L'urbanisation galopante a recouvert la Bièvre à Paris, le Jarret à Marseille, la Rize à Lyon... Et si certains cours d'eau disparaissent du paysage quelques centaines de mètres pour ressurgir plus loin, d'autres ne refont jamais surface. « Utilisée par l'industrie, la Rize a été déconnectée de son cours et s'est transformée en égout », regrette le paysagiste Pierre Pionchon. Dans le monde rural, la situation n'est pas plus glorieuse. Dans le seul canton de Berne, en Suisse, 1 130 km de cours d'eau enterrés ont été identifiés, soit 16 % du total. En cause : la multiplication des routes et des voies ferrées, mais surtout l'exploitation intensive des zones agricoles qui a conduit à gommer les méandres des rivières pour qu'elles libèrent de l'espace. Devenus de simples canaux, ils pouvaient ensuite être recouverts ! L'artificialisation du paysage ne semble pourtant plus être une fatalité si l'on en croit la multiplication des projets de restauration de rivières. Alors que la biodiversité devient un sujet central des politiques environnementales, les buses souterraines ne permettent pas aux rivières de remplir leur rôle d'habitat pour les espèces végétales et animales et de couloirs entre les écosystèmes aquatiques. Ce ne sont pourtant pas les écologistes, mais plutôt les urbanistes qui ont réussi à inverser la tendance. La mode est aux villes qui respirent et l'existence de cours d'eau oubliés est une vraie opportunité d'aménagement de l'espace. À la fin des années 1990, Pierre Pionchon a ainsi profité des travaux liés au contournement nord de Lyon pour remettre à l'air libre la zone de confluence entre le Rochecardon et l'Arche, qui prennent leur source dans les Monts d'Or puis deviennent souterrains avant de se jeter dans la Saône. Un puits d'accès vers un tunnel devant être creusé, il fallait de toute façon déplacer le cours d'eau. L'idée de la réouverture pouvait encore, à l'époque, être considérée comme un bond en arrière. « Nous avions préparé deux projets, car on se demandait si celui-ci n'allait pas susciter une levée de bouclier », se rappelle le paysagiste. La proposition est finalement encouragée. L'aménagement valorise le château voisin de Rochecardon et des sentiers pédestres sont inaugurés au départ du nouveau site. Ce type d'opérations peut devenir pharaonique. Près de Saint-Étienne, l'Ondaine, enfouie sous une voûte pendant un siècle, a été découverte sur 500 mètres. Les travaux ont nécessité le déblai de 90 000 tonnes de matériaux et coûté 12 millions d'euros. Dans le cadre du projet européen « Water in Historic City Centres », plusieurs villes comme Breda (Pays-Bas) et Malines (Belgique) ont même souhaité rendre ses droits à l'eau en plein centre-ville. Face aux coûts de ces réaménagements, les travaux ont toutefois bien du mal à démarrer. Difficile, par exemple, de ressusciter la Bièvre en région parisienne. Pour cet ancien affluent de la Seine, certaines ramifications ont tout bonnement disparu. Reste la réouverture partielle (comme à Fresnes ou à Cachan). Ou symbolique, avec des puits ou des fontaines. « C'est un moyen de se réapproprier une rivière et de créer une nouvelle centralité », estime Justine Ultsch, doctorante qui travaille sur la relation entre la ville et la rivière. L'argument est désormais courant chez les urbanistes, mais pas au goût d'Hélène Anquetil, responsable du service « rivière vallée paysage » au syndicat mixte de la vallée de l'Orge aval ( Sivoa). « La restauration de rivière, ce n'est pas de l'art contemporain, ironise-t-elle. Je ne vois pas l'intérêt de créer un puits de lumière qui donne dans une buse. Ou alors si c'est juste pour qu'on comprenne ce qu'il y a sous la terre, autant faire cela avec un réseau d'eau potable. » En quelques années, le Sivoa a mené plusieurs projets de réouverture avec une idée fixe : améliorer la qualité biologique de l'eau. « Alors que dans les années 1980 on drainait encore, la loi sur l'eau de 1992 a apporté une première inflexion, continue l'ingénieure. La rivière n'est plus seulement un drain qui sert à transporter l'eau, voire à accélérer son écoulement. Mais c'est aussi un milieu vivant. » La directive européenne 2000/60/CE, qui exige la reconquête des milieux aquatiques d'ici à 2015, achève de convaincre les résistants. Le premier projet d'ampleur du Sivoa concerne la Bretonnière, une rivière prisonnière de buses en béton sur la moitié de son tracé et dont la zone de confluence avec l'Orge est rouverte en 2007 sur 50 mètres linéaires. Quatre-vingt en comptant les méandres créés pour l'occasion. Les résultats sont au rendez-vous. D'abord sur le plan humain : « Nous sommes en banlieue parisienne et la zone est très habitée. Les riverains se sont demandés d'où venait cette eau, se rappelle Hélène Anquetil. Ils ont cru qu'on l'amenait pour faire joli. » Ensuite sur le plan écologique. Sur ce tronçon, l'indice biologique global normalisé (IBGN), qui comptabilise la présence de micro-invertébrés et qui mesure donc la qualité de l'eau, est passé de zéro en 2007 à 4 en 2008, puis à 11 en 2009. Le syndicat a bon espoir d'atteindre assez vite le « bon état écologique » fixé à 14. Si la configuration du lieu ne pose pas de problème particulier, ce type d'opération peut devenir un vrai casse-tête. Difficile notamment de retomber sur le tracé originel des cours d'eau. S'en rapprocher le plus possible permet pourtant de retrouver les substrats alluviaux, c'est-à-dire le fond des lits qu'on sait adaptés à l'écoulement de l'eau, puisque des sédiments y ont été déposés durant des dizaines de milliers d'années. Cela évite le risque d'érosion. Difficile par ailleurs de trouver de la place à la rivière lorsque le sol regorge de réseaux souterrains à déplacer. Les tuyaux d'eaux usées longent par exemple souvent les cours d'eau enterrés. Des entreprises de travaux publics sont néanmoins spécialisées dans ce type de travaux et au final, « les contraintes foncières sont souvent plus contraignantes que les aspects techniques », insiste Sylvie Vigneron, de la Dreal Rhône-Alpes. L'enfouissement de cours d'eau conduit souvent à une réappropriation en surface et la multiplication des terrains privés complique la donne. En particulier lorsque la pente est importante et que pour l'adoucir, le cours d'eau doit s'étaler. Autre affluent de l'Orge, la Sallemouille a été ouverte en 2009 sur 180 mètres dans le centre de Marcoussis, une opération qui, en supprimant un point de congestion, protège désormais la ville contre les crues centennales. Très attendue, la suite des travaux s'avère plus compliquée. « La rivière passe sous plusieurs aménagements dont le stade de rugby, regrette Hélène Anquetil. Il est hors de question de tout raser ! »
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