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Accueil > Actualités > Biodiversité > Et si la gestion des espaces protégés était privatisée...
BIODIVERSITÉ

Et si la gestion des espaces protégés était privatisée...

PUBLIÉ LE 9 JANVIER 2017
LA RÉDACTION
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C’est une mesure de la loi Biodiversité qui est quasiment passée inaperçue : une organisation professionnelle nationale ou régionale de pêcheurs, aquaculteurs ou conchyliculteurs peut se voir confier la gestion d’une réserve naturelle si celle-ci est en partie maritime. « Cela pose problème. Dans les réserves littorales que nous gérons, il n’est pas rare que les conchyliculteurs aient des intérêts contradictoires à ceux qu’impose une bonne gestion. Nous en verbalisons régulièrement pour ramassage illégal de coquillages », commente Yves Verilhac, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).Jusqu’à présent, dans la sphère privée, seuls les propriétaires de terrains classés d’une réserve naturelle étaient susceptibles de s’en voir confier la gestion. Mais, hormis ce cas exceptionnel, les espaces protégés français de type réglementaires (parcs nationaux, réserves naturelles, arrêtés de protection de biotope, sites classés…) doivent être administrés par des établissements ou des groupements d’intérêt public, des syndicats mixtes, des collectivités territoriales ou leurs groupements ainsi que des associations ou des fondations lorsque la protection du patrimoine naturel constitue leur objet statutaire principal. « Ce principe se comprend historiquement. Mais la réglementation doit évoluer : depuis une vingtaine d’années émergent des acteurs privés spécialisés et très compétents dans le domaine, comme les bureaux d’études et les entreprises de génie écologique. Nous sommes des professionnels, nous avons l’habitude de respecter un cahier des charges. L’État pourrait de toute façon créer un agrément spécifique. Syndicats de pêcheurs ou de conchyliculteurs qui exploitent le milieu marin peuvent gérer des réserves marines, mais pas nos sociétés dont l’écologie est le métier ! », regrette Frédéric Melki, président de la commission biodiversité-environnement de Syntec-Ingénierie et du bureau d’études Biotope. Le chef d’entreprise a bien tenté de faire bouger les lignes à l’occasion de l’examen de la loi Biodiversité, mais les lobbies liés à l’exploitation de la nature restent apparemment toujours plus écoutés… Mais, « imaginerait-on confier la gestion du Louvre à un cabinet privé ? », interroge sur le fond Yves Verilhac. « Les espaces naturels protégés font partie du patrimoine hexagonal au même titre que les collections du Louvre. Il y aurait un vrai risque à générer des conflits d’intérêts et/ou à baisser les exigences de protection, si en on confiait la gestion au privé », estime l’ancien directeur de l’Atelier technique des espaces naturels (Aten) et du parc naturel régional des monts d’Ardèche. Patrice Valantin, président de l’Union professionnelle du génie écologique (UPGE), voit surtout de forts freins psychologiques de la part des collectivités qui, même dans les cas où ce serait possible (les espaces naturels sensibles des Départements théoriquement), ne sont pas mûres pour cela. « En France, c’est seulement depuis le Grenelle de l’environnement qu’on reconnaît la légitimité des acteurs privés dans le domaine de la biodiversité », considère-t-il.  Et avec quelle plus-value pour les sites et pour les entreprises en question ? « Travailler pour la nature et pour l’intérêt général n’est pas rentable. Nos structures sont capables de le faire en mobilisant des fonds, des subventions, des partenaires. Des bénévoles aussi, qui jouent un rôle important d’animation territoriale. Des entreprises n’auraient pas la légitimité et ne pourraient pas assurer ce travail local de fond », juge Christophe Lépine, vice-président de la Fédération des conservatoires d’espaces naturels.Certes, ce ne serait pas des marchés extrêmement lucratifs, mais le dividende serait double pour ces entreprises : gain de compétences et conquête de marchés à l’étranger en pouvant enfin présenter des références hexagonales. Biotope lorgne ainsi sur la Chine, où il exerce déjà son activité traditionnelle, et où se concluent de nombreux partenariats publics privés pour la gestion d’immenses espaces protégés. Les majors français de l’eau et de l’environnement pourraient en outre lui emboîter le pas… « Les entreprises françaises ont déjà un très bon niveau en matière d’ingénierie environnementale, mais cela nous permettrait de gagner des points par rapport à la concurrence anglo-saxonne notamment », estime Frédéric Melki. L’homme n’y voit ainsi que des avantages : développement de l’économie verte, de l’activité des entreprises françaises à l’export et... baisse des dépenses publiques… « Je ne dis pas que les espaces naturels sont mal gérés en France, mais le privé pourrait améliorer l’efficacité de cette gestion et, peut-être, dans un système plus concurrentiel, en réduire les coûts. Et en tirer davantage de revenus en organisant des sorties nature, en vendant des publications aux visiteurs... », lance-t-il. L’actuel directeur de l’Aten, Xavier Gayte, soulève cependant d’autres objections : « La gestion de ces espaces demande une vision à moyen et long termes. Il faut donc des acteurs capables de s’engager pour dix, quinze ou trente ans... L’État dispose-t-il à ce jour des moyens nécessaires pour créer un nouvel agrément et procéder à des contrôles ? », s’interroge-t-il.  Rien n’est moins sûr quand on sait qu’actuellement la validation des plans de gestion ne se fait que sur le plan administratif ou que la loi Biodiversité prévoit la création d’un agrément pour les futurs opérateurs, publics ou privés, de compensation par l’offre. C’est d’ailleurs à travers ce système de compensation à l’avance que les entreprises de génie écologique pourraient prouver dans la durée leurs compétences et leurs capacités de gestion.Fabian Tubiana 
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