La dérogation concerne près de 90 % des terres arables en Europe. Crédit : Adobe Stock
L’instabilité géopolitique provoquée par la guerre en Ukraine mène vers un risque d’insécurité alimentaire. Alarmée par cette situation, la Commission européenne propose une dérogation temporaire aux règles relatives à la rotation des cultures jusqu’en 2023.
« En 2023, nous serons confrontés à des incertitudes quant à la disponibilité et au caractère abordable du blé. » C’est avec ces mots que le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a averti, lors de la réunion des ministres européens de l’Agriculture, sur le potentiel risque d’insécurité alimentaire qui attend l’Europe. Pour combler le déficit de production agricole dû à la guerre en Ukraine, la Commission européenne accorde une dérogation temporaire, jusqu’en 2023, aux règles relatives à la rotation des cultures et au maintien d’éléments non productifs sur les terres arables.
La diminution des exportations de céréales et d’autres denrées alimentaires essentielles pousse les ministres de l’Agriculture européens à demander une exemption exceptionnelle à certaines exigences environnementales propres à la PAC. Celle-ci concerne notamment la rotation des cultures – consistant à faire pousser différents types de cultures à la suite dans la même zone – et l’utilisation des terres agricoles mises en jachère pour favoriser la biodiversité.
Dans le programme actuel, les agriculteurs disposant de terres cultivables qui dépassent 15 hectares doivent en consacrer au moins 5 % pour créer des zones laissées en jachère, ou contenant des haies et des arbres. Cette obligation passe à 4 % de terres en jachère pour les exploitations de moins de 10 hectares dans le prochain programme qui devrait entrer en vigueur à partir de 2023.
Utile de rappeler que ces pratiques bénéfiques pour la santé des sols, permettent aux agriculteurs de bénéficier de paiements directs verts dans le cadre de la PAC.
1,5 million d’hectares
La dérogation concerne près de 90 % des terres arables en Europe. D’après la Commission européenne, cette mesure d’exception maximisera la capacité de production de l’Union européenne pour les céréales destinées aux produits alimentaires. Cette exception à l’obligation de mise en jachère pour la campagne de 2023 devrait remettre en production « 1,5 million d’hectares par rapport à aujourd’hui », estime la Commission européenne.
Dans un contexte de réchauffement climatique, l’Union européenne semble jongler avec la durabilité à long terme et la production à court terme. Inquiètes, les associations environnementales rappellent que l’Europe ne peut pas se permettre de sacrifier l’environnement au nom de la sécurité alimentaire.