Vue sur Chiang mai au Thailand. Crédit : Adobe Stock
Le simulateur numérique développé par la société TerrOïko est capable de simuler les répercussions que peuvent engendrer la lumière ou le bruit d’origine anthropique sur le mode de vie de différentes espèces. Focus sur cette solution.
Comment la pollution sonore et lumineuse modifie-t-elle la vie des espèces ? TerrOïko s’est penché sur la question avec son logiciel de simulation SimOïko permettant aux acteurs de l’aménagement du territoire, collectivités territoriales, gestionnaires d’espaces naturels et bureaux d’études en ingénierie écologique de saisir la manière dont ces nuisances peuvent « entraver la capacité des espèces à accéder à l’alimentation, à se reproduire, à migrer vers de nouveaux habitats et, in fine, à assurer leur survie ».
Créé en 2013, SimOïko a été initialement utilisé pour évaluer l’impact que les infrastructures routières (autoroutes, lignes TGV) ont sur les espèces. Aujourd’hui ce logiciel étend son service pour prédire les conséquences engendrées par d’autres sources de nuisances. Outre la lumière et le bruit, celui-ci rend propose la simulation des effets des installations éoliennes sur les populations d’oiseaux et rapaces.
Pour aboutir à ces simulations, les algorithmes du logiciel croisent deux types d’informations. Les données de comportement propres à chaque espèce, issues de la recherche scientifique sont complétées par des données permettant de quantifier le niveau de lumière ou de bruit en tous points du territoire d’étude. « En matière de nuisances lumineuse, par exemple, TerrOïko s’appuie sur les cartes produites par le bureau d’études français DarkSkyLab, spécialisé dans la modélisation d’images satellite nocturnes et de données d’éclairage public », précise la société.
Restaurer l’obscurité
SimOïko a été utilisé dans le cadre de projets de « trame noire » qui ont eu lieu dans le parc des volcans d’Auvergne et dans la métropole de Bordeaux. Ces projets étaient destinés à identifier les espaces d’obscurité stratégiques pour la survie des espèces nocturnes.
Dans ce contexte, le logiciel a comparé deux simulations fondées sur deux situations différentes pour ressortir les zones où l’impact spécifique de la lumière est le plus critique pour la biodiversité. La première prédit les effets sur les populations animales de la pollution lumineuse existante « en attirant ou en repoussant certaines espèces nocturnes, la lumière modifie leurs comportements et, ce faisant, peut constituer une menace pour leur survie ». Tandis que le second scénario simule ce qu’il se passerait, pour ces mêmes espèces, « si l’on « éteignait » toutes les sources de lumière sur un territoire donné ».
Trame blanche
Face aux nuisances sonores, on assiste à l’émergence du concept de « trame blanche » pour préparer un cadre à l’action de lutte contre le bruit dans les milieux naturels. Consciente de cet enjeu, la Société du Grand Paris a été « l’une des premières » à recourir aux services de SimOïko afin d’évaluer les effets potentiels du bruit d’une nouvelle ligne de métro francilienne sur les différentes espèces vivant à proximité du plan envisagé.
Deux scénarios ont été comparés : le premier a prédit les dynamiques écologiques en prenant en compte la situation sonore existante avant la ligne et le second a simulé les effets en cas d’excès de bruit généré par le futur métro. « La comparaison des deux simulations a permis d’identifier les modifications de comportements qui risquaient d’être provoquées chez les espèces étudiées par ces nuisances sonores supplémentaires, et donc leurs conséquences potentielles sur la survie des populations animales présentes à proximité de la ligne », conclut TerrOïko.