Des bains de pieds et de la place pour grandir. À Châtenay, dans l'Ain, les mille chênes de la première plantation forestière en biodynamie d'Europe, intervenue le 25 janvier dernier, sont choyés. « Cette plantation à très faible densité, 500 arbres à l'hectare, favorise, à la différence des plantations traditionnelles qu'il ne s'agit absolument pas de condamner, la régénération naturelle et donc une plus grande mixité d'essences et un meilleure développement de la faune locale », explique Stéphane Hallaire, président du « spécialiste de la reforestation » Reforest’Action.Ces jeunes plants ont notamment été sélectionnés pour leur adaptation aux évolutions climatiques. De plus, le sol et leurs racines sont traités par un mélange de champignons et de bactéries pour faciliter l'apport en eau et en éléments nutritifs à ces arbres qui ne sont pas ici mis en concurrence forcée, comme c'est le cas avec une plus forte densité. Cette méthode imaginée par le pépiniériste Daniel Soupe avec les universités de Besançon et de Toulouse devrait aussi leur conférer une résistance plus importante aux pathogènes et au stress hydrique.Reforest’Action est partenaire de ce projet porté par le syndicat départemental de l'Ain de Fransylva, la fédération des forestiers privés de l'Hexagone, qui mène d’importants travaux de reboisement dans le secteur. L'objectif de cette expérimentation scientifique est à la fois d'explorer une alternative, qui plus est naturelle, aux plantations serrées en forêt, et des solutions d'adaptation au changement climatique.La plantation de ces 1000 chênes sur 2 ha d'une parcelle privée a été financée par Carrefour et Unilever dans le cadre d'une opération marketing menée en novembre par les deux multinationales et qui doit, par ailleurs, conduire à la plantation de 100 000 arbres au total d'ici à l'été.Plusieurs organismes tels que les Pépinières Soupe, le CNPF-IDF, la LPO locale, l'ONCFS ou encore la Société des naturalistes et archéologues de l'Ain assureront pendant 5 ans le suivi du peuplement forestier et réaliseront inventaires faunistiques, botaniques ou mycologiques. « Les premiers résultats seront disponibles d'ici trois ans. Ils auront vocation à servir de base au déploiement d'autres projets forestiers biodynamiques sur le territoire national », espère Stéphane Hallaire.Fabian Tubiana