Les ministres de l'Agriculture et de la Recherche ont annoncé ce lundi 9 mai la mise en place d'un plan recherche et innovation à 10 ans pour la filière forêt-bois dont le suivi a été confié au Conseil supérieur de la forêt. Ce plan s'appuie sur un rapport confié en décembre 2015 à quatre personnalités représentant la filière. Le lourd document de 175 pages rassemble, dans une première partie, « 13 propositions stratégiques pour la RDI (recherche-développement- innovation) dans le secteur forêt-bois à l'horizon 2025 », avant d'émettre constats et recommandations en termes de financement innovants. Malgré des propositions souvent pertinentes, la première partie ne se distingue pas par son originalité, reprenant des thèmes (numérique, adaptation au dérèglement climatique, robotisation, sciences sociales, etc.) ou des travaux (mission Agriculture Innovation 2025…) déjà connus. La seconde a davantage retenu l'attention ministérielle. « J'ai rarement vu une cartographie aussi précise et bien renseignée des financements disponibles », a ainsi commenté le secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon. Comme le note le rapport, les financements, principalement publics, disponibles dans le secteur sont « fragiles et éparses ». Leurs impacts sont en outre « marginaux au regard des besoins ». « Nous proposons de confier aux clusters et pôles de compétitivité une mission d'assistance des entreprises dans la mobilisation des financements européens, de développer une force de lobbying française au niveau communautaire ou encore de renforcer les aides à l'innovation distribuées par BPI France. Nous préconisons également de développer des méthodologies de valorisation des services écosystémiques rendus par la forêt ou d'étudier la faisabilité de mécanismes de financements innovants comme un systéme de monétisation de recettes futures issues de coupes sur pied. Il faudrait aussi créer une base de donnée nationale répertoriant l'ensemble des projets RDI et des financements disponibles », énumère Vincent Pichon, directeur de projets à la Caisse des dépôts, qui représentait Pierre-René Lemas, directeur général de la Caisse des dépôts. « Cette base de données, il faut la faire rapidement, a réagi Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt. Les pistes que vous avez défrichées sont les bonnes. Ce rapport fait œuvre utile avec notamment deux points que je souhaite voir avancer rapidement : la création de cette plateforme faisant le point sur les dispositifs existants et la définition d’indicateurs de biodiversité, qui permettront notamment de mobiliser des financements. Il faudra aussi s'entendre, d'ici à l'examen de la loi de finance 2017, sur un cadre commun qui nous permettra d'alimenter le Fonds stratégique forêt bois à hauteur de 100 millions. »Le ministre a, en attendant, donné deux rendez-vous : le 7 juin pour le lancement de l'appel d'offre sur la construction bois de grande hauteur et le 23 juin pour la Nuit de l'agro-écologie, à l’occasion de laquelle seront dévoilés les indicateurs précédemment cités.Fabian Tubiana
