Ce lundi 21 septembre s’est déroulée dans le port de Cherbourg, dans la Manche, l’immersion d’infrastructures marines biomimétiques. Cette installation a pour cadre le programme Interreg Marineff dont l’objectif est de « repenser les infrastructures marines et concevoir des digues, jetées, quais, épis et mouillages capables de mieux protéger les écosystèmes menacés des deux côtés de la Manche », explique l’Ecole supérieur d’ingénieurs des travaux de la construction de Caen (ESITC Caen), chef de file du programme.
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Améliorer l’état écologique des eaux côtières
Ces installations, dont la conception repose sur une approche pluridisciplinaire qui couvre la construction, la biologie et l’écologie marines, visent une amélioration d’au moins 15 % de l’état écologique des eaux côtières de la Manche. « Un suivi régulier mesurera précisément leur apport en se basant sur la mesure de la biomasse, de la biodiversité, de l’abondance des ressources halieutiques et de l’eutrophisation, le suivi des espèces invasives et l’analyse des réseaux trophiques », précise l’ESITC Caen.
Le port de Cherbourg est l’un des sept sites retenus de chaque côté de la Manche. Vingt-quatre blocs d’enrochement vont venir renforcer les digues. « Douze de ces éléments seront déployés près des récifs artificiels immergés en 2015 dans le cadre du projet Recif piloté par l’ESITC Caen » explique le chef de file. Colonisés depuis par la flore et la faune marines, ils sont étudiés en détail par les biologistes de l’université de Caen-Normandie. Les douze autres seront posés le long de la digue de l’Est. Ces infrastructures font appel à un design optimisé pour accroître la biodiversité.
Sept sites d’essais
Sur les autres sites retenus, d’autres types d’infrastructures seront installés. Au large de Dinard, des mouillages articifiels seront immergés « pour pallier le manque de mouillages fixes sur les sites de plongée réputés de la baie de Dinard, Bizeux, Buharats et Vieux-Ban », est-il précisé. Ces installations visent la réduction de l’impact des ancres que larguent ces navires sur la biodiversité des récifs naturels.
A Ouistreham (Calvados), ainsi que sur les sites anglais de Poole Harbour et Bouldnor, des versions articificielles de Rockpools, « ces piscines d’eau stagnante qui se forment dans les cavités rocheuses ou vaseuses après le passage des marées », est-il indiqué, seront installés. À l’aide de ces structures, les biologistes marins de l’université Caen-Normandie pourront étudier l’effet de la distance entre les rockpools sur la colonisation du mur environnant et des piscines elles-mêmes.
Enfin, des modules de prismes d’huîtres seront déployés dans le Solent, le détroit séparant l’île de Wight de la côte britannique. « Optimisés pour favoriser la fixation des larves d’huitres, 26 modules seront immergés en eaux peu profondes, au cœur de l’habitat historique de l’huître indigène du Solent », présente l’ESITC Caen. La production de cette dernière s’est effrondrée depuis les années 1980, « en raison d’une mortalité croissante due aux maladies, à la baisse de la qualité de l’eau et à la pêche excessive », explique l’école d’ingénieurs. Ces infrastructures font appel à des écomatériaux dans lesquels sont incorporés dans le béton des coproduits coquilliers, selon une formulation développée pour le projet Recif.
Pour rappel, le projet Marineff a été sélectionné dans le cadre du Programme européen de coopération transfrontalière Interreg VA France (Manche) / Angleterre cofinancé par le Feder à hauteur de 3,1 millions d’euros sur un budget total de 4,6 millions.