L'ONG Marine Stewardship Council dénonce l'absence d'accord entre pays sur les quotas de pêche. Crédits : moritz320/Pixabay
L’ONG Marine Stewardship Council (MSC) qui agit pour la lutte contre la surpêche, tire la sonnette d’alarme. Et pour cause ! les captures cumulées de maquereau, de hareng et de merlan bleu dans l’Atlantique Nord-Est, dépassent de 4,8 millions de tonnes les limites de durabilité.
Les Etats sont appelés à agir d’urgence dans l’Atlantique Nord-Est pour protéger les populations de poissons essentiels. Le Marine Stewardship Council qui lutte pour la préservation des océans, alerte sur la surexploitation des populations marines. Selon les récentes données publiées par le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM), les quotas cumulés en 2021 de maquereau, de hareng atlanto-scandinave et de merlan bleu se situent de nouveau au-dessus des limites conseillées scientifiquement, à savoir respectivement de 41 %, 35 % et 25 %.
Ce constat alarmant n’est pas une nouveauté. Au cours des six dernières années les analyses des données effectuées par l’ONG MSC ont démontré que le total des captures cumulées de maquereau, de hareng atlanto-scandinave et de merlan bleu aurait déjà dépassé de 34 % les limites acceptables pour une pêche durable.
4,8 millions de tonnes de poissons préservés
Les limites fixées par les scientifiques permettent d’assurer la viabilité de ces populations à long terme. Les dépasser constamment menacerait « la santé de l’océan, mais aussi la situation économique et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent », explique l’ONG. Les stocks de poissons pélagiques, vivant dans les eaux proches de la surface, peuvent s’effondrer s’ils sont surexploités sur le long terme, « comme dans le cas du hareng atlanto-scandinave dans les années 1960, dont le stock ne s’est reconstitué qu’au bout de 20 ans ».
Et la situation ne s’améliore pas ! Les données publiées par le CIEM indiquent une tendance générale à la baisse pour les trois stocks de poissons pélagiques (maquereau, hareng et merlan bleu) au cours des dernières années. Le stock du hareng atlanto-scandinave a diminué de 36 % au cours de la dernière décennie.
« Si les avis scientifiques avaient été suivis, plus de 4,8 millions de tonnes de poissons auraient donc pu être préservées », réagit l’ONG.
Absence d’accord
Cette inquiétante situation serait notamment expliquée par les échecs successifs des gouvernements à parvenir à un accord sur des quotas de capture qui permettraient de préserver l’avenir de ces stocks de poissons. Les poissons pélagiques de l’Atlantique Nord-Est sont pêchés par l’Union européenne, la Norvège, l’Islande, la Russie, les îles Féroé, le Groenland et, plus récemment, le Royaume-Uni, sans accord de partage de quotas pour le maquereau depuis plus de dix ans, ni pour le hareng depuis 2012, ni pour le merlan bleu depuis 2014. « Ces ressources naturelles partagées sont pêchées en fonction de quotas fixés unilatéralement par les différentes nations. Ces quotas, lorsqu’ils sont cumulés, dépassent systématiquement les limites de capture conseillées par les scientifiques pour ces stocks », regrette le MSC.
Le MSC appelle les décideurs des pays pêcheurs de l’Atlantique Nord-Est à trouver un accord commun pour la gestion de ces stocks lors des prochaines réunions des États côtiers prévues du 19 au 27 octobre 2021. Un accord qui devrait être conforme aux avis scientifiques portant sur les limites de capture pour 2022. Si ces avis « ne sont pas respectés, il pourrait y avoir des conséquences dévastatrices pour ces espèces emblématiques, mais aussi pour la biodiversité océanique locale et les communautés de pêcheurs qui en dépendent », conclut le MSC.